[AV-T-SJ]Fluffy Motherhood ~ Kagehika Haneko

On peut le dire, Haneko porte son Alter en permanence. Porte ses résultats, et ses pouvoirs, et elle les portera jusqu'à la fin de ses jours. Mutation. C'est un de ces Alters qui changent dès la naissance, qui choc même la plus ouverte des familles. Se dire qu'on les accepte est une chose dans la société, en avoir un qui naît de sa chair, c'est autre chose.
Mais là n'est pas la question. Si elle est bardée d’éléments félins donc, ce n'est pas tout en terme de particularité. L'on notera évidemment les oreilles, dressées au sommet de son crâne, parfois droites, parfois rabattues. Parfois tournées sur les côtés, parfois faisant face. Ajouter à ça la queue qui s'agite parfois de oscillements calmes et réfléchis, ou bien d'excitation et colère vive, et les clichés sur les hybrides qui datent de la création des mangas a pris vie devant vous au détour d'une rue.
Ce n'est pourtant pas tout. Ses cheveux, loin de s'être contentés d'une couleur passe partout. Loin de s'être contentés d'une seule couleur d'ailleurs. Des nuances du blond humain, au vert.. Mutant ? Non pas que les chats soient verts, mais cette couleur est sortie de nulle part, en terme de surprise, après les oreilles félines et la queue, la couleur des premiers petits brins de cheveux sur son crâne avait suscité des surprises. Ce n'était pas réellement le pire des accrocs cela dit, et elle y est bien habituée désormais, les portant sans honte aussi longs que possible, tombant au bas de son dos lorsqu'ils sont entièrement relâchés. Elle les coiffe pourtant avec sérieux, reflétant l'une de ses natures premières.

Un sérieux à toute épreuve. Elle sait laisser de côte l'amusement, les blagues, les occasions de s'écarter de la civilisation, ou toutes sortes de choses grattant la concentration, pour justement, focaliser cette dernière sur ce qui en a besoin. Son visage le reflète très bien dans ces moments là, des yeux fins, observateurs. Des sourcils aussi alignés que précis au dessus de son regard bien porté. Une bouche qui se contorsionne de questionnements et de doutes, non pas néfastes, mais simplement nécessaires au développement. Un visage expressif, pourquoi cacher ses ressentis ainsi, quand lorsqu'on apprend à la connaître, queue et oreilles se contenter d'exposer ses états d'esprit actuels ?
Pourtant, son sérieux est loin d'être toxique et permanent. Ni barbant. Elle s'assoupit rapidement dans ces moments là en fait, et se laisse porter par un repos bien mérité. Un repos sous le signe de la douceur et de l'instant présent. La chance a voulu que malgré ses erreurs, elle illumine ses journées par les instants passés avec un fils qu'elle n'attendait pas spécialement pourtant. Et cette douceur s'est rapidement mise à fleurir dans un sens qu'elle était probablement vouée, sans le savoir, à suivre. Mais qui fut brusquement accéléré, ça et son métier s'en sont assuré.
L'esprit maternel. On peut dire beaucoup de choses sur les femmes, mais c'est un cliché tout autant vrai que fluctuant. Toutes les femmes n'en sont pas dotées à la même échelle. Elle, elle en représente sûrement une belle portion. Loin d'être maman gaga, elle oscille entre ce même sérieux mentionné, dans les études, dans les leçons, dans l'enseignements et l'éducation, tout autant que dans le relâchement, l'amusement, la douceur et la sympathie. Une oreille tendue, tant pour les plus jeunes de son Centre d'Accueil, que pour son fils ou d'autres pre-adolescents et plus grands enfants.
Une part dévouée de sa nature donc. Dévouée au point d'en miser sa sécurité sans mal. Elle n'est pas héroïne, du moins, pas officiellement. Et pourtant, si les choses devaient mal se passer autour d'elle, elle n'hésiterait pas une seconde à aider son prochain.

