[AV/UC]Welcome to the hell ▬ Mia Jones ◄

Rapport de l’observation n°32 du sujet Mia Jones.
Cette évaluation se base sur plusieurs rendez-vous suite à une immersion prolongée sous couverture.
Docteur Szlatnam.

Mlle Jones a fait preuve lors de nos séances d'un profond sérieux. Ayant l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules, elle ne souhaite pas prendre les choses à la légère afin de maximiser le nombre de vies sauvées. Nous pouvons noter son côté perfectionniste et obstinée qui refuse d'abandonner et continue à s'accrocher jusqu'à ce que le résultat soit exactement ce qu'elle souhaite. Il semble que la patiente soit bien consciente de ne pouvoir sauver tout le monde mais, souhaite y arriver d'une certaine manière. Comment peut-elle s'y résoudre lorsqu'elle fait preuve d'une grande sensibilité qu'elle essaye de cacher sous une cuirasse froide mais, celle-ci se fissure rapidement lorsque Mlle Jones se sent en confiance. La jeune femme possède une grande intelligence et une capacité d'adaptation remarquable, des qualités non négligeables pour la Directrice de la cellule anglaise de la G.A.H. Profitant de son sang froid, elle sait analyser les situations et établir une stratégie au lieu de, je cite : « foncer dans le tas bêtement et merder vitesse grande V ».

Suite à mes séances avec Mlle Jones, il n'est pas difficile de voir son côté autoritaire. Souhaitant que tout se déroule selon ses désirs, elle n'hésite pas à donner des ordres et attend à ce qu'on les suit sans discuter. Exposer son plan ou écouter les idées qu'on lui donne, oui, mais il est primordiale pour la jeune femme que les ordres qu'elle distribue sur le terrain soient appliqués à la lettre. La patiente a montré une très grande dureté lors de nos échanges. Non pas pour blesser mais, en étant d'une franchise trop directe. Là où les individus cherchent à enrober la vérité afin qu'elle soit plus facile à assimiler, Mlle Jones frappe là où ça fait mal et sans mettre de gants. Impulsive lorsque la situation lui échappe ou la touche émotionnellement, la jeune femme a tendance à perdre son légendaire sang froid et la situation fini généralement par dégénérer. Femme de caractère, Mlle Jones montre un côté orgueilleux, refusant de reconnaitre ses tords sans qu'on lui montre par A + B le fondement de ses erreurs.

Mlle Jones à un très fort instinct de compétition qui se retranscrit dans un besoin omniprésent de toujours être la meilleure ce qui la pousse à toujours se surpasser. Se mettre des objectifs est pour elle une manière de contrôler sa vie. Comme marqué précédemment : une maniaque du contrôle. toujours dans cette même logique, la patiente a montré lors de nos séances un goût prononcé pour l'ordre, selon elle « toute chose à sa place et doit être ordonnée ». Une autre facette de sa personnalité m'est apparut lors de nos échanges et j'ai ainsi pu relever le fait qu'elle appréciait énormément la sincérité qui est, je cite : « une qualité qui fait défaut à bien des individus de nos jours et j'ai moi-même tendance à mentir souvent lors de mes missions. Un comble, non, docteur ? ».

La jeune femme s'est montrée extrêmement virulente lorsque nous avons abordé le sujet de l'injustice. Elle n'arrive pas à rester stoïque face à cela et prendra rapidement position. Dans le même ordre d'idée, Mlle Jones ne supporte pas les abus de violence. Frapper, torturer et abuser des individus sous prétexte qu'ils sont plus faibles est pour elle une grande preuve de faiblesse et de lâcheté et c'est une des rares choses qui peut lui faire perdre son sang-froid.  

Concernant son côté héroïque, la patiente n'hésite pas à user de la force lorsque c'est nécessaire. Bien qu'elle essaye dans la plupart des cas de trouver une solution non mortelle, il lui arrive de ne pas avoir le choix. Pour Mlle Jones, tuer est un acte d'une gravité extrême, peu importe la situation et d'après elle, sa place en enfer est réservée depuis bien longtemps. Elle a décidé de protéger les plus faibles, quitte à devoir tuer et porter ces « pêchers » jusqu'à sa mort.

Rapport physique n°34 du sujet Mia Jones.
Cette évaluation se base sur des séances et entrainements divers.
Entraineur Bring.

Bordel j'sais pas où commencer avec cette meuf. Bon, déjà, elle a pas de tatouages ni de signes particuliers, c'est un peu obligé vu son poste et les diverses infiltrations qu'elle a été obligée de faire. On peut globalement dire que la Miss Jones aime faire attention à son physique sans être une connasse du genre à passer trois plombes devant le miroir pour être parfaite, vous voyez l'genre ? Bref, c'pas un top modèle mais elle est sacrément bien gaulée quand même ! A vu de nez, j'dirais qu'elle fait dans les un mètre quatre-vingt, ouais, environ quoi. Ah si, en fait, elle a quand même un signe particulier ! C'est une rousse ! Siiiii j'vous jure, une rousse, j'espère une vrai... 'fin bref. Sa masse de cheveux lui descendent jusqu'au bas des épaules et sont... 'fin, j'suis pas poète mais ils donnent clairement envie de passer la main dedans.

La Miss Jones à un joli visage, plutôt raffiné mais, la plupart du temps... faut avouer qu'elle est quand même assez renfermé et ça se voit très clairement. Une bouche pulpeuse et des yeux bleus, rien d’extraordinaire mais ça fait quand même ultra ban- enfin, sexy quoi, vous voyez c'que j'eux dire. Un corps sacrément bien gaulé... ça c'est clair la Miss Jones possède tout ce qu'il faut là où il faut ! Après, faut dire, elle passe des heures à s'entrainer tous les jours et le résultat se voit. Loin d'être viril, son corps est musclé et ferme. Faire la demoiselle ça l’intéresse pas trop, c'qu'elle veut c'est pouvoir compter sur son corps et ses capacités physiques en toute circonstance !

Vous raconter de nouveau mon histoire ? Est-ce vraiment utile Docteur ? Je veux dire, nous avons déjà parlé de cela un bon nombre de fois… Le protocole ? Soit, allons-y alors. Comme vous le savez, il est important, selon moi, de bien connaitre notre passé afin de tirer profit de nos erreurs et savoir d’où on vient.

Pour ma part, je naquis dans une famille tout ce qu’il y a de plus normal. Mes parents n’étaient pas des altérés et vivaient une vie paisible. Ma mère était cardiologue dans un hôpital réputé de Londres et mon père travaillait dans la juridiction. On peut globalement dire qu’ils ont toujours eu une vie aisée grâce à leur argent mais, ils ont toujours opté pour la simplicité, refusant la mode du luxe omniprésent. Après tout, ce qu’ils avaient, ils le devaient à leurs acharnements et à leurs efforts. Mon frère, Nathan, était né cinq ans avant ma naissance. De nature actif, des rares flash-backs qui me reviennent en tête, il a toujours été d’un tempérament… explosif. Ma venue au monde fut un accomplissement pour mes parents, ils avaient enfin la vie dont ils rêvaient. A l’abri du besoin, un petit garçon et une petite fille, un couple de parents aimants et la santé… quoi demander de plus ? Vous savez, lorsque le malheur vous frappe Docteur, vous apprenez très vite à relativiser et profiter du peu de bonheur que vous avez. Ce que je vous raconte, je l'ai appris grâce aux archives, je n’ai que peu de souvenirs de cette époque. Je n’arrive pas à me rappeler de la vie paisible que nous devions avoir tous les quatre et des jours paisibles que nous vivions. Cependant, s’il y a bien une chose dont je me souviens très clairement, c’est cet incident qui changea ma vie de manière radicale.

Désirant passer des vacances en famille et jugeant qu’à l’âge de huit ans -oui mes parents étaient surprotecteurs-, je pouvais les suivre sans soucis, mes parents prirent des billets pour la France. Grands amateurs de l’Art et du raffinement, mes parents aimaient voyager de temps en temps à Paris, la très célèbre ville de l’Amour. Je me rappelle de l’attente ainsi que l’odeur de métal, de cette douleur à la tête qui ne faisait que grandir en frappant mon crane sans relâche. Je me rappel de ma mère, essayant de me calmer en m’annonçant que l’avion venait de décoller et que je pouvais m’endormir, que j’étais en sécurité. J’ai dû probablement suivre son conseil et fermer les yeux pour me reposer. Et puis, la douleur. L’odeur de brulé. Les morts. Mes pleurs. J’avais beau hurler, supplier qu’on vienne m’aider… j’étais seule dans les décombres de ce qu’il restait de l’avion.

Ce qui est arrivé ? Allons Docteur, vous savez tout comme moi que cet accident est entièrement ma faute. Ce jour là fut la première fois où mon alter se déclencha. Provoquant des perturbations électromagnétiques, il désactiva tous les appareils électroniques et ajouta une masse de poids trop conséquente sur l’arrière de l’avion ce qui provoqua plusieurs ruptures au niveau de la coque. L’appareil, ne pouvant supporter ces dommages, tomba en chute libre et s’écrasa sur plusieurs mètres. Je fus l’unique survivante de ce crash grâce à mon alter qui, dans un système de préservation, avait entouré mon corps d’une bulle protectrice. A l’époque, les résidus de poudre explosive n’avaient pas pu être expliqués et l’enquête avait finalement aboutie sur un simple accident de transport. C’était logique en même temps. Comment pouvaient-ils savoir que mon frère avait lui aussi utilisé son alter afin de survivre ce jour-là ? Je n’ai moi-même fait le rapprochement que récemment. Reste à savoir s’il a participé à ce crash ou bien s’il a vraiment tenté de survivre grâce à son alter.

Ainsi, un nouvel apprentissage s’ouvrit à moi : celui de vivre en sachant que j’étais un monstre, une abomination qui venait de survivre là où tout le monde était mort. Heureusement pour moi, à l’époque, j’étais bien trop jeune pour comprendre que j’étais la cause de cet accident…  


Orpheline, je fus recueilli rapidement par l’administration qui m’envoya dans un orphelinat dirigé par des bonnes sœurs. J’aurais continué ma jeunesse en suivant des cours et en prêchant la belle parole jusqu’à ce qu’une famille m’adopte si mon alter ne m’avait pas compliqué la vie… En effet, suite à cet incident, celui-ci était hors de contrôle, s’activant à n’importe quel moment. Personne ne pouvait rien pour moi, étant eux-mêmes des simples civils non altérés. Avec du recul, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance vous savez Docteur, j’aurais très bien pu me blesser, moi ou mon entourage d’ailleurs. Je veux dire, cette catastrophe aurait très bien continuer… Heureusement, une équipe de la G.A.H. eut rapidement vent d’une petite fille pouvant faire bouger des objets métalliques et me rencontrer devinrent leur priorité. Je me souviens encore de leur épreuve afin de tester mes capacités afin de savoir si j’en valais la peine ou pas. Ils m’avaient amené dans un endroit désert et m’avait accusé de la mort de mes parents et de tous les passagers.

Âgée de neuf ans, ils se fichaient éperdument que je sois trop jeune ou non et m’offrit la vérité telle quelle, j’étais un monstre. Non pas parce que j’avais survécu là où les autres étaient morts contrairement à ce que je pensais. Non, je l’étais car c’était moi qui les avais tous tués. Ils eurent ce pourquoi ils étaient venus lorsque cette réalité me frappa de plein fouet. Mon alter se déchaina, nourrit par la violence de mes émotions. Les objets métalliques volèrent dans tous les sens, tout appareil électronique fut grillé sur plusieurs mètres et mon corps flotta légèrement tandis que je vidais mes poumons en hurlant ma rage et mon désespoir. Suite à cela, l’un de membres de la G.A.H. se rapprocha de moi afin de me proposer trois chemins. Je pouvais décider de ne plus utiliser mon alter et vivre comme une simple civile mais, elle m’avoua que cela allait être compliqué vu la puissance de mon alter mais pas impossible. Je pouvais essayer de rentrer dans une école qui me formerait à devenir une héroïne et cela après plusieurs années de formation. Ou bien, je pouvais décider d’être la meilleure version de moi-même et combattre afin de me repentir de ces morts dont j’étais responsable. Je pouvais décider de me relever et avancer en gardant la tête haute. J’acceptais la troisième proposition, bien évidemment.

