[AV/T] L'expatrié.

Il n'est pas de plus profonde satisfaction que celle d'avoir réussi à entuber une nation entière. Plus que de la réelle approbation de son passé, Arka est coincé dans une doctrine fataliste, sachant très bien qu'il peut mener sa vie de la façon dont il le souhaite sans jamais à regretter quoique ce soit. Tout ce qui existe, est et sera est lié à un destin immuable sur lequel seules les personnalités les plus entreprenantes peuvent disposer d'un pouvoir décisionnel. Une mixture parfaite entre la puissance brute et la volonté de modifier et de parfaire le cours du temps. Finalement, ce n'est pas en soi la satisfaction procurée qui importe, mais bel et bien le fait même d'avoir apporté une pierre à l'édifice, l'avoir saisit bien en main avant de l'utiliser pour en frapper les fondations. L'imprévisibilité, couplée à la détermination de semer des graines aléatoires en plein centre de chaque sentier de destinée croisé, de chaque rencontre humaine. Tel est l'avis d'Arka, il a fait ce que l'inéluctable avait prévu pour lui, tout en s’affairant à constamment essayer d'en contrecarrer les plans et le pousser à bout. Il n'y a pas plus de fierté qu'un certain stoïcisme dans sa façon de repenser à ce qu'il a vécu, il est indifférent à ce qu'il a tout ses souvenirs, mais tout de même emplis d'un certain bonheur intérieur, une satisfaction forgée qu'il lui est presque impossible d'extérioriser.

Surprendre, gêner et faire dévier de sa voix chaque chemin de destinée qu'il lui est donné de croiser. Parcourir le monde, en découvrir les facettes les plus sombres pour s'en forger une expérience en conséquence. S'il est sûr qu'Arka n'a pas de réel but dans la vie... Il est dicté par un train de vie assez aléatoire basé sur l'empirisme et le chaos. En d'autres termes, apprendre de ce qu'il observe et vie dans l'ombre, silencieux mais toujours prêt à surgir, patientant paisiblement jusqu'à ce que le jour J arrive, celui lors duquel il se sentira assez renseigné et expérimenté pour perturber la phase du temps à nouveau, la date à laquelle il mettra le pays en face de l'Imprévisible en personne. Si la Russie n'était qu'un coup d'essai, Arka a loupé son coup, se mettant à dos les autorités du pays avant de le fuir dans la plus grande des discrétions. Dorénavant, il se prépare à retenter le coup du millénaire, au Japon, pays assez divergent de sa nation natale pour qu'il ait assez de temps devant lui pour se mettre à l'oeuvre. Sa devise : « Le Jour viendra. ».

Les alters sont une plaie purulente pour le monde, un pas de plus vers la déchéance et la fin d'une ère, mais plus que ses points négatifs multiples, ils sont les pièces maîtresses de la plus grande imprévisibilité fondée par la nature. C'est comme d'un sentiment d'inspiration et d'admiration qu'Arka voit l'arrivée des alters, prêt à en utiliser tout le potentiel aléatoire pour s'en servir d'un outil supplémentaire et aller à l'encontre du destin, il  lutte perpétuellement contre sa haine conceptuelle liée à la peur de l'inconnue en la transformant en un moteur supplémentaire servant à alimenter les tâches multiples de ses projets futurs. Plus spécifiquement, le russkov ne craint qu'une seule chose : Son Alter. Conscient des risques liés à celui-ci, Arka voit sa capacité comme une puissance incontrôlable n'étant qu'un raccourcis frauduleux vers l'aboutissement de l'imprévisibilité, un moyen fallacieux de se débarrasser des problèmes, les laissant simplement se faire emporter dans le tonnerre de la facilité.

L'ombre de la nuit, c'est ainsi qu'ils l'appelaient, cette lumière dansante connue de la majorité des natifs des grandes villes. Ayant bercé ler enfance lors des nuits les plus calmes, cette lueur artificielle des rares pharas de voitures s'aventurant dans les rues, calquant les formes mouvantes des fenêtres sur un plafond éclairé, transformé en un théatre d'images captivantes dans l'esprit de chaque enfant frappé par cette beauté. Pourquoi pensait-il à tout ça ? Surtout en cet instant...

