[AV/T-SJ] There Will Be Love

Vous êtes enrhumé. Les yeux humides, le nez bouché et un air dépité en imaginant le discours de votre mère « Je t’avais dit de mettre ton écharpe ».

En passant devant la vitrine de la pharmacie, vous procédez à une rapide vérification de votre reflet. Y a pas à dire, vous avez mauvaise mine. On dirait presque que vous avez passé la nuit à pleurer. Beaucoup pleurer. Dans le genre de « La mort de Leslie dans le secret de Terabithia » - pleurer.

Il fait froid, vous êtes malade et pour ne rien arranger, il commence à pleuvoir ; il est grand temps de rentrer chez vous.

Un rapide coup d’œil à votre téléphone portable, 19h15. Parfait, si vous pressez le pas, vous pourrait attraper le bus de 19h20 et être à la maison juste à temps pour votre feuilleton.  Vous avez hâte de savoir si Brenda va enfin avouer ses sentiments à Johnny, après 8 saisons de flirt.

Vous rangez le téléphone dans la poche de votre veste et relevant la tête, vous croisez le regard inquiet d’un jeune homme avançant sur le trottoir d’en face. Peut-être que vous avez vraiment l’air d’un revenant. Vous vous mettez en route d’un pas dynamique.

Vous vous frayez un chemin à travers la foule, éternuant et larmoyant. Après 4 minutes de marche pénible, vous l’apercevez enfin : le bus de 19h20. Le timing est serré, mais vous l’avez fait. Il ne vous reste plus que quelques mètres à parcourir avant que les portes du bus se referment.

Vous célébrez déjà cette petite victoire en silence, quand un obstacle non identifié viens soudainement vous couper dans votre élan. Vous ouvrez la bouche pour exprimer votre frustration, mais rien ne sort.

Vos bras semblent paralysés et vos jambes ne semblent plus vous obéir. Vous avez chaud. Agréablement chaud. Vous baissez la tête pour identifier l’obstacle en question. Les deux bras musclés d’un jeune garçon vous retiennent dans une étreinte pour le moins inattendue. Vous le reconnaissez, c’est celui qui vous a dévisagé quelques minutes plus tôt.

"Qu… ?" Les mots ne vous viennent pas.

"Vous inquiétez pas, tout va s’arranger" vous souffle-t-il en frottant doucement sa joue contre vous.

Vous parvenez à articuler quelque chose " Qu-qu’est-ce que tu fais ?

- Un câlin. Vous avez vraiment l’air d’avoir besoin d’un câlin."

A votre incompréhension vient s’ajouter de l’amusement. Décidément, ce rhum vous donne bel et bien un air triste.

Vous regardez votre bus s’éloigner sans plus de sentiment ; cette étreinte, bien que forcée, semble effectivement vous apaiser.

"Je… Je suis bas driste. Je suis enrhubé."

- Ah ? Câlin quand même."

Les minutes passent sans même que vous ne vous en rendiez compte. Vous n'êtes pas tout à fait sûr de ce qui est en train de se passer, mais il faut avouer que c'est étrangement plaisant; presque même réconfortant.

Le garçon vous relâche et vous dévisage de nouveau. Vous ne pouvez pas vous empêcher de sourire devant son air préoccupé.

" Voilà ! Beaucoup mieux ! " s’exclame-t-il d’un air ravi. " Allez donc vous soignez, et n’oubliez pas de sourire ! "

Il vous adresse un sourire chaleureux avant de vous tourner le dos.

Soudain, vous vous rendez compte de ce que ce petit moment vous a coûté " Oh ! Zut ! Mon feuilleton ! "

19h30. Plus que quinze minutes. Sans le bus, vous n’y serez jamais à l’heure sans courir. Le paquet de cigarettes dans votre poche et votre nez bouchée répondent d’eux-mêmes ; l’option n’est pas envisageable.

" Je peux vous aider ? "

Le câlineur surprise vous fait de nouveau face.

" Non, non, c’est rien. " mentez vous. " J’aurai juste voulu rentrer chez moi un peu plus tôt...

- Vous habitez loin ? Peut-être qu’en courant vous pourriez…"

Un de vos éternuements vient le couper dans sa phrase.