Un mètre soixante-six (1m66), pour cinquante-sept kilos (57 kilos), ce n'est peut-être pas impressionnant, mais la hargne du moment, les petites dents humains, qui se révèlent être très douées pour grogner et pointer leurs bouts tranchants dans une mimique menaçantes, ne sont en rien les seuls épreuves à surmonter pour lui faire face. Elle montre peu cette facette, mais elle n'en cache pas moins les effets dans ses pensées et réflexion.
Détermination, espoir, attention, réflexion, patience, oreille à l'écoute. Divers et de nombreuses qualités qu'elle arbore ou non au grand jour. Le tout empaqueté dans une bienveillance qu'elle a longtemps vue maltraitée par la discrimination à laquelle elle a fait face, ce n'est en rien quelque chose qui l'a entachée. Au contraire, probablement l'a t'elle rendue encore plus dévouée et attentive aux autres. Que ce soit d'empêcher certains de subir incessamment les moqueries et les violences, verbales ou non, des autres. Ou que ce soit justement pour sauver ces fameuses brutes, qui certes s'amusent actuellement de prouver leur prétendue supériorité, mais qui ne sauront que s'en vouloir à eux-même, plus tard, lorsque leur attitude toxique les éloignera des autres en permanence, peut-être quand eux-mêmes auront besoin pourtant d'une main tendue, qu'ils auront repoussée au préalable sans s'en rendre compte.

Oui. Elle est idéaliste. Mais elle n'en subit pas les mauvais côtés. Elle sait son idéalisme vouée à l'échec, si elle se l'imagine potentiellement rapidement récompensé. Son objectif, ne se fera pas en une vie, elle n'en verra pas la fin. Alors elle s'attaque à ce qu'elle peut, à son échelle. Avec une dernière valeur à côté de cette petite noblesse. Son caractère humble.

Des origines plutôt simples, si elle n'avait pas été l'une de ces altérées mutée. Une famille lambda du Japon, mère institutrice, et père employé d'une société de téléphonie. Les deux gagnaient suffisamment leurs vies pour vivre leur petite idylle de lycéens à la sortie de l'école. Et petit à petit, l'enfant est né du fruit de l'amour entretenu. Pas toujours rose, pas pour autant abandonné, ils étaient allés jusqu'aux bout. Pas moins choqués par la 'créature' sortie du ventre de la belle Mitsuko Kagehika.
Et même si les premiers jours étaient sous le signe du doute, la chance a voulu que ce ne soit pas dans leur envie de conserver l'enfant, ou leur envie de l'aimer. Mais Mitsuko, comme son tendre Ishin se l'était laissé entendre par elle, pensaient à l'avenir de la demoiselle d'à peine quelques jours déjà. La peur de la persécution était déjà forte, et ils espéraient être capables de supporter l'étrange enfant-chatte qui s'était joint à la petite famille.
Du reste, ils étaient rentrés à la maison. Les années avaient déjà passées, rapidement. L'un et l'autre des parents, défendant leur petite princesse lorsque des gens déjà mal-pensant se permettaient des commentaires sur ce qui n'était qu'une enfant incapable de parler transportée dans une poussette. Puis encore, une fois assez grande pour se rendre à l'école. Des parents, interdisant à leurs enfants de jouer avec la petite Altérée, alors même que leurs enfants pourraient très bien déclarer un Alter d'ici quelques années. Moqueries, incompréhensions. Le tout mélanger à de la curiosité parfois mal placée. Non pas qu'à son âge, elle le comprenne.

