asphyxia (eiki)

(physique) Tu ne revendiques aucune splendeur, aucune élégance quelconque. Tu n'es qu'un garçon comme un autre à tes yeux, une vulgaire tignasse brune sur mieux, toujours en pagaille malgré quelques efforts vains. Des yeux sombres, noisette, qui se confondent avec ta chevelure. Rien de très exotiques à tes yeux, rien d'impressionnant. Une carrure commune, tu es heureux du haut de ton mètre septante, de tes septante kilogrammes, tu ne désires pas plus. Pourtant, sous les longues manches et les tee-shirt, ainsi que chemise, légèrement trop large que tu portes en permanence, tu caches un corps marqué par ton quotidien. Kenpō, kenjutsu, iaidō, kyudo, jujitsu, judo et aïkido ont longtemps fait partie de ton quotidien, ils ont développé tes épaules solides, ils ont affinés cette musculature délicate que tu sembles cacher honteusement. Pourtant, ce n'est pas cela ton secret, mais ce sont bien les bleus laissés par ces bokken que tu côtoies au quotidien, l'exigence d'un homme glacial. Un secret à l'origine de bien des complexes.

Tandis que chacune de tes tenues ne revendiquent aucune excentricité, tu t'habilles simplement, tee-shirt, chemise et jeans, sans fantaisie, tu te mêles parfaitement à la masse. Discret, c'est ce que tu es, tu ne cherches pas les regards d'autrui, tu ne cherches qu'un seul regard, la reconnaissance d'un seul homme. Bien conscient que ce n'est pas sur le physique qu'il te jugera, que tu t'accompliras, depuis longtemps tu n'y portes pas réellement d'intérêt, bien souvent tu ne portes que l'uniforme de Yuei, que ce soit au sein de l'établissement ou hors de ces murs.

(caractère) Garçon paisible, c'est ainsi qu'on t'a toujours décrit, c'est ce qui te définit. Raisonnable, un regard toujours calme dans de nombreuses situations, tu as rapidement acquis cette sérénité qui forge le samouraï. C'est dans cet esprit que tu as été élevé, dans ce désir de l'excellence, vertu que tu ne partages pas autant, toi, égoïstement tu ne cherches que son attention, celle d'un père distant, d'un homme lointain. Au fond, tu restes un éternel gamin, sous le silence qu'on t'impose, sous cette réalité qui te pèse, tu rêves d'un monde meilleur, d'un monde juste. Sous cet éternel hiver qui semble habité ton coeur, tu rêves de ces flammes réconfortantes, de la douceur du printemps, cette passion que tu admires tant. Éternel éprit d'une justice parfois cruelle, tu désires laisser une trace derrière toi, être juste, égoïstement, tu as peur de disparaître dans le silence. Bien que tu n'en as pas la carrure, tu aimerais briller, te libérer des chaînes du devoir, de chacune de ses exigences, tu aimerais voler de tes propres ailes. Au final, tu n'es qu'un égoïste, gamin capricieux débordant de désir, de rêve, le péché fait partie de toi, tout comme pour n'importe qui. Mais qu'importe la souillure de ce monde, il reste magnifique. Il mérite qu'on se batte pour lui, c'est ta philosophie, celle qui te pousse à aller de l'avant au quotidien.

Gamin sans histoire, poussant son premier cri à Odawara, au coeur même du domaine de son clan. Héritier d'uns histoire lointaine, dès tes premiers pas tremblant sur cette terre, tu fus soumis à la rigueur des Go-Hōjō, fils unique d'une lointaine lignée de seigneurs et de guerrier, c'est à tes cinq ans que tu lèves pour la première fois cet outil de bambou, un bokken, qui deviendrait ta seule arme durant de nombreuses années. Rapidement, on t'enseigne l'honneur du samouraï sous de nombreux aspects, c'est avec fierté que tu écoutes ces enseignements, encore trop innocent pour prendre conscience du poids de chacun de ses mots. C'est ce qui inspire ton idéal, c'est la source de ce rêve dont tu ne parvins plus à te décrocher aujourd'hui, ce sont ces paroles qui guident chacun de tes pas. Pourtant, le monde est bien cruel, bien plus que tu l'aurais souhaité. Une innocence rapidement bafoué par la colère, par ce visage meurtri. Excès de violence futile, vulgaire bagarre qui s'enclenche, ta première défaite, alors que tu n'es encore qu'écolier, alors que tu ne voulais qu'agir avec honneur. Déclaration de guerre futile, enfantine, les défaites s'enchaînent, tu t'accroches ridiculement a ces idéaux alors que ton adversaire fait recours à des coups bas, vicieux. Gamin ébranlé, le visage en sang, ce camarade, cette rage qui le tient aux tripes, il te marqua à jamais, alors qu'il n'était qu'un idiot, tout comme toi. Sans comprendre, tu découvres le monde tel qu'il est réellement, tu perçois le véritable visage de ceux qui t'entourent, sans parvenir à définir ce qui les habites, sans voir plus loin que le bout de ton nez.

Pourtant, t'es un gamin plutôt brillant, toujours en recherche de l'excellence. Fièrement, tu tends tes notes à ce père au regard lointain, au visage rude et il sourit, très légèrement, avant d'en exiger plus. Toujours plus, les années passent, il devient de plus en plus rude, toujours plus exigeant. Au fond, tu n'en as jamais douté, il ne souhaite pour toi que ce qu'il n'a jamais pu concrétiser, il rêve à travers toi. Pourtant, cette pensée ne parvint pas à consoler le jeune adolescent, l'enfant qui ne désire que ressentir la chaleur d'un père aimant. Non, plus tu avances, plus tu constates que ce monde est souillé, loin d'être noir et blanc, tu vois en chaque être humain une infinité de nuance de gris qui t'attristent. Sous certains sourires, se lit une certaine tristesse, tu observes des cœurs se déchirer, puis se retrouver, sans trop comprendre, tu envies ces amants qui se blessent, ces passionnés qui hurlent leur ardeur, leur désir de vivre. Toi, qui te prive de tout ça, toi qui ne vit qu'à travers le devoir, la fierté d'un homme obscur, lointain, tu désires ardemment ressentir ce qu'eux ressentent, tu désires aussi laisser les flammes t'emporter. Frustration et mélancolie s'entremêlent, dans un cocktail glacé, t'éloignant un petit peu plus de ce monde que tu ne parvins pas à considérer comme le tien. Ce monde où tu ne trouves pas ta place.

Puis vient Yuei, concrétisation d'un idéal intact. Incarnation d'un rêve si commun, ce désir de justice, comme toute ta génération, tu t'es laissé inspirer par ceux dont on clame les noms aujourd'hui. Tu souhaites à ton tour devenir un modèle, inspirer d'autres personnes, ainsi tu rêves de voir son visage s'illuminer à nouveau, tu espères pouvoir le voir sourire une nouvelle fois, comme par le passé. Pourtant, tu n'as pas les épaules pour, tu le découvres que bien trop tard... Cette carapace glaciale t'a bien trop éloigné de ce monde que tu envies tellement, tu es incapable d'inspirer autrui, tu n'es pas à l'image de ces héros. Tu n'es bon qu'à tenir un sabre, ou un arc, tu n'es pas une image qu'on présente au monde, tu es trop à vif pour, tu étouffes ce mal si puéril, ces tourments adolescents sous ton éternel carapace. Tu ne sais pas vivre, pas assez pour être un modèle. Tu es une ombre, tu le découvres au sein même de cet établissement qui forme les héros de demain, tu fais partie de ceux qui accomplissent leur devoir, sans désirer être sous les feux de la rampe, tu es bien différent de ce que tu aspirais, mais qu'importe, tes idéaux restent intact, inébranlable, la sincérité d'un cœur ardent vivant sous un hiver éternel, patiemment, tu attends ce printemps qui te libérera des chaînes qui te retiennent. Et sans un mot, tu continues à observer ce monde, ce monde magnifique malgré ses souillures, cette chose que tu as choisie de protéger, à n'importe quel prix.