" Oh ! Désolé ! J’oubliais !"
L’adolescent se mordille les lèvres le temps d’une réflexion.
" On a combien de temps ?

15 minutes. On n’y sera jamais à te… Comment ça on ? "
L’explication à l’utilisation de ce pronom ne se fait pas attendre. Avant même que vous puissiez réagir, vous voilà dans les bras du jeune homme courant à toute allure.

" Vous me guidez ! Gauche ou droite ?
- L-la troisième à droite " balbutiez-vous, sans réellement comprendre ce qui est en train de se passer.
" ça marche ! "

La sensation d’être transporté de cette manière est très étrange. C’est comme si vous lévitiez et que le garçon se contentait de vous pousser.

Vous profitez de votre position pour observer le joyeux inconnu.
Une chemise, par-dessus laquelle il porte une veste à capuche et une veste sans manches décorée d’une multitude de pins colorés. On dirait juste qu’il a mis tout ce qui lui semblait sympa sur le dos (Oui, c’est décidement ce qu’il a fait).

Vous relevez les yeux vers son visage. Rien de bien particulier, à part cet air enjoué qu’il arbore visiblement même en plein effort. Ses cheveux sont longs et mal arrangés, mais sans pour autant lui donner un air négligé. Probablement parce qu’ils semblent venir compléter une certaine « logique » dans l’allure du garçon.

Une dizaine de minutes plus tard et vous voilà devant la porte de votre studio. Votre étrange bienfaiteur est étendu sur le sol, essayant bruyamment de reprendre son souffle.

" Ahh… Voi…là… Juste à … temps…
- Pourquoi est-ce que tu...
- Parce que... vous ramener à temps pour votre émission... C'était le but... de ma vie...
- ... Euuh... Merci? Beaucoup?"

Vous n'êtes pas vraiment sûr de comprendre ce qu'il marmonne, mais vous ne comptez pas gâcher ses efforts en attendant sur le seuil de la porte. Vous insérez votre clé dans la serrure. Mmmh… Vous n’êtes pas quelqu’un d’ingrat. Vous devriez au moins lui proposer de rester prendre le thé.

" Vous inquiétez pas pour moi, regardez votre feuilleton "
Vous insistez " T’as déjà vu un épisode ? Viens, entre, je te dois bien ça. "

45 minutes d’émotions plus tard, vous éteignez la télé, une larme à l’œil. Votre se tourne vers vous tout en tenant sa tasse de thé à deux mains.

" Wouah ! Mais pourquoi Johnny lui a pas dit oui ?! "

Vous lui renvoyez un regard attristé.
" Je pense qu’il a encore des sentiments pour Maggie

- La femme de Steve ?

- C’est ça, t’as bien suivi."

La soirée s’achève, et vous raccompagnez le jeune homme à l’entrée. Dans un élan de gratitude, vous lui tendez votre coffret collector " Las gotas de placer, l’intégral ".

" Oh ! Merci ! Merci beaucoup !

- Comme ça, tu vas pouvoir rattraper les saisons précédentes. "

Alors qu’il s’éloigne déjà, une question vous viens en tête.
" Mais en fait ! Comment tu t’appelles ?!

- Love ! Love Hopper ! "

Séparé de sa famille à un jeune âge au profit d’un trafic d’alter, Love ne possède pas de réel mémoire de sa vie post-détention.
Son souvenir le plus lointain date d’il y a seulement 5 ans, alors qu’il se réveillait pour la première fois en tant que marchandise en attente d’acheteur. Entouré d’un groupe de sept enfants partageant son destin, il développe une vision biaisée de ce qu’est une vie " normale ".

Alors que le garçon semblait s’accommoder à l’idée d’une existence de " services ", sa liberté lui est rendue par une intervention de la Grande Association Héroïque, venu mettre un terme à ce commerce immoral.

Ce que Love conserve de cette expérience, c’est l’impression que sa vie est devenue géniale depuis ; il savoure chaque instant comme s’il s’agissait d’une récompense pour avoir survécu jusque-là.