Maintenant, l’élémentaire s'écoule. L'âge des adolescents, et des pre-adolescent arrive. L'âge dur. Qu'on soit dans sa propre crise ou non, c'est le moment où les avis, les envies, s'entrechoquent entre tous dans le collège qui les accueille. Et ça, lorsque l'on est différent, ce n'est pas chose évidente. Les Altérés encore moins probablement. Étrangement, il y avait toujours ce mélange entre ceux qui repoussaient, et ceux qui se sentaient attirés, curieux. Pour sa part, elle avait fini par détester autant les deux.
Car si se faire insulter, se faire rabaisser, sans cesse, par ceux qui n'avaient pas d'Alter et qui la trouvait donc monstrueuse, n'était pas plaisant... Et bien ceux qui étaient aussi bien curieux qu'intéressés, manquaient cruellement de tact pour le faire comprendre avec douceur. L'impression de n'être qu'une bête de foire. L'impression, rapidement, à mesure que l'adolescence s'écoule et que la maturité grandit, de ne pas être Kagehika Haneko devant eux, mais d'être l'hybride-chatte. Caresser les oreilles, caresser la queue, demander sans cesse les mêmes choses, sans même comprendre que cent autres avant avaient posées la même. Sans vouloir comprendre l'épuisante réalité d'être sans cesse... Mise sur un piédestal, ou rabaissée plus bas que terre. Jamais le droit de n'être que... Quelqu'un.
Mais les années passent tout de même, défilent. Le lycée ensuite, elle n'entre pas dans un lycée héroïque, elle se prévoit un autre avenir, encore incertain cela dit, alors une voie générale pour le moment. Poursuivant des études qui allaient de pair, s'ennuyant parfois un peu, elle commence enfin, après la première année de cette nouvelle 'grande' école, à se lier à d'autres. Peut-être moins emprunts de jugements. Les premières personnes qui ouvrent les yeux sur la persécution, sur la discrimination, et sur le fait que la différence fait l'intérêt, fait la force, de chacun. Ou bien simplement peut-être des hypocrites qui ont apprit depuis le collègue, à mieux cacher leurs pensées.
Car il y a eu des déceptions. Mais aussi de bons moments. Elle grandit presque comme quelqu'un de normal à partir de là, elle s'affirme, elle n'a plus honte de ses attributs. Elle apprend secrètement à les utiliser un peu. Après tout, il n'y a pas plus discret comme Alter, qu'un Alter qu'on expose en permanence. Quand peut-on dire qu'elle utilise son ouïe améliorée, ou ses yeux perçant ? Ou bien quand peut-on dire qu'elle se rattrape d'une chute grâce à sa queue à l'équilibre bien gagné, plutôt que grâce à la chance ou aux réflexes ? Ce n'est ni quelque chose de visible pour autrui, ni quelque chose de réellement condamnable, même à l'échelle de cette loi qui interdit l'utilisation des Alters en dehors d'une licence Héroïque.

Le lycée s'achève pourtant. Chacun ses expériences, et Haneko n'est pas différentes à ce niveau. Elle a vu, elle a vécu. Elle a partagé, elle a souffert. Mais elle se sent... Assez satisfaite de sa vie de lycéenne. Ses parents étaient toujours derrière elle, la soutenant, et ses amis, bien que suivant maintenant chacun sa voie, étaient à terme, de réels amis. Restait maintenant à voir l'avenir. Voir la suite des opérations. Quelle voie pour elle ? Quel chemin emprunter ?
Étrangement, la vérité s'ensuit après quelques petits emplois gagnés grâce à sa mère. Un goût particulier pour le domaine de l'enfance. Travailler avec les petits, travailler pour leur apprendre des choses... Mais non, pas de l'institution comme sa mère. Le temps passe, et elle apprécie bien plus de les amuser, de façon ludique, mais les amuser tout de même. De l'animation. Elle se lance, elle s'amuse elle-même.
De premiers emplois. De premières mutations. De premiers changements. Un premier appartement. Une nouvelle vie. La solitude maintenant, mais le sentiment d'être... Casée. D'être bien. D'avoir sa place actuellement. Une continuation, d'une année à l'autre. Puis finalement, deux changements marquant. L'un est dans la carrière, l'autre dans la notoriété, dans l'implication à l'intérieur de cette société. Elle n'est pas une héroïne, mais elle finit par utiliser ses pouvoirs, elle finit par craquer devant les atrocités de ce Monde, et les Vilains toujours plus brutaux et aveugles à ce que leurs impacts apportent aux Altérés au quotidien.
Ca donc, et aussi sa carrière comme dit. Un diplôme de plus, une formation. Elle finit assermentée à la direction, capable de diriger l'un de ces centres. Elle attend, un an, deux ans... Puis finalement se trouve une place, un nouveau Centre ouvrant dans un 'petit' quartier de Tokyo. Grandissant, le quartier avait besoin de faire garder les enfants de ses habitants et des alentours. De s'assurer un endroit pour ceux qui travaillent mais doivent faire garder leurs enfants, et préfèrent ces centres aux prix parfois exorbitant des baby-sitter. Ça et l'idée de mettre leurs enfants en communauté. Bref, les raisons habituelles de l'ouverture d'un Centre.
Elle y prend place, reconnait des collègues de Centres précédents. Elle lance ses premières idées. Elle prépare les premières semaines. Et finalement, la vie continue. Finalement... La suite, ce sont les 'détails' qui pimentent le tout. La suite, ce sont toutes les petites choses, que l'on passera au crible, juste après.