L’entrainement dura six ans. Six longues années pendant lesquelles j’appris à utiliser correctement mon alter, où j’appris à me servir de mon corps et de mon intelligence comme des armes. Motivée par une seule chose : devenir meilleure, encore et toujours, me surpasser. Assistée psychologiquement, j’appris lentement mais surement à me pardonner et à avancer vis-à-vis de la mort de mes parents et cette culpabilité omniprésente devint une force, une motivation.

Finalement, mon apprentissage continua jusqu’à mes quinze ans et je fus intégrée dans une escouade de la G.A.H. afin de poursuivre ce rêve d’être la meilleure version de moi-même. Enfin ! S’il y a bien une chose qui est sûr Docteur, c’est que cette version a bien souvent mangé la poussière et la terre lors de ses entrainements ! Extrêmement rigoureux et dur, nous n’avions quasiment pas le droit à un seul moment de répit, nos formateurs nous poussant encore et encore afin de tester nos limites. C’était, vous savez, leurs buts, nous faire craquer afin de nous modeler à leur image. Et pour ceux qui, comme moi, refusaient de se briser… ils s’acharnaient toujours plus. A l’époque, je trouvais que cela allait bien trop loin. Mais, au final, n’était-ce pas normal ? Nous étions formés afin de devenir l’élite, le rempart protégeant les plus faibles et les plus démunis.


Ce qui est marrant vous savez Docteur, c’est que j’ai quasiment le même parcours qu’Asao, mon binôme lors de nos entrainements. Prouvant que j’étais un élément solide et motivé, je fus nommée Chef d’escouade et je me nouais rapidement d’amitié avec Camille, une jeune française et Alexander, un américain pure souche. Bien évidemment, nous étions tous complémentaires et arrivions à nous sortir de situations très… délicates. Bien qu’ils s’amusaient parfois à m’appeler leur char d’assaut personnel. Bande de con… Désirant renouer avec mes racines, je pris la décision de demander mon transfère vers la cellule anglaise de la G.A.H., ce qui fut rapidement accepté.

Retrouver cette ville fut étrange au début et mon enracinement prit bien des années avant que je me sente parfaitement à l’aise. Les années passèrent, les missions s’enchainèrent et cette « tranquillité » fut mon quotidien jusqu’à mes vingt-sept ans. Tout d’abord, Asao prit la décision de partir pour le Japon, quittant ainsi l’Europe. Ce fut le premier bouleversement dans ma vie. Le deuxième quant à lui arriva quelques mois après lors de cet attentat. Londres attaqué, la prise de conscience que mon frère était vivant et ma nomination en temps que Directrice de la cellule anglaise de la G.A.H et tout ça en l’espace d’un claquement de doigts.

Tout d’abord, il faut savoir que j’avais de sérieux doutes au sujet de mon frère. Il me laissait des pistes intentionnellement, comme s’il s’amusait à jouer au jeu du chat et de la souris. Il perpétuait les crimes et les violations et semblait s’amuser comme un fou à me provoquer. Le voir, debout au milieu de ce massacre lors de l’attaque fut un réel traumatisme. Il y avait « douter que son frère soit toujours vivant et qu’il commette des meurtres » et « mon frère est vivant et vient de participer à la destruction de la ville et à des centaines de morts ». Pourtant, il fallait que je montre l’image d’une femme qui garde la tête haute, un symbole d’espoir qui promit d’aider tout le monde à s’en remettre. Ce que je fis, bien entendu, en me donnant corps et âmes dans mon rôle de Directrice. Plus qu’une vocation, participer à redonner espoir à tous était le sens de ma vie.