En attendant d’être placé dans des familles d’accueil, les enfants arrachés aux griffes de trafiquants grandissent ensemble.
Ne possédant pas de réels noms au vu de leur passé commun, ils décident d’en choisir un eux-même. S’inspirants des choses qu’ils aiment, cinq de ses compagnons se construisent enfin une identité qui leur est propre : Choco, Goldie, Flynt, Moby et Achab.
Incapable de choisir une chose en particulier, le sixième enfant de la petite bande finit par porter un nom en adéquation avec son amour pour tout ce qui l’entoure ; Love.

"Je vais être… ?

- Tu m’as bien entendu ! Adopté !

- Ouaaaaaaaais !

- Bah dis donc, tu pourrais au moins faire semblant d’être triste de nous quitter.

- Ah mais vous allez me manquer, c’est sûr ! Mais si je suis adopté ça veut dire que…"
Il marque une pause, comme pour modérer son enthousiasme
"Je vais avoir une famille ! Genre une vraie de vraie ! Avec euh… Une maman ! Et un papa ! Et peut-être même un frère ou une sœur ! Et et

- C’est bon, c’est bon, j’ai compris gamin ! C’est super. Et puis c’est bon pour nous aussi, te voir sautiller comme ça tout le temps, c’est usant… Goldie ? C’est sur mon pied que tu marches là…

- Ce que Flynt essaye de te dire, c’est qu’on est content pour toi.

- Merci les gars ! P-pour fêter ça, je vais aller voir en cuisine si je peux nous faire quelque chose !"

Love gambade joyeusement dans les locaux de la GAH, saluant au passage différents héros dans leur langue natale. Arrivé en cuisine, il se retrouve né à nez avec Twister, un héros canadien à la barbe hirsute et à la pilosité abondante.

"Hey ! Salut p’tit gars!

- Salut !" Il jette un œil en direction du héros, visiblement en plein déjeuner.

" C’est quoi ?

- Des pancakes. T’en veux ?

- Non, je parle de ça ! " Le jeune homme pointe du doigt un petit flacon contenant une substance ambrée, posé à coté de l’assiette de son interlocuteur.

- Ah ça ? Ahah ! ça mon garçon, c’est le bonheur en bouteille !

- Le bonheur…" ses yeux s’écarquillent "...en bouteille?

- Viens, assis toi. Je vais te faire gouter."



"Bouhouhou…

- Tu… pleures ?

- C’est… c’est… C’est troooooooop boon! " S’écrie le garçon, la larme à l’œil.

" Ahah ! Je te l’avais bien dit ! ça mon garçon, c’est du sirop. Du sirop d’érable."



"Ahah alors dis-moi, j’ai cru entendre que tu vas bientôt nous quitter ? 

- Oui !

- Et si je ne me trompe pas, tu vas pas chez n’importe qui !

- Ah ?" lui répond le garçon d’un air distrait, encore chamboulé de cette nouvelle découverte gustative.

"La fille de Mebura Cho !

- Mebula qui ?

- C’est une héroïne au Japon ! Et une très bonne en plus !

- Vraiment ? Et ça va être maaa…. Mamie ?

- C’est ça !

- Dis, dis, est-ce que je vais avoir… une sœur ? Un frère ?

- Mmmh… Je sais pas trop… Je crois bien qu’elle a un fils… Il doit avoir à peu près ton âge d’ailleurs !"

"Bouhouhou" le garçon se remet à pleurer de plus bel

"Quoi ? ça te fait pas plaisir ?

-L-la… la vie... c-c’est trop bieeeeeen"

" Mon… but dans la vie ?

- Bah ouais ! Regards ! Moi et Goldie, on va devenir super riche. Choco aura son propre restaurant en France. Moby va devenir une auteure de renom, et Aky… Hum. Il sera encore très probablement dans les pattes de sa sœur. Et toi ? C’est quoi ton but ?

- … Mmmh… Manger des pancakes au sirop d’érable !

- Euh… Je crois que tu as pas bien compris la question. Quand on dit « but de ta vie », c’est parce c’est le but de TOUTE ta vie.

- Le but de toute ma vie ? Je vois pas vraiment… C’est que j’ai vraiment très envie de ces pancakes… Pourquoi ça peut pas être ça ?

- Une fois que tu les auras mangé, ça pourra plus être ton but.

- Alors j’en trouverai un autre !

- … "

Un petit garçon grassouillet fait irruption dans la pièce, la larme à l’œil.

" Qu'est-ce qu'il t'arrive Choco ?

- Dites les gars… vous auriez pas vu Mr.Bidonrond ?

- Ta peluche ?

- Je crois que je l’ai fais tomber, je le retrouve pas

Love s’avance vers lui, l’air déterminé.
" C’est décidé ! Le but de ma vie maintenant, c’est de retrouver Mr.Bidonrond ! Je mangerai mes pancakes après ! Pleure pas Choco, on va le retrouver, parole de… de moi !"
Il se tourne vers son précédant interlocuteur et lève un pouce vers le haut en lui adressant un sourire malicieux.

Flynt les regards s’éloigner.
… J’imagine que c’est une autre façon de « vivre au jour le jour »…

GENIAAAAAAL !

Lycée Yuei, terrain d’entrainement.

Au-dessus de la clôture, on peut apercevoir à intervalles réguliers la silhouette d’un garçon aux cheveux longs riant aux éclats alors qu’il semble suspendu à quelques mètres du sol.

BWAHAHAHAHAH ! LES GAAARS ! VOUS AVEZ VU CA ?! JE SAUTE TROOOOP HAUT !

Un coup de sifflet retentit.

"Bon ! ça suffit maintenant ! Toi ! Le ressort ! On passe à la suite !

- Je sais pas encore comment m’arrêter m’sieeeeur !"

Deux semaines après son admission à Yuei, le jeune homme continue de découvrir avec excitation l’étendue de ses capacités. Jusque-là, l’alter s’était avéré une source de problèmes plus qu’autre chose. Après l’avoir mis de côté pendant près de 10 ans, Love savoure enfin cette nouvelle sensation de liberté et de puissance.

Pour ce qui en est d’une utilisation héroïque… Disons qu’il n’est qu’au début de sa formation. Il apprendra…

Avec ça, je peux faire les meilleurs sauts, les meilleurs câlins et les meilleures blagues ! WOUHOOOOOUUU !
 

Alors voyons… Sirop, check. « Las gotas de placer », saisons 4 à 8, check. Ma collection de chemises cools et ma veste préférée, check. Mmmh… Je crois qu’on est bon ! Yuei, me voilà !

… Je me demande si Lyes s’en sort de son côté…

Héhé ! C’est que j’ai de la chance moi ! Une famille de héros ! Une entrée en lycée héroïque ! Je vais rencontrer tout plein de monde, ça va être TROP BIEN !

Rassemblant les affaires sur son bureau, il s’attarde sur le contenu d’un tiroir rassemblant lettres et coupures de journaux.

Prenant quelques instants pour en choisir un échantillon, son choix se porte sur une photographie cornée et sur un article de journal découpée maladroitement quelques semaines auparavant.
Sur la photographie, on peut observer un garçonnet aux joues rondes pleurant à chaudes larmes, visiblement en pleine découpe d’un oignon. Love la retourne pour en lire une énième fois l’inscription au dos.

« Mon apprentissage commence, je vais devenir un grand chef ! Quand j’aurai mon propre resto, tu pourras venir y manger autant que tu veux !

Bisous, Choco

PS : Je suis vraiment content, fais pas attention à la photo, c’est les oignons !
PPS : Mr.Bidonrond te passe le bonjour ! »

Love sourit tendrement en rangeant soigneusement la photo dans la poche intérieure de sa veste. Son attention se porte ensuite sur la coupure de journal ; un article ayant pour titre « Les Bonnie & Clyde Japonais frappent encore »

Il parcourt rapidement les quelques lignes le composant. Une histoire de braquage et d’alter. Pas de blessés, mais un joli butin emporté par un duo de jeunes délinquants ambitieux.

Love repose l’article et se saisit d’une seconde photographie. Cette fois, on peut y voir deux adolescents posant devant une pile de lingot d’or, le sourire aux lèvres et formants de leurs doigts un V en signe de paix (ou de victoire ?) .

Sur la photographie elle-même, une inscription au marqueur rouge
« On pense à toi,
Flynt & Goldie <3 »

Héhé… Ils ont pris de l’avance… Bientôt, moi aussi j’aurai des nouvelles à vous donner ! En route pour Yuei !