Justicière, elle l'était déjà à ce moment. Et elle avait déjà décidé de ne pas prendre part elle-même, aux combats, aux soucis. Envoyant les informations qu'elle trouvait pertinentes aux agences de héros, elle avait finit par se faire simplement un peu connaître comme informatrice anonyme.
C'était sa situation actuelle. Et c'était une affaire comme une autre presque, concernant des vilains qu'elle observait depuis quelques petites semaines. Un groupe pro-supériorité des Alters. Mécontent d'être parfois mal vus, d'être spoliés et maltraités, ils agissaient et avaient pris un peu d'ampleur. Suffisamment pour entendre parler d'un expatrié d'Amérique du Sud. Un humain, qui s'était plus ou moins enfuie de ce qu'était devenue son Amazonie désormais, enfuie de ce pays d'Alters, et qui en avait retiré une profonde hargne contre les utilisateurs de ces capacités naturelles.
Fort évidemment, c'était l'occasion pour le groupe de vilain de frapper, que ce soit pour envoyer un message, ou par pure vengeance envers un homme qui escomptait se lancer dans une politique anti-Alter dans un pays où leurs possesseurs étaient moins en tête du pouvoir, pas difficile à trouver comparé à l'Orénoque.

Le soucis, c'est lorsqu'ils ont prévus d'intervenir. Apparemment invités à un congrès quelconque, pas des plus important, mais un point de départ pour un homme se lançant en politique, le fameux expatrié était dans un bus lambda, à un horaire lambda. Pas encore assez riche et investi pour avoir chauffeur et voiture privée, il était tranquillement emprunt des transports en commun.
Et elle, la justicière espionne, informatrice, avait fait une erreur de jugement. Elle pensait que le tout se résumerait à une petite attaque, un éclat de théâtre pour marquer les cœurs et les esprits. Elle n'avait pas pris la peine de prévenir, pour une des rares fois, les Héros. Elle préférait attendre un 'gros coup' de leur part, pour s'assurer que les Héros en captureraient une majorité, et le ferait en gagnant en image. Malheureusement...
Malheureusement, ce n'était pas un coup de théâtre. Mais si sa politique était déjà avancée, cela aurait plus semblé à un coup d'état. Une attaque éclair, en si peu de temps, le bus avait été renversé, explosion à l’affût. Les cris, la fumée, les cris encore. Un carnage en quelques instants. Puis déjà, les silhouettes qu'elle avait repérées comme les vilains, s'échappaient. Une véritable attaque éclair, c'est à peine si ils allaient revendiquer l'assaut, ils voulaient simplement s'assurer de leur meurtre, pur et simple.

Sortant du choc, la Féline s'était précipitée vers le bus, tant pis pour la fumée, ou les risques, elle n'avait rien à se reprocher, tant qu'elle ne montrait pas l'utilisation quelconque de ses pouvoirs, elle n'aurait pas à justifier son acte autrement que par "J'ai voulu sauver des gens". N'importe qui, même des humains simples, pourraient agir ainsi.
S'infiltrant de sa forme fine, dans les interstices des vitres brisées, elle découvrait avec horreur les corps étendus dans le bus. Ceinture ou non, c'était une attaque violent qui avait mis le véhicule sans dessus-dessous. Elle avait rapidement fait un tri mental, et dans la précipitation avait détaché le premier, un enfant. Un enfant au milieu d'une attaque purement terroriste, les vilains n'avaient aucune foi.
L'extirpant, le laissant un peu plus loin sur un trottoir, aux soins d'autres civils effarés, en attendant que héros et forces de l'ordre n'arrivent, elle se précipitaient de plus belle à l'intérieur. Elle avait sorti deux personnes de plus, quand les Héros arrivaient, lui bloquant le chemin, l'empêchant de poursuivre, son manque de licence la reléguant maintenant à l'état de civile spectatrice. Non pas qu'elle ait souhaité se jeter dans le bus en flamme, mais l'adrénaline avait été un temps. Et maintenant, elle se retrouvait avec les corps étendus de ceux qu'elle espérait avoir sauvés de la fumée qui les étouffait à l'intérieur. Les secours étaient là, la police également.

Rapidement interrogée, elle avait gardé un œil sur les blessés. Ils semblaient se remettre des blessures légères, elle avait choisi ceux qui avaient le plus de chance de s'en sortir, et semblait avoir bien visé...
L'incident s'était terminé ainsi. 6 morts. 3 blessés graves, dont un qui mourra dans les jours suivant. Et 4 blessés légers. Elle aurait pu s'en arrêter là, pour cette histoire. Mais elle avait fait ses recherches, et après s'être elle-même assurée de l'état de chacun des survivants, elle avait notamment pu reconnaître l'enfant qu'elle avait extirpé du bus en premier. Une dizaine d'années à tout casser. Et dans les premières informations qu'elle avait récolté, il était américain, arrivé au Japon avec ses parents. Et maintenant orphelin.
A cause de ce qu'elle voyait comme une erreur de sa part, un gamin s'était retrouvé coupé de ses parents, en territoire étranger, même si il était au Japon depuis quelques temps avec sa famille, ça ne changeait rien à ses yeux pour la première partie.

La suite, s'étend sur les quelques semaines, voir le mois passé à faire des aller-retours à l'hôpital. Si elle s'y était initialement rendue pour simplement s'assurer que les victimes du bus s'en sortaient, elle s'était elle-même piégée en se mettant face au fait accompli. Voir le jeune garçon ainsi perdu, l'esprit visiblement embrouillé par le choc au crâne, et par le manque de communication des médecins, probablement aussi perdus que lui sur la façon de gérer un gamin étranger maintenant privé de ce qui l'avait justement amené dans ce pays...
Elle avait fait un pas en avant, puis un second. Engageant la discussion avec le garçon lorsqu'il était enfin remis un peu sur pied. Il était seul maintenant, et même si les médecins ne parlaient pas sur les faits, il ne semblait pas rassuré, derrière son calme pourtant exemplaire. Alors elle lui avait parlé, s'était présentée... Sans parler de l'accident. Il n'était pas Japonais, elle l'avait sû par quelques informations extérieurs. Et si il était déjà très douée, elle avait gentiment orienté la discussion sur des améliorations sur son langage, façon facile de détourner la discussion sur son identité à elle. Un nom, un prénom, c'est tout ce dont il avait besoin s'était-elle dit...
C'était ce qu'elle pensait en tout cas. Revenant un jour après l'autre, il se débrouillait de mieux en mieux à l'école, elle avait la fibre parentale, autant que la fibre scolaire après tout, l'éducation n'était pas sa voie, mais elle en était proche. La côtoyait même, bien que pas la même que celle de l'école. Néanmoins, malgré ces petits jours paisibles, le jeune américain avait fini par entendre discussions sur discussions autour de lui. Et l'une d'elle avait semblé déclencher ce retour de sa mémoire des événements.

Bien qu'elle n'est pas été là sur le moment, elle l'avait vite compris à son passage suivant. Arrivant comme à son habitude, s'approchant du petit blond qui avait depuis quelques temps repris des forces, assez pour marcher et sortir de sa chambre, elle avait eu la simple et étrange surprise de le sentir soudainement contre elle. Elle l'avait toujours salué poliment, s'était détachée pour ne pas l'attacher justement à elle... Mais elle avait été assez bête pour négliger le geste humain qu'elle avait fait, au sens figuré, pendant ces semaines.
Elle n'avait pas réfléchi spécialement longtemps pourtant. C'était la première fois qu'elle l'enlaçait, la première fois qu'il avait fait un pas vers elle. Et c'était probablement le moment d'un souvenir qu'elle garde encore maintenant. Les larmes avaient suivies, les mots n'étaient pas très présents pendant cette journée, et elle avait appris qu'il savait maintenant, parce qu'il avait entendu qu'elle était sa 'sauveuse'. Elle avait failli lui demander pardon, de ne pas avoir pu sauver ses parents, mais s'étaient retenue. Préférant ne pas mettre le fardeau de devoir excuser la culpabilité de quelqu'un sur des épaules encore si jeunes et instables.
Du reste, elle avait poursuivi les visites. Continuant à le faire sourire au mieux, une fois le deuil entamé. Continuant les visites, alors même qu'il était sorti de l'hôpital, rejoignant l'un de ces Centres pour les jeunes en difficultés. Chacun avait sa situation là-bas, tous tellement différents, rien ne pouvait résumer les esprits que l'on attroupait là-dedans, et même si de belles histoires en sortaient, de plus sombres également. Ce n'est probablement pas ça qui l'avait décidée, mais ça l'avait sûrement fait accélérer le pas. Démarches, demandes, juges, vérifications. Elle était une femme seule, la situation certes stable, mais seule. Mais lui était un pre-adolescent, il était en âge de donner son avis. En âge de parler avec les psychologues et les membres des services en question pour s'assurer qu'il était tout à fait volontaire, et tout à fait sûr de son choix autant qu'elle.
Alors quelques semaines après cet accident, un peu plus d'un mois même après cette étrange découverte, le jeune américain était devenu Ethan Kagehika.

Le futur. C'est probablement la motivation première de la demoiselle. Un futur où tout le monde peut vivre sa vie comme il l'entend, qu'il possède un Alter ou non. Elle voit bien la situation actuelle, qui piège les Altéré entre devenir un Héros, ou renoncer à pouvoir utiliser ce pouvoir naturel, inné, qui pourtant peut apporter tant de choses. Parfois à la société, parfois à soi-même, parfois même aux autres.
Mais elle n'est pas aveugle non plus aux craintes de ceux que la Nature a jusque là délaissé, toujours humains sans pouvoirs. Elle comprend la peur, elle comprend le questionnement, et surtout, elle comprend que la Société ne doit pas tenter de faire des bons en avant, dans un sens ou dans l'autre. Les choses se font toujours dans un sens ou dans l'autre. Elle comprend mais n'apprécie pas, elle espère mais ne rêve pas. Elle est assez sereine cela dit, elle sait que l'humanité a toujours fini par aller dans le bon chemin, du moins en général. Même si les embûches et les obstacles pouvaient être nombreux, et même sanglants.
Elle s'imagine un monde réellement libre donc, un monde où les Altérés seraient bien libres d'utiliser leur capacité pour aider, même sans devenir un Héros. Bien sûr, l'utilisation n'est pas la même. Elle rêve de ça en tout cas, surtout pour les jeunes. Car si sa profession se porte autant sur l'avenir des plus jeunes, c'est pour une raison. Et si l'utilisation de ses propres capacités, et sa vision de l'avenir, se portent sur une chose, c'est également sur ça.
Son but n'est donc pas plus compliqué que celui de vouloir aider les Héros. Même si inconsciemment, elle espère également que ses actions, et sa renom étrange, qui se porte uniquement sur son surnom, sur ce qu'on dit d'elle et du fantôme qui donne des informations à l'agence des héros, puisse pousser d'autres gens à se mêler à la vie des Altérés, se mêler au combat contre les Vilains qui ternissent sans cesse l'image des Altérés, et remuent les couteaux d'un Chaos qu'elles doivent sûrement jubiler de voir s'exciter vers des finalités sombres.
Oui, à défaut de ne vouloir qu'aider les Héros, elle rêve de la ruine des Vilains. Ceux qui sont irrécupérable, en tout cas.

Durant toute son enfance, elle a détesté son Alter. Etant un Alter de mutation, elle n'a jamais eu aucune chance de le cacher. Porter un bonnet à vie, et cacher sa queue dans des pantalons larges, c'est impossible et illogique. Alors elle a subit, les moqueries de certains, la discrimination d'autres. Et finalement, même ceux qui se montraient gentils et affectueux, ont fini, à mesure qu'elle grandissait et réfléchissait, par lui donner honte et dégoût pour son pouvoir. Car recevoir sans cesse des caresses, comme le premier animal de compagnie venue, alors qu'on est humain malgré tout, ce n'est jamais évident à supporter. L'impression d'être inférieur, que les gens s’apitoient sur nous. Ou l'impression d'être vue comme une bête de foire. Tout un tas de raison de ne pas spécialement bien prendre les caresses et les marques d'affections non plus, quand elles sont dirigées vers la 'femme-chat' et non vers Haneko.
Cela dit, en grandissant, on apprend à ne plus s'en énerver aussi facilement. On apprend à faire avec. Et à terme, elle a finit par s'y habituer, découvrir les avantages de son Alter. Les choses qu'elle pouvait faire avec, même si utiliser son Alter est techniquement interdit, elle était capable de faire des choses qui n'étaient pas réellement visibles pour les autres, comme voir dans la pénombre ou la nuit même avec un minimum d'étoiles. Ce n'est pas réellement quelque chose qu'on peut aller prouver, ou lui reprocher. Et tout un tas d'autres trucs.
Et c'est sans compter sur les utilisations qu'elle en fait, dans son rôle de 'justicière'. Elle s'en est pris d'affection, en partie. Son Alter est plus ou moins son partenaire, même si elle n'est pas du genre à lui confier une âme propre, et s'imaginer partager son corps avec. Cela reste un pouvoir qu'elle a hérité de par la chance, rien de plus. Mais elle l'apprécie. Elle l'utilise. Et lui fait confiance comme elle se fait confiance.