De nos jours ? Je continue à remplir mes fonctions de Directrice mais, il semblerait qu'un voyage au Japon s'impose. Je surveille en effet le groupe terroriste Le Régiment depuis le départ d'Asao. Il semblerait que mon ami soit devenu leur cible numéro un après avoir tué un membre important. Bien évidemment, tant qu'Asao restait inconnu, il ne risquait pas grand chose mais avec sa renommée grandissante... l'inévitable devait bien arriver et il fut bien vite repéré. Avec les ressources de la G.A.H. nous avons pu arrivé à un accord avec le Japon, me permettant d'utiliser mon alter sur leur sol en restant dans la légalité. Je pris alors deux décisions : celle de nommer un remplaçant provisoire afin de gérer les affaires courantes en Angleterre tout en restant disponible pour les urgences et faire infiltrer le groupe du Régiment par l'une de mes connaissances les plus proches. Avec les ressources de la G.A.H. falsifier les informations le concernant ne pas bien difficile et sa candidature fut rapidement validé. Maintenant... il y a beaucoup de travail qui m'attend et beaucoup de ménage de Vilains !

Un évènement marquant ma vie ? J'en ai eu tellement Docteur, tellement ! Qu'ils soient bons ou mauvais, ma vie est loin d'être un fleuve tranquille. Normal me direz-vous avec ma profession et mon poste, c'est vrai. Ceci étant, il y a bien eu cette fois là où, malgré les vies sauvées j'ai ressenti un profond désespoir lorsque j'appris une cruelle vérité.

Âgée à l'époque de vingt-sept ans, j'étais loin d'être la femme que je suis à ce jour. J'étais très naïve et je m'obstinais à vouloir le bien dans chaque personne, c'était limite un besoin. Peut-être afin de contrebalancer les horreurs que nous avions l'habitude de voir avec mon escouade. Quoi qu'il en soit, cette année là, j'avais dû apprendre à gérer l'absence d'Asao qui avait laissé un véritable gouffre dans ma vie. Alors qu'ai-je fais afin de le combler ? Travail, travail, travail. Encore et encore afin d'être trop exténuée pour que mes pensées puissent prendre le dessus. Oh je sais Docteur, ce n'est pas de cette manière qu'on gère les chamboulements de nos vies mais, que voulez-vous... à l'époque j'étais loin d'être aussi forte qu'aujourd'hui.

Ce jour là, nous venions de rentrer d'une mission d'intervention avec mon escouade. Un sale affaire de contrebande où des alterés menaçaient les forces d'interventions qui les avaient pris au piège dans un bâtiment isolé. Rapide et efficace, nous les avions mis hors d'état de nuire en un temps record. J'avais alors pris la décision en rentrant en Angleterre de prendre un jour de repos afin de faire le point dans ma vie, sur mes objectifs et mes attentes. Seulement, comme d'habitude, les choses se déroulèrent autrement... J'appris la nouvelle via mon téléphone, Londres était attaqué par des terroristes et tous les agents étaient réquisitionnés afin de faire face à cette crise majeure. Rassemblant l'escouade en un temps record, un véritable carnage nous attendait sur place. Des bâtiments ravagés, des voitures en feu, les cris des civils, les morts... C'était un véritable champ de bataille qui nous ouvrait les bras.

Étant une équipe parfaitement rodée, chacun prit position afin d'aider les civils à évacuer, porter secours à ceux qui en avaient besoin et combattre les terroristes. La panique était omniprésente et chacun tentait de fuir pour sa propre vie ce qui rendait la coordination impossible dans ces conditions. En y repensant maintenant Docteur, avec du recul, j'ai vite compris que c'était justement ce qu'il cherchait à faire, nous séparer et briser nos rangs, en nous prenant par surprise afin de tirer avantage de la situation. J'alternais entre aider les innocents, sauvant ceux qui pouvait l'être et tuer les terroristes qui se mettaient en travers de mon chemin, me frayant ainsi un chemin sanglant tout en espérant en voir la fin.

