[AV/T] Hayasa Ryūmi

Une chambre d'hôpital, sombre. J'ai vécu aussi loin que je me souviens entre des murs blancs. L'odeur des désinfectants, le bruit des machineries... Maman est morte en me mettant au monde, papa m'aime très fort et viens me voir très souvent. Trop même, vilain ! Tu ne fais pas assez attention à ta santé. Que va-t-il arriver si toi aussi tu deviens malade ? Je serai très triste...

Ce soir encore, la porte s'ouvre très très tard, je reconnais la silhouette, je tends ma main vers elle avec un sourire fatigué, laissant apparaitre mon bras fin, famélique, blanc et parcoure de veines et un tuyau fin en plastique relié à une poche. Il vient de temps à autre, comme promis je garde le secret même si je n'aime pas le cacher à papa... J'ai l'impression de mentir, mais papy m'a dit que c'est très important, alors je fais comme il me l'a dit. Quand papa ou tonton parlent de papy, ils disent plein de choses méchantes, ils disent que c'est un vilain... Mais si c'était le cas, il ne viendrait pas n'est-ce pas ?

Moi je le trouve gentil, moins que Ryūzaburō, mais gentil. Cousin lui je l'aime très fort ! Presque autant que papa, quand il me caresse les cheveux, quand je vois son sourire, je me sens un peu mieux. Puis lui, il ne me fait pas de piqure, bon, papa non plus, mais voilà ! Les piqûres de papy...

"Cela ne te fera mal qu'un petit instant ma petite."
"Papy ?"

J'avais toujours un peu mal, mais celle-ci fut la pire de toutes. J'ai eu mal, j'ai craché du sang, j'ai eu des mouvements bizarres... Convulsée ? Finalement, papa est arrivé et a surpris papy, a force ça devait bien arriver... Ils se sont disputés, je crois, des sons forts, horrible, ce que je déteste les ... Puis papa est tombé, ce fut la dernière fois que...

Que...

Ce fut ma vie jusqu'à mes huit ans. Cousin Ryūzaburō est devenu mon frère, mon frère adoré et qui me chérissait et le fait encore, j'ai l'impression ? Et j'ai eu un autre papa, une maman, une famille. Je n'ai plus jamais vu papy depuis lors, étrangement, ma santé s'est beaucoup améliorée aussi. J'ai surpris les adultes en parler, cela aurait un rapport avec ce que faisait papy le soir, finalement, il était vraiment méchant.

Mais ce n'est pas grave puisque maintenant, tout va bien, ils me l'ont promis. Même si parfois, je me réveille en pleure et ne sueur, papa, maman ou grand-frère me calment, je me rendors... J'aime aussi très fort grande-soeur. Mais, je ne sais pas pourquoi, je crois que Ryūka m'aime moins par contre... Pourtant, j'ai tout essayé, lui donner des bonbons, lui prêter mes jouets, lui prendre la main, j'ai l'impression qu'à chaque pas que je fais vers elle, son coeur se ferme un peu plus, son sourire est un peu plus forcé. J'ai alors décidé de ne plus la coller, je reste près de Ryūzaburō plutôt. Il n'a pas cet air triste, celui de mon nouveau papa en me voyant, ça doit lui rappeler... Ce qu'il a perdu.

Je voulais que ma famille soit fière de moi, alors j'ai tout dit à grand-frère, je lui ai même donné les objets que parfois papy oublié derrière lui quand il entendait du bruit et partait vide. Apparemment, ça l'a bien aidé, mais aussi, c'est le premier à qui j'ai montré mon alter, avant je m'entraînais toute seule en secret. Mon premier papa n'aimait pas les "Alterés" même si étrangement il aimait beaucoup mon autre papa... Avec tous ces Papas, je m'embrouille.

Ils étaient fièrent en l'apprenant, j'étais encore faible, mais j'étais très bonne à l'école, sauf en sport bien sûr. Du coup, j'ai réussi en étudiants beaucoup à entrer à Yuei. Bon, avec un peu de retard, puisque j'ai subi toute une batterie de test médical avant de pouvoir y aller. Mais il vaut mieux tard que jamais.

La première année fut riche en découverte ! En surprises, bonnes comme mauvaises d'ailleurs. Mes premières rencontres, amis, mais aussi les premiers exercices, mais aussi et surtout devoir affronter l'inconnue et les horreurs résultant des catastrophes. Être un pilier gardant le sourire face aux scènes les plus dramatiques est encore un défi que je n'arrive pas à surmonter, mais en cette seconde année qui arrive, je jure de continuer à avancer sur le chemin qui me permettra d'être un pilier sur lequel les héros de demain pourront s'appuyer. Je suis une ingénieur de la section assistance et je suis fière de créer les outils de ceux qui feront briller l'espoir dans le cœur de chacun !

"Les enfants, vous êtes déjà en troisième, vous devez penser à votre avenir."

Un formulaire d'orientation est sur mon bureau, je le regarde avec un petit sourire. Je prends ma plus belle plume et écris ce que j'ai rêvé y mettre depuis près de huit années. Au début comme un rêve inaccessible, puis petit à petit comme une possibilité et enfin... Mais avec les temps sombres, il n'est pas bon de dire trop ouvertement vouloir aller à Yuei. Est-ce que personnellement j'en suis fière ? Totalement ! Mais ce n'est pas la vision de tout le monde.

Mon professeur me demande de venir lui parler après le cours, en bonne élève sage et bien éduquée, j'attends donc. Il lit et relit ma fiche, comme s'il s'attendait à ce que le résultat change d'un moment à l'autre. Suant à grosse goutte.

"Es-tu certaines de ton choix ? Avec ton physique, cela pourrait être plus que périlleux. Même les ingénieurs sont des cibles."

Il est sincèrement inquiet, pas seulement en tant que professeur, mais aussi en tant qu'adulte face à une adolescente. Il est typiquement ce que je souhaite aider à défendre, une personne honnête, avec de bonnes valeurs et qui pense à son prochain.

"Je rêve d'un monde ou la technologie sera accessible à tous et à toute. Pas seulement celle que l'on voit, mais les plus grandes réalisations présentes aujourd'hui et qui viendront demain. Pour cela, j'ai besoin d'étudier ce qu'il y a de meilleur et Yuei est justement ce qu'il me faut pour cela."

Par la suite, il tentera en vain de me faire changer d'avis. Mais Yuei est ma voie, je le sais depuis que j'ai une nouvelle famille. Je veux marcher dans les pas de grand-frère, je veux rendre fiers mes parents, éventuellement rendre hommage à celle de ceux qui nous ont quittés trop tôt. Je ne veux pas attendre que d'autres agissent, je vais mette ma pierre, aussi petite soit-elle, dans l'édifice. Peut-être que c'est de l'orgueil, mais dans ce cas, le temps me le dira.

"Sans maîtrise, la puissance n'est rien."

Comme cela avait été dit par papa, je pensais que c'était de sages paroles, que cela venait d'une personne qui l'est tout autant. En fait, il l'avait entendu dans un spot publicitaire pour une marque de pneumatique. Étrangement, même en sachant cela, ça n'a pas changé l'impact que celle-ci a eu sur mon esprit. Comme cela ne chance pas ce que je pense de ceux qui ont des capacités.

"Que pensez-vous des Alters ?"
"Que pensez-vous des armes à feu ? Des tronçonnes ou des grues de chantier ?"

Je ressens une pointe de perplexité dans le regard de mon interlocuteur, puis rapidement, elle a un petit sourire. Le cheminement a été rapide, moi qui est eu peur d'être plus ironique que subtile...

"Je comprends."
"Je ne voulais pas vous manquer de respect madame... Désolé."
"Je ne vais pas me formaliser pour si peu."
"Un alter n'est ni bon, ni mauvais, ce sont des outils. Certains s'en servent pour de nobles causes, d'autre pour des buts plus personnels ou égoïstes."

Elle roule des yeux, semblant me signaler indirectement qu'elle n'avait pas besoin que je sois plus précise que je ne l'ai été de base. C'est surtout que je ne souhaitais pas répondre à côté, mais surtout avoir l'impression de la prendre de haut. Elle est adulte, elle est plus expérimentée et jamais je ne négligerai cette vérité.

"Et le vôtre ?"
"C'est un outil, un appui, rien de plus ou de moins."

S'il convient à la vie que je souhaite mener, alors je l'utiliserai. Je ne vais pas tordre ma voie pour l'adapter, si je ne peux pas l'utiliserai alors je ferais la même chose qu'avec un outil qui ne convient pas... Le mettre au placard et en trouver un plus adapté. Puisqu'on ne peut changer d'Alter, je comblerai mes besoins par la science.

"Vous pouvez y aller, revenez la semaine prochaine à la même heure."
"Merci Madame."

Une révérence, bien basse et longue, elle me fait un signe rapide de m'en aller avec un petit "ouste" certainement gênée par mon excès de politesse.

Levée à l'aube, le sommeil est une perte de temps et j'ai déjà perdu huit années... Je me limite donc au strict minimum pour être en forme. Comme tous les matins, mon premier réflexe est de mettre le drôle de dispositif autour de mes oreilles et me donnant une drôle d'allure. À force, je l'aime bien et c'est vrai que c'est mignon. Forcement, puisque le design a été choisi par mon père, c'est un petit plus. Sans celui-ci, je suis à la merci des agressions extérieures, je suis très, trop sensibles aux sons forts, principalement aiguës et j'ai déjà eu plus d'une fois des saignements ou des évanouissements sans eux. C'est un peu le gardien fidèle de mes tympans en plus ils ont une fonction écouteur wifi, que je désactive bien entendu quand j'entre en classe.

Je vais faire ma toilette, une fois propre et fraiche, car, l'hygiène c'est sacré pour une vie saine et équilibrée ! Je vais prendre une collation. Vu ma constitution, je peux largement me permettre un ou deux encas par jour, je suis loin de présenter des rondeurs interdisant d'alimenter mon cerveau avec du sucre.

Une fois prête, je me rends dans la salle de classe, en avance. Je ne suis pas la seule ainsi, je vois quelques personnes, beaucoup de têtes inconnues cette année. J'ai du mal à aller vers les autres, mais heureusement pour moins, l'inverse n'est pas vrai. Moins d'un quart d'heure après, je sens une tape dans le dos qui me sort d'une lecture. Je regarde un grand baraqué dont l'uniforme a du mal à contenir la musculature proéminente. Il rivalise en taille et en envergure avec un adulte et pourtant, il a pratiquement mon âge. Il me sourit amicalement, derrière lui, une autre demoiselle aux culs-de-bouteille, les cheveux noirs lisses et cours et les mains jointes devant elle. Yamamoto et Suzuki, je ne suis pas encore suffisamment proche d'eux pour employer leurs prénoms, ce serait irrespectueux et tellement familier. On discute un peu, à voix basse, du dernier article dans un grand hebdomadaire dédier aux sciences.

Finalement, l'heure du début de la journée à huit heures vingt. On s'assure à petite course d'arriver à l'heure à l'amphithéâtre pour la réunion du jour. On écoute ce que la proviseur, les professeurs principaux ont à dire, avant de partir pour le premier cours. Nous enchaînons les cours de Physique-Chimie et "Conception et design". La journée est instructive, mais mentalement éprouvante. Tellement de choses à comprendre, apprendre, mémoriser. Heureusement, même si je ne suis pas sûr que ce soit bon par rapport au règlement ? Tanaka, qui a déjà un surnom d'ailleurs Datashield. Oui donc, elle a réussi à avoir un dictaphone numérique sur elle. Du coup, on se réunit généralement le soir pour prendre des notes, faire des arrêts et discuter des points les plus importants entre nous. Je ne sais pas si c'est réellement bien, mais cela doit être au moins toléré puisqu'on a déjà étés surpris par un professeur et il nous a fait un pouce relevé plutôt que de nous faire une remontrance ? Je demanderai à Matsumoto après le cours. Pourquoi me priver d'un outil qui pourrait m'aider tout au long de ma scolarité si je peux m'en procurer ou m'en fabrique un ?

L'heure du repas, on se regroupe tous les quatre. Aujourd'hui pourtant, quelque chose de nouveau se produit. Takahashi vient à notre rencontre, pas qu'il soit réservé, ni exubérant, il est très moyen en fait. Le parfait figurant dans un manga en fait... Pourtant, aujourd'hui, il sort de l'ombre, viens nous voir et c'est pour une excellente raison. Le club de robotique de Yuei va faire une présentation d'ici peu et ils cherchent des personnes pour y assister. Pas seulement en tant que spectateur, mais aussi pour les aider en débâtant et leur dernière création dont ils sont très fiers. On se met rapidement d'accord, personnellement je n'ai pas encore rejoint de club cette année et celui dont je faisais partie l'année dernière a fermé, j'irai donc avec plaisir. Tanaka est trop "libre" pour aller dans un club, néanmoins sa curiosité est touchée et elle viendra jeter un oeil. Yamamoto prépare une compétition, donc ce n'est pas possible et Suzuki va voir avec son propre club.

Enfin soit, le repas passe, l'après-midi, l'une des pires... Histoire-Géographie, les trois heures d'affilée, au secours ! Mon cerveau va vomir des données si ça continue. S'il pouvait régurgiter, ce serait un véritable carnage. J'ai du mal à tenir éveillé et heureusement, je profite de la pause pour grignoter en douce deux barres au chocolat. Viens naturellement l'heure du nettoyage, ce n'est pas mon tour, mais j'aide un peu puisque Suzuki y est elle.

L'heure de club arrive, je passe une heure avec Tanaka à discuter des cours comme d'habitude, puis, curieuse, me présente au club de robotique. Finalement, je le rejoindrai plus vite que je ne pouvais l'imaginer.

Une journée amusante malgré tout, épuisante, mais constructive. Mon cerveau se développe encore, je fais un pas de plus vers ma carrière, vers de futures belles créations !