Pour ce qui est d'un point de vue plus large, elle voit ça comme une évolution. Et en tant que telle, quelque chose qui deviendra naturel. Pour elle, ce sera à terme, quelque chose d'accepté, de force, devant la majorité. Ils n'étaient que peu au départ, maintenant un cinquième de la population, malgré les guerres, les discriminations et les résultats que l'histoire a laissée derrière elle.
Les lois actuelles ne lui plaisent pas tellement, mais elle les comprend, elle comprend comment on en est arrivé là, et comment les choses pourraient évoluer si l'on se démène trop à s'agiter, à faire parler de soi. En soit, elle est assez calme, et regarde la chose d'un point de vue neutre, extérieur. Elle a la capacité de jugement de celle qui est habituée à  jouer l'arbitre. Elle aimerait que les lois deviennent plus souples, mais ne forcera rien. Elle aimerait que la discrimination cesse, dans les deux sens, mais ne forcera rien.
En soit, elle est une idéaliste silencieuse, qui pense que l'humanité, quand on lui en laisse le temps, sans rien faire dégénérer, fera le chemin qu'elle doit faire.

Des expériences avec le crime, elle en a maintenant. Loin d'être celle qui les commets, elle est hors-la-loi tout de même, en terme de lois oui. Mais elle est loin d'être hostile, et elle se catégorise comme Justicière. Elle n'aime pas trop le nom, qui fait un peu trop idéaliste, ou enfantin, mais en soi, la définition lui sied volontiers.
Maintenant, de ce qui reste de sa vision du crime, c'est un amas de situations qu'elle jauge sur l'instant. La majorité du temps cela dit, elle se range du côté de la loi actuelle. Le meurtre, le vol, la violence, tous les crimes bien connus sont une évidence pour elle, à catégoriser comme des crimes oui, pas d'autres mots, pas de circonstances atténuantes dans la majorité des cas, même si comme la justice, elle est capable de comprendre que les situations ne sont pas toujours composées d'un parti tout noir, et d'un parti tout blanc.
Néanmoins, elle n'est ni spectatrice, ni défenseuse. Du moins, elle n'est pas la partie active de la défense contre le crime. Elle convient cela dit mieux à cette case probablement.

Espionnage, surveillance, écoute. Infiltration parfois même, elle s'est habituée petit à petit, à observer de loin, à s'habituer au milieu des Vilains. Elle les connait, vaguement en général, elle se renseigne, puis elle récolte ces précieuses informations qui permettent de déduire leurs actions, voir même d'en avoir les preuves, les significations, les exacts déroulés. Et de cette petite source, et de celles qui vont avec, elle crée un dossier en général, avec un point névralgique. Une attaque prochaine, ou un repère bien planqué.
Puis elle fait parvenir le tout à l'agence solitaire des Héros. Un dossier anonyme, ou presque. Depuis le temps, elle a l'habitude de laisser une signature, qui permet de savoir que c'est 'elle' qui envoie le message. Elle est connue des Héros, mais pas connue pour autant. Personne ne sait son identité, et si elle sait qu'ils ont déjà essayé de la retrouver, de remonter jusqu'à elle, car elle a bien entendu l'air aussi suspecte qu'utile, elle s'en est toujours tirée en filant au large.
Filant entre les mailles des filets des vilains qui pouvaient se douter qu'on les espionne, ou filer entre les mailles des filets des Héros qui voulaient la rencontrer, pour définir comment elle obtenait ces informations, et ce qui la poussait à agir ainsi. Car en effet, elle n'a jamais fait parvenir quelconques motivations. Et bien entendu, ses premiers rapports, avaient été reçus avec scepticisme, laissant des Héros peu enclins à réagir à ses avertissements. Puis après quelques vérités qu'ils avaient du regarder en face, elle avait fini par être une source aussi mystérieuse, que fiable pour le moment.

Un jeu d'échec basé sur un jeu du chat et de la souris. Et avec plus de deux partis dans le combats. Les vilains, le crime de l'un. Les nobles héros de l'autre. Et celle qui danse avec un unique pion, une unique tour, ou peu importe la pièce, au milieu. Elle s'enfuit sans mal, et mets sa sécurité en premier, mais elle n'en reste pas moins dévouée à faire tomber le crime à sa façon. Elle se sent plus utile ainsi de toute manière, que sous le feu des projecteurs, comme d'autres héros.