Arka était perdu dans ses pensées, repensant à la nuit qu'il venait de vivre, celle qui allait marquer un tournant décisif dans sa vie de tueur à gages.

Toujours habitué à vivre grassement à l'aide des besognes les plus abjectes et éloignées de la morale chrétienne qui berçait jadis la culture russe, son bout de pain... Il avait toujours su le mériter, sans jamais se résoudre à voler, préférant user de la monnaie de sa propre bourse, quelle que soit la façon dont elle eut pu être gagnée. Une semaine plus tôt, c'était un sénateur qui était venu alimenter les flots de billets couvrant le sol de l'appartement en désordre d'Arkadiy... deux balles avaient suffit avant que celui-ci ne se résolve à implorer le pardon à genoux, prétextant même avoir des enfants et une famille à nourrir. Bien heureusement, la clémence avait été de mise ce jour-là, car ça aurait pu être non pas une victime, mais bien cinq que le tueur à gages aurait pu faire, seulement... Les excès de zèle étaient bien loin de sa manière de voir les choses. Ses clients avaient payé pour un assassinat, il aurait bien le temps de leur faire remarquer que la cible avait une famille, une bonne raison de se saisir d'un tout nouveau contrat... Efficacité, prévisions et rentabilité. Le destin était bien utile dans certains cas.

Seulement, Arka vit son attention rapidement dirigée en direction de l'extérieure, sans prendre la peine de se risquer à regarder par la fenêtre, il sentait que quelque chose ne tournait pas net ce soir. Les lumières dansants si attrayantes avaient toujours su créer la mélodie idéale, le bercer en faisant naître en lui la musicalité d'un aboutissement de fatigue et d'imagination enfantine. Ce soir, et ce depuis moins d'une minute, les lumières ne valsaient plus. Elles s'étaient arrêtées. Fixant la direction de la fenêtre du septième étage où se trouvait l'appartement du tueur, une dizaine, peut-être douze s'il avait  été utile de les compter, de lueurs variant entre le jaune et le turquoise scrutaient le plafond de la chambre, tentant de faire apparaître quelques traits reconnaissables ou informations visuelles utiles.

Caché, Arka réfléchissait. Il avait merdé quelque part, c'était sûr... Mais où ? Le sénateur ? Non, il avait bien prit soin de désactiver les caméras, les micros, rien ! Il n'y avait rien !... Et pourtant, ils étaient là.

En un instant, se fut un bruit roque qui se mit à retentir avant de résonner à l'intérieur de la cage d'escalier de l'immeuble, s’immisçant au sein des couloirs avant ça calmes. Ce n'était pas une simple visite. Il s'agissait d'un assaut. Le tueur à gages avait failli quelque part et maintenant, il était encerclé.

« Есть кто-нибудь? Это полиция, открытая!  »
(Il y a quelqu'un ? C'est la police, ouvrez !)

Après quelques secondes sans réponses, se fut d'autres bruits sourds qui se mirent à semer un vacarme devant la porte d'entrée alors qu'un bélier portatif se mettait à assaillir le blindage d'ébénisterie renforcée. Si la serrure était parée à toutes éventualité, le bois même de la porte semblait déjà commencer à céder sous le choc des assauts répétés.

Immobile, Arkadiy observait les étoiles. A défaut d'avoir la joie de pouvoir contempler le balais dansant du plafond maintenant maquillé par la puissance lumineuse des torches  l'assaillant, le tueur se contentait d'une beauté naturelle. Ce soir-ci, la voûte étoilée revêtait sa plus belle robe de soirée. Pas un nuage, pas un trait de pollution, pas un satellite pour venir perturber les lueurs de Dame Nature.  Ou bien était-ce son cerveau lui jouait des tours ?

Mais alors qu'il clignait des yeux, le temps sembla s'arrêter.. Un événement rare venait de se produire. Ses yeux scintillaient d'une lumière turquoise semblable à celle des torches agressives qu'il avait eu plus tôt le loisir d'observer avant de détourner complètement le regard de son péché mignon enfantin. Un nuage venait d'apparaître, seul dans le ciel, comme venant de se créer de lui-même, en un quart de seconde ?