Une détonation. Ce fut ce brusque bruit qui me fit tourner la tête et l'horreur de la situation s'imposa à moi face à cette scène. Deux civils étaient bloqués sous un pilonne et leur fillette essayait par la force du désespoir de les aider à sortir de cette situation. Ce qu'elle ne voyait pas contrairement à ses parents qui lui hurlaient de fuir, c'était l'immeuble qui s'écroulait rapidement sur eux. Réagissant de manière instinctive, je canalisais la totalité de ma puissance afin de créer un dôme de protection. Je ressens encore parfois le choc dans mon corps quand toute cette masse a frappé ma bulle. Comme ci, chaque os de mon corps était écrasé petit à petit. Ce moment fut... extrêmement intense. Il m'arrive parfois la nuit de me réveiller après avoir rêver d'eux, espérant pouvoir les sauver. Alors que je canalisais mon alter, je pris conscience que je n'allais pas pouvoir tous les sauver, je n'allais pas tenir plus d'une dizaine de seconde. La mère sembla lire le désespoir sur mon visage et, tandis que le sien était baigné de larmes, elle hocha simplement la tête en prononçant trois mots qui me hantent encore aujourd'hui : « S'il vous plait ». Résignée, je relâchais mon dôme de protection et utilisais mon alter afin de projeter la gamine sur plusieurs mètres, loin de la mort, loin de ses parents, de sa famille.

Je vis tout. Absolument tout. Les civils se prirent la main en pleurant et la mère me regarda avant d'articuler un simple mot qui me bouleversa : « Merci ». Un ultime regard entre eux et l'immeuble les recouvra dans un grondement et un nuage de fumées et poussières. Les cris de la fillette qui était désormais... orpheline... par ma faute, me sortirent de ma torpeur et je courus dans sa direction afin de la prendre dans mes bras et la consoler. Mais qui croyais-je berner ? Cette journée allait laisser un gouffre insondable dans son cœur, je le savais pertinemment car je l'avais vécu. A quoi bon ces putains de capacités si je n'étais pas capable de faire la différence quand le moment se présentait ?! Essayant temps bien que mal de lui apporter du réconfort pendant que les derniers terroristes étaient appréhendés, je pris conscience d'une chose cruciale qui changea de manière radicale ma façon de voir le monde : Je ne pouvais pas tous les sauver. Peu importe à quel point je le désirais ou je m'entrainais afin d'y parvenir, c'était impossible.

Le coup de grâce fut lorsque je le vis. Se tenant au milieu des débris et des morts, il ouvrit les bras, semblant m'inviter à contempler son œuvre. Pourquoi ? Ce fut la question qui traversa mon esprit en même temps que les larmes qui coulaient sur mon visage. Bien que, je connaissais la réponse, il me pensait responsable de la mort de nos parents et me vouait probablement une haine terrible depuis ce jour fatidique. Mais, comment accepter le fait que mon grand-frère soit devenu un terroriste ? Tuant des innocents, brisant des familles et la sécurité du pays. Oh, Docteur Szlatnam, je peux vous assurer que ce jour là, j'ai connu une haine immense envers ses actions égoïstes et immorales. Nathan est peut-être mon grand-frère mais, je peux vous assurer que je n'arrêterais pas sa recherche jusqu'à l'avoir trouvé. Et à ce moment là... soit il acceptera ses crimes, soit je lui ferais accepter de force.

Quoi qu'il en soit, se remettre de cet attentat et la fuite de mon frère prit beaucoup de temps. Je pris la décision de cacher l'identité de celui-ci afin de le traquer moi-même, j'en faisais une affaire personnelle. Je sais que nos échanges sont de l'ordre du privé Docteur mais, je compte sur votre discrétion à ce sujet. Une fois le calme et la situation rétablie, il nous fallut pleurer nos morts, dont l'ancien directeur de la cellule anglaise de la G.A.H. qui décéda dans l'exercice de ses fonctions en sauvant de nombreux innocents. Les évènements s'enchainèrent rapidement et je fus promu directrice à sa place. Cela fait maintenant cinq ans et ce jour a marqué mon esprit, participant à créer la femme que je suis actuellement. Alors oui, j'aurais pu choisir une autre affaire mais... la désillusion que j'ai vécu ce jour là fut un véritable tournant pour moi.

Des rêves hein... Et bien oui, il m'arrive d'y penser. Parfois, lorsque je suis seule, je me demande ce que serait ma vie si mes parents étaient toujours en vie. Serais-je devenue une mère de famille ? Un boulot stable, un compagnon, des enfants et pourquoi pas un chien. Une vie quoi. C'est peut-être l'un de mes plus grands regrets même si je sais que je me bats pour une cause juste, parfois, il m'arrive de me demander si le sacrifice de ma vie en faudra la peine. Plutôt triste n'est-ce pas ?

Malgré cela, qu'est-ce qui me motive ? Espérer que mes actions peuvent faire pencher la balance du côté du bien et le fait de sauver des vies, des familles. Je sais que cela peut paraitre dérisoire mais, c'est ma motivation principale, faire en sorte que chacun puisse retrouver son foyer sans connaitre la douleur de la perte. J'espère pouvoir être, à terme, un exemple que les jeunes générations voudront suivre afin de continuer ce combat du bien contre le mal.

La société d'aujourd'hui est tournée vers l’égoïsme et l'isolement afin que les plus forts puissent gouverner en Maître, ce qui est logique, diviser pour mieux régner. Une fois ce constat fait, il nous reste alors deux choix : Ne rien faire ou agir. Pour ma part, j'ai décidé de lutter contre ça et aider autrui dès que possible. J'ai l'espoir et peut-être la naïveté, oui, de penser qu'une personne aidée en aidera une autre et ainsi de suite. Nous ne pouvons pas tous nous aimer, c'est un fait mais, peut-être pouvons-nous apprendre à cohabiter tous ensemble ?

J'aime me fixer des objectifs Docteur, vous le savez. Actuellement, j'espere pouvoir arriver à temps et avertir Asao du complot qui se montre contre lui et l'aider à surmonter cette nouvelle épreuve. De manière plus générale... disons que je souhaiterais rester en vie, je pense que ce serait déja pas mal ! Continuer à aider les gens et qui sait, peut-être me forger une vie, un jour ?

Ce que je penses des alters ? En voilà une question Docteur Szlatnam ! Et bien, si je devais comparer, je prendrais l'exemple du stylo. Vous savez, le fait de recevoir un cadeau, un don. Celui-ci, de base, est neutre, ni mal, ni bien. Là où entre la nuance c'est la décision de son utilisation. Allons nous utiliser ce stylo afin de faire le bien ou bien l'utiliser afin de crever des yeux ? Bon, c'est un peu extrême mais, vous voyez le principe ? Et bien, je vois les alters de la même manière. Un don qui nous a été confié à la naissance, plus ou moins puissant selon les individus et qui n'est ni bien, ni mal. LA seule différence étant dans l'utilité qu'on en fait.

Pour ma part, j'ai décidé très jeune de l'utiliser pour faire le bien et défendre ceux qui n'en ont pas la puissance. Bien entendu, là comme ça, on dirait de belles paroles dîtes dans le vent mais, il n'en est rien. J'aurais très bien l'utiliser à des fins égoïstes et destructrices mais, pour reprendre un grand dicton : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Et puis, entre nous Docteur, avoir les yeux qui deviennent comme de la lave en fusion et les cheveux qui planent quand j'utilise mon alter... c'est plutôt badass vous trouvez pas ?

Concernant les lois... Je les trouve trop drastiques mais, nécessaires. Bien entendu, il a bien fallu  réguler la situation et prendre en compte le danger qu'ils représentent mais, de là à considérer toute personne utilisant son alter sans permissions de criminels. Quand on voit que dans certains pays le port d'armes ne nécessite pas de licences... Il aurait été peut-être judicieux de répertorier chaque possesseur d'alter plutôt que de les considérer comme des hors-la-loi. Pour conclure disons que j'en comprends la nécessite, l'utilité même si je ne suis pas d'accord dans son application.  

Définir le crime ? Et bien, vous connaissez ma position Docteur, mon rôle et ma vocation. Dans la vie, il existe une limite pour chaque chose et qui délimite le bien et le mal, il ne tient qu'à nous de la franchir ou non de lutter contre ceux qui prennent la mauvaise décision. Bien que, en comparaison d'autres Héros, je ne me vois pas aussi fermée sur les étiquettes. En effet, je ne vais pas juger un individus parce que c'est un « Vilain » mais, plutôt par ses actions présentes et futures. Le passé... disons qu'il nous arrive à tous de faire des erreurs et il ne tient qu'à nous de tout faire pour les corriger.

Ma réaction face à un crime ? Docteur Szlatnam... vous pensez vraiment que je vais rester passive si cela se passe devant mes yeux ? Je ne suis pas le genre de personne qui reste dans les coulisses, non, j'interviendrais et je ferais mon possible pour calmer la situation et si besoin, je n'hésiterais pas à utiliser la force. Lutter contre les malfrats est une lutte de tous les jours et je m'y emplois avec tout le sérieux possible.

Et bien... oui, j'en ai arrêté un bon nombre Docteur. Cela ne me remplit pas de joie de savoir qu'une personne va passer des années enfermées dans une prison mais, j'aime savoir que les civils se sentent en sécurité.  C'est en quelque sorte notre devoir et notre fardeau à nous, Héros. Mais, comme je le disais, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Par concours de circonstances ? Vous connaissez mon histoire Docteur Szlatnam, vous savez que la mort de mes parents et mon entrainement avec la G.A.H. a complètement forgé la femme que je suis aujourd'hui. Peut-être serais-je devenue une criminelle si j'étais restée dans une éducation basique. On va être franc Docteur, les tentations de franchir les limites sont omniprésentes dans la vie de tous les jours alors oui, peut-être les aurais-je franchie.

Si je suis la Directrice de la cellule anglaise de la G.A.H. aujourd'hui c'est grâce à mes entrainements, mon acharnement et ma capacité à vouloir toujours me surpasser. Je ne vais pas dire que mon passé fut une partie de plaisir, loin de là. Mais, grâce à lui je sais que je suis capable de supporter bien des situations et réagir en conséquence. C'est ma vie désormais et même si parfois j'aspire à une vie normale, je l'apprécie. Aussi, ne nous voilons pas la face, vous savez tout comme moi qu'Asao m'a aidé pendant ma jeunesse lors des entrainements de la G.A.H.. Serais-je différente sans sa présence ? Oui, probablement.

A la suite de la fin de l'entrainement intensif de la G.A.H. mon choix s'est effectivement vite porté sur la cellule anglaise étant moi-même de cette origine. J'avais un besoin de... retrouver mes sources. Mes missions sont assez centrées sur la paperasse généralement. Comparé à ce qu'on pourrait croire, je n'interviens qu'en cas de situations extrême ou lorsque mon alter est requis. J'ai bien évidemment fais plusieurs missions sous couverture à l'aide de déguisements physiques mais, je pense que suivre Bresden Niels dans ce groupe terroriste se faisant appeler « Le Régiment », va probablement être la plus dangereuse et la plus longue de mes missions. J'ai la nostalgie des nombreuses missions effectuées sur le terrain et les divers pays visités à travers toute l'Europe avant de me focaliser sur l’Angleterre. Nous étions une escouade héroïque, des orphelins formés par la G.A.H. dans le but d'être les meilleurs versions de nous-même et c'est ce que nous étions. C'est ce que nous-sommes.