Haneko n'est jamais réellement passée du côté "hors-la-loi". Du moins si, mais elle n'est pas "passée" du côté officiel, vers le côté hors-la-loi. Elle n'a jamais eu de licence héroïque, ni ne s'est inscrite dans une école de ce genre. Elle a suivit le parcours de sa vie 'humaine', rien de plus. C'est plus tard, pendant ses années une fois.. Posée, dirons-nous, qu'elle s'est laissée gagner par l'envie d'agir. Trop d'attaques, trop d'incidents, qui arrivaient, les Héros intervenaient, mais toujours trop tard à son goût. Non pas que ce soit leur faute, ils ne peuvent pas deviner où les attaques surviennent, et telle qu'elle les imaginait, et elle pense toujours avoir raison, ils se précipitaient toujours au plus vite.
Elle a longuement potassé, et même avant ça, remué ça dans sa tête. Se vouant à l'inaction, parce que les lois étaient strictes sur l'utilisation des Alters sans licence étaient déjà passées. Mais petit à petit, les déclics se font. Des attaques qui touchent sa corde sensible, qui touchent la jeunesse, parfois indirectement. Mais elle n'est pas réellement du genre à laisser de côté la chance d'intervenir, et en bien, quand elle peut.
Alors elle se lance, elle ne compte pas intervenir directement, elle n'en a pas le droit, pas plus que d'intervenir indirectement... Mais elle pouvait se cacher. Se cacher et observer. Se cacher et donner les informations que ses yeux, que ses oreilles, que son nez et son flair au sens propre comme au figuré, pourraient ramener à sa connaissance. Puis les partager à ceux qui avaient toujours ce petit retard, les aider à combler ce laps de temps. L'anonymat aidait. Au final, elle n'avait pas de réputation à protéger, elle n'était qu'une ombre. Et si les premières 'missions' d'observation étaient compliquées, peu fructueuses, elle pourrait en dire encore plus des premières missions d'infiltrations.

Mais le détail n'est pas à prendre en compte. Petit à petit elle se forgeait une certaine expérience en la matière, des frayeurs elle en a eu, des réussites aussi. Elle avait bien compris au début, que ses lettres anonymes, n'avaient rien déclenchés. Elle comprenait que les Héros devaient en recevoir des dizaines, des centaines peut-être, des faux appels à l'aide, des fausses informations. Alors elle avait pris l'habitude de laisser une signature particulière à ses messages, qu'ils soient vocaux ou écrits. Un quelque chose qui laissait sous-entendre que c'était encore elle qui avait envoyé cette liste, ce lieu, cette date, comme lieu d'un crime, d'une réunion, ou d'un regroupement de Vilains.
Personne ne la croyait au départ, et elle s'en lassait. Mais cela avait fini par payer quelque peu. Puis bien mieux. Les Héros avaient essayés de la retrouver également, après tout, elle avait l'air aussi fautive de certains crimes, que les Vilains qu'elle condamnait à subir les assauts soudains de Héros mieux informés que d'habitude. Mais elle prenait bien trop peu de risque, pour laisser une piste jusqu'à elle, quitte à parfois disparaître pendant un temps.
C'est toujours ainsi qu'elle agit. Si elle veut changer les choses, c'est en jouant l'informatrice, et celle qui n'hésite pas à aller sur le terrain, à fouiller, et parfois même se faire passer pour une future recrue auprès de certaines organisations. Elle fait le boulot sale, oui, elle sait que la réputation des Héros, ne leur permet probablement pas de faire ça, avoir son visage affiché à chaque Breaking News, vous empêche bien entendu de vous faire passer pour un futur Vilain. Et risquer de se faire attraper en tant que jeune Héros, au milieu d'un attroupement de Vilains, en prétendant avoir voulu les infiltrer, n'était pas mieux, c'était des ennuis immenses.
Alors elle agit ainsi toujours. La taupe, la fouine, qui met son nez où elle doit faire attention de ne pas se brûler les pattes. Mais elle réussit pas mal, elle traque et vends les informations gratuitement. Bénévole qui suit la moindre trace de crime pour remonter à ceux qu'elle peut dénoncer aussi vite.
Stalker, c'est le nom que les Héros lui ont donné dans l'agence encore debout.