[AV/T - HA] Wakiya Seishiro.

J'aime voir les choses sous un angle bien particulier, j'ai vécu deux fois. Comme pour le sexe, la seconde fois fut bien plus jouissive que la première.

Depuis tout petit, depuis que je suis sorti des cuisses de ma mère, qui était d'ailleurs la seule personne à me témoigner un semblant d'affection, je me suis fais victimiser. Il faut dire qu'on part pas avec un avantage amour réciproque quand on se trouve être le bâtard de la famille, le petit gars qui a la même génitrice que ses frères et sœurs, mais pas le père. Oui, maman a fait des infidélités, probablement qu'elle était beaucoup trop bouillonnante pour se contenter de se faire bourrer par un seul guignol. Les histoires de cul, ça apporte jamais rien de bon dans un foyer. Eux, ils se sont pas séparé, mais on m'a toujours fais payer sévère les égarements sexuels de ma chaudière de mère, et ça a pas été une partie de plaisir tous les jours.

Humilié au matin, insulté l'après-midi, tabassé le soir. Carton plein, emballé c'est pesé, y'avait plus qu'à filer se terrer dans son pieu et y chialer pour le reste de la nuit. Forcément, quand on est  traité comme une véritable merde à la maison, qu'on rase les murs et se planque dans le noir à longueur de temps, c'est pas bien mieux en dehors.

Victime un jour, victime toujours. Souffre douleur de mes camarades, moqueries, chamailleries, passage à tabac, se faire voler toutes ses affaires, ses fringues. Finir dans les poubelles du coin, la tête dans les chiottes, me faire avaler de force toute sorte de conneries, un nez cassé à de nombreuses reprises, des bleus légion. Au bout d'une quinzaine d'années, trembler comme une feuille morte était mon second prénom. Le premier étant victime.Bousillé dans la tête, à deux doigts de lâcher totalement prise avec ce monde abominable qui ne voulait pas de moi et faisait tout pour me le démontrer. J'ai reçu le coup de grâce au milieu de la quinzième année, quand maman est morte d'un cancer.

Je lui ai en ai voulu comme jamais, et je continuerai toujours de lui en vouloir pour m'avoir abandonné. D'autant qu'en mourant, elle me jetait littéralement dans la fosse aux lions. N'étant plus là pour atténuer mon calvaire,  le déchaînement de violence grimpa de deux crans supplémentaires. Ils m'arrachèrent également à la vie normale, m'interdisant de retourner à l'école et me forçant à mettre les deux pieds dans les activités illégales de la famille. Vente de stupéfiants, tout bonnement. Ils possédaient un petit réseau dans le quartier qui tournait pas trop mal, ils manquaient de bras pour faire la distribution.

Ça aura duré cinq ans de plus, avant une lueur d'espoir, très maigre et aussi brève que inattendue. Descente de flics dans la baraque, la famille venait de se faire balancer et tout le monde allait tomber. Heureusement, j'étais sur une livraison à ce moment-là. Eh, pour une fois qu'ils me sauvent les miches au lieu de les latter. Quand j'ai appris ça, j'ai cru que ma vie allait changer, que j'allais enfin devenir quelqu'un. Vingt années à me faire bouffer la gueule, tabasser, rabaissé, humilié, à servir de pétasse à un e bande de clochards drogués, j'étais enfin libre. En liberté certes, mais recherché. Balancé aussi comme les autres, on me cherchait pour ma participation dans tout le trafique.

Cheh. J'allais devoir rester dans l'illégalité.  

La vérité, c'est que je m'en suis pas mieux tiré tout seul. Quand toute ta vie t'as été conditionné à servir de lopette, t'en restes une. La pouffiasse que je suis a donc seulement trouvé un autre bâtard pour l'utiliser et lui faire faire le sale job. Or celui-là partait dans un autre délire, du plus sérieux et plus dangereux aussi, et ça m'est retombé sur la gueule quand ça a mal tourné. Des types sont venus me chopper et j'ai pris la plus grosse raclée de ma vie, et pourtant dieu sait que je m'y connais dans le domaine.

J'allais donc crever comme une chiasse, de la même façon que j'avais vécu, en me faisant dézinguer la fiole.

Les gens parlent des derniers instants avant de caner, qu'on se voit sur notre lit de mort, pendant qu'on flotte dans les air, genre comme un esprit. C'est exactement ce qui m'est arrivé. Et pendant que j'étais là, à contempler ma vieille carcasse agonisante dans une chambre d’hôpital minable, il s'est pointé. Un type bizarre, avec un vieux sourire sadique sur la gueule, le regard illuminé de folie et une aura agressive transpirant de lui. Malgré que je l'avais jamais vu, j'ai tout de suite eu l'impression de le connaître, comme si on se connaissait depuis toujours. Et c'était un peu le cas, il s'agissait de la conscience de mon alter.

Alter, ce truc qu'on m'a appris dès mon plus jeune âge à ne surtout pas développer, ni même essayer de développer ses capacités. En gros, l'ignorer, ne pas y toucher, sinon tu vas manger tes dents. J'ai essayé au début, j'ai rapidement regretté et abandonné. Allant jusqu'à effacer son existence de mon esprit. Aussi, l'esprit de la bête, refoulé et se sentant abandonné, s'est contenté de pioncer jusqu'à aujourd'hui. Il attendait que je me réveille, que je sorte de ma pathétique petite existence. Faut croire que ça aura pas très bien marché comme plan. Maintenant que j'étais à deux doigts de crever, c'était le moment de m'approcher.

Et de me faire prendre conscience à quel point j'ai été une vraie lopette depuis tout ce temps. Je suis resté deux mois et une semaine dans le coma, alors on a eu le temps de causer, Mad Cat et moi. A mon réveil, aussi bien physique que psychologique, c'était un tout autre Seishiro qui reprenait vie.

J'allais devenir le plus gros enfoiré sur terre.

Niveau séquelle psychologique, vous vous doutez qu'un temps aussi long dans le coma laisse des traces. Toute cette folie dans mon esprit, elle vient de la. Et de mes traumatismes suite à ma première vie, aussi. Le mix donne un cocktail explosif.  Violent, égoïste, sadique, masochiste, perturbé, imprévisible. Une nouvelle version de moi.

Et je m'éclate bien plus maintenant !

Je rêve de voir le monde brûler, réduit à l'état de cendres sur lesquelles je pisserai, avant de me tirer une balle qui me fera exploser la caboche et répandra ma cervelle partout autour de mon cadavre. Je rêve aussi de fourrer la petite brunette que j'ai croisé l'autre soir en allant m'acheter une bière, et sur laquelle je me suis astiqué le manche en m'imaginant des trucs sales que je lui faisais. Je rêve de bouffer un énorme fondant au chocolat nappé de nutella, et d'aller le vomir sur le resto' qui m'a recalé l'autre coup quand j'ai voulu aller bouffer chez eux. Ils acceptent que ceux qui ont les moyens de payer, qu'il m'a dit ce bâtard de gérant. Mec, j'ai les moyens, c'est juste que j'en avais pas envie. On veut de la bouffe gratos bordel. Ah, je rêve aussi de me déguiser en chauve-souris et d'aller sauver les honnêtes gens qui se font agresser la nuit par les sales types. Je rêve de traverser le fleuve sumida à la nage, entièrement nu. Je rêve de savoir jouer correctement à un jeu vidéo sans passer pour un gros mongole qui pige rien.

Je rêve de beaucoup de choses, en gros.

Et des idéaux, je sais pas ce que ça veut dire... utilisez des mots simples putain.

Bah, je peux pas dire que j'aime pas ça, ni que je déteste ça. C'est un truc particulier quand même, surtout vu l'espèce de folle bestiole qui habite à l'intérieur. Avoir un gros matou assoiffé de sang dans le bide, ça fait bizarre. Surtout quand il pionce pas, c'est là que ça devient chiant. Il veut les commandes, et moi j'ai décidé de les lâcher à personne sans mon accord, et lui il force. J'crois qu'il peut pas me blairer au final, ou alors c'est juste qu'un vieux râleur casse-couilles. Moi je me sers de sa force quand nécessaire et si ça craint vraiment trop, je le laisse se déchaîner. Là-dessus j'ai pas à me plaindre, il fait le taff le gaillard. Quand il débarque, ça rigole plus. Je me suis toujours demandé comment réagissaient les flics qui passaient derrière nous. 'Doit être fendard.

Ah, et pour les autres glands avec des pouvoirs, pour tout vous dire j'en ai un peu rien à foutre de leur gueule. Mais c'est cool, ça crée des occasions de jouer un peu quand on se fait chier./div>

Je me souviens de cette fois si spéciale où j'ai mangé un délicieux biscuit étranger, du genre americano, composé d'une base de crème écrasée par deux biscuits de chocolat.  Je me souviens du type qui me l'avait filé, un gars à la gueule d'ange, la chevelure dorée et longue comme une pouffiasse, et surtout un accent de dingue. J'ai rien compris à ce qu'il me chiait l'enfoiré, mais j'ai pris le biscuit qu'il me tendait en baragouinant dans sa langue, et je l'ai englouti. Je suis un crève la dalle moi, tu me fous pas de la bouffe sous le nez sans t'attendre à le perdre. Quand j'ai faim, je me sers. Wowen wichon, wisson, wiffon, ou une autre merde du genre qu'il devait s'appeler, vu qu'il crachait ses deux mots sans arrêt en se montrant du doigt et me me mirant comme un débile, comme s'il attendait une réponse. Je lui ai pas lâché un mot, eh, je cause pas aux tocards.

Je me suis cassé, Mais il m'a retenu par le bras.  Eh, il a une sacrée paires de couilles le gaillard, oser m'attraper par le bras comme ça. Je lui ai pas laissé le temps de l'ouvrir que je lui claqué mon front dans l'arrête du nez et ça a fait mouche. Et crac, aussi. Wowen mes burnes s'est foutu à pisser le sang, à hurler de douleur tout en cherchant à foutre ses mains sur le point de sortie du sang.  M'a bien fait marrer, alors j'ai r'gardé. On est venu l'asseoir pour tenter de calmer tout ça. Je suis allé jusqu'à la table où il buvait son café avant tout ça, lui ai chourrave son paquet de biscuits et me suis réellement taillé cette fois. Quelle erreur j'ai pas faite putain.  Cette merde là, on aurait cru que je tenais le dernier bout de viande sur terre. Oh, tous les connards du coin sont pas venu me faire chier pour me le tirer ? J'ai halluciné. J'ai vrillé même. J'me suis écorché la trogne avec pas moins de cinq trouducs qui voulaient me voler mes biscuits !

Non mais sérieux, dans quel putain de monde à la con on vit. Au final, moi ça m'a saoulé, j'ai fini par jeter le paquet à la flotte avant même de les avoir fini.

C'est même pas si bon que ça, déjà.

Phase Une, observation. Non parce que en soit, le crime pour moi c'est aussi banal que d'aller chier. Mieux que ça même, parfois c'est l'occasion d'apprendre de nouvelles techniques auxquelles t'aurais jamais pensé ! Du coup, je pose mon cul pas loin, et je zieute la technique. Si elle est belle, que je valide, je vois plus tard pour en trouver un dérivé histoire d'avoir un truc que j'aurais pompé mais pas totalement quoi. Parce que copier, c'est mal, v'm'voyez ? Si ça me plaît pas par contre, souvent je m'en mêle et je montre à l'abruti comment tuer quelqu'un en rendant ça à la fois joli et marrant. En effectuant la démo' avec lui en cobaye, c'est comme ça que ça rentre avec efficacité. Mais bon, je me suis un peu avancé là. Du coup...

PHASE DEUX. Intervention. Que ce soit bien ou pas, dans tous les cas j'irais à la rencontre de notre petit délinquant, histoire de causer un peu quoi. J'aime m'amuser, raconter de la merde, buter des types que je connais pas, c'est encore plus jouissif quand on les connaît par contre. Va flinguer ton frère, tu verras de quoi je parle. Du coup, je me pointe. Soit je lui file un coup de main pour la suite, soit on va se boire une bière, soit on s'insulte, se cogne et j'le crève. Soit je le corrige, 'fin bref y'a plusieurs options dans cette seconde phase.

Enfin, el ultimo phaso. LA DERNIÈRE DES DERNIÈRES. Celle qui va te secouer les miches comme un bon twerk des familles, la trois. Et du coup bah il s'y passe pas grand-chose dans cette phase, je l'ai mise là parce que c'était plus stylé, mais en général bah je repars d'où que je suis venu quoi...

Maintenant que tu m'en parles, je me demande si ce genre de trucs existe vraiment avec moi, une journée type. C'est que de base, on est d'accord que je suis pas un gars normal, et je vis tout sauf normalement. Je suis le genre de gars qui fonctionne sans trop réfléchir à ce qu'il fait, du coup je me retrouve un peu n'importe où à n'importe quel moment. C'est que je vis l'instant présent, ainsi que ce que ma folie me pousse à faire. Quand même plus actif en général la nuit que en journée, j'aime bien traîner dehors, à la recherche d'un nouveau truc fendard à faire. Découvrir de nouvelles têtes, en faire sauter quelques-unes. J'ai beau essayé de chercher, je vois pas de routine, chaque jour est différent. On va dire que je me réveille vers dix-sept ou dix-huit heures, dans quel état ça je sais jamais, puis je cherche à me souvenir de ce qu'il s'est passé la veille. Que ça marche ou pas, ça me triture pas longtemps la cervelle, je reste pas bloqué une heure sur des trucs inutile.

J'évite de m'embêter avec ce qui est toilette, brossage de dents, la douche, choisir ses fringues. Pour faire simple, j'me lave pas.J'me change pas. J'suis crade et je pue, mais je m'en fous surtout. A un moment donné, je cherche pas l'amitié des gens alors qu'ils puissent pas me renifler, ça me passe au-dessus.  La soirée se débute comme elle devrait se dérouler, je force rien, je me laisse porter, j'attends de voir.  S'il ne doit rien se passer de palpitant avant plusieurs heures, c'est que c'était pas le moment voilà tout. Et c'est à peu près tout.

En fait, ouais ça pourrait carrément être ça ma journée type.