Dans un fracas, la porte d'entrée se mit finalement à céder, laissant résonner les pas multiples de l'assaut des forces spéciales présentes en ce soir étoilé.

Arka se laissait emporter. Il savait que le destin avait encore quelque chose pour lui, que tout ce passé, ce cheminement, ce sentier de destinée emprunté... Il était encore loin d'en voir le bout... A vrai dire, son histoire ne faisait que démarrer. Et alors que trois hommes se mirent derrière lui, pointant leurs fusils dans la direction du fugitif, celui-ci se mit à lentement tourner la tête vers eux, laissant apparaître ce regard bleuté scintillant d'électricité. Après son regard, ce fut son corps entier qui se mit à crépiter avec force, laissant échapper quelques éclairs violents qui partirent heurter divers éléments du mobilier. D'abord, une lampe, puis, un classeur de feuilles et finalement, le plafond lui-même, celui qu'il avait toujours tant chéri. Mais alors que l'unique nuage semblait ne pas être apparu pour rien, celui-ci se mit à son tour à se colorer, s'accordant à la palette bleutée d'Arkadiy.

En un instant, ce fut le tonnerre qui frappa, éclairant la totalité de la chambre pour aller éjecter les membres de l'escouade sur de nombreux mètres, les faisant traverser les fins murs de ciment pour allaer se perdre au beau milieu d'un chaos électrique remodelant les lieux dans leur entièreté.

La puissance de la foudre qui entourait Arka se mit alors à le soulever par la simple force de poussée de l’élément, pour aller charger une immense quantité foudroyante  se préparant à charger un ultime coup en direction du sol.

Un Bruit. Un choc foudroyant. Puis un envol.

Le tueur de l’imprévisible fusait maintenant en direction du ciel, prêt à parcourir de nombreux kilomètres au hasard, ne sachant pas où il finirait par atterrir, ni même s'il y survivrait.

Apprendre et progresser. Il n'existe de véritable autre idéal à suivre pour atteindre le sommum de l'imprévisible. Il lui faut être prêt... Et pour ça, le sort des autres lui importe peu. A vrai dire, il s'en fout complètement, chaque personne fait ce qui lui chante tout simplement, chacune de leurs actions étant déjà écrite par le destin et dictée dans le grand livre du sentier de la destinée. Face à un crime, et s'il n'a rien à voir avec la personne prenant part au crime ou en étant la victime, Arka daigne leur accorder de multiples regards pour sefaire une idée de la situation, mais dans le manque d'intérêt, il n'aiderait aucun des deux camps. Dans le cas contraire, s'il a quelque chose à y gagner, le tueur à gages sera prêt à aider le plus offrant et surtout le plus rentable sur le long terme, préférant toujours l'expérience à la richesse.

Se préparer pour se faire bonne impression. Il n'est d'autre préoccupation pour le russe que lui même. C'est pourquoi il va prendre le temps qu'il faut pour vivre d'une hygiène irréprochable, meilleur moyen de s'éloigner  le plus possible de la maladie et des quelques saloperies qu'il pourrait attraper et qui n'auraient pour simple but que de l'affaiblir. Au réveil, Arka se prépare au mieux pour rester le plus propre et présentable possible. La propreté étant un principe, la présentation un moyen d'être à peu près sûr que sa propreté est respectée. Malgré tout, le russkov n'aime pas perdre son temps et c'est dans l'efficacité et la rentabilité la plus totale qu'il va prendre soin de lui. Ceci fait, le temps étant le moteur même de l'empirisme, Arka n'aime pas les loisirs, ni même tout ce qui peut toucher à l'amusement pur sans aucun accomplissement derrière. S'il doit faire quelque chose de sa journée, c'est continuer de poursuivre ses projets et de saisir la meilleure chance d'atteindre son but ultime, l'imprévisible. Premier lieu de rencontre, le bar, plus encore, les cachettes armées et autres lieux de ventes frauduleuses d'armes, le meilleur endroit pour faire valoir ses capacités d'assassinat et se faire une renommée souterraine. Pour réaliser ses projets, il faut bien avoir de l'argent pour aider à les réaliser... Et c'est à ça que son travail de tueur à gages sert. D'autant qu'à se faire une nom pour un potentiel recrutement dans une organisation secrète à succès.