[T] tout savoir de moi ◊ kanba
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[T] tout savoir de moi ◊ kanba

Kanba
Kanba
Surnom : Vivaldi (drag) ◊ Cikap Kamuy (justicier) ◊ Momiji (geisha)
Profession : Maiko
Rang : B
Points d'expérience : 461
Renommée : 130
Alignement : Rebelle
[T] tout savoir de moi ◊ kanba || Ven 25 Oct - 9:29

Salut! Moi c'est
Wataridori Kanbai...



... mais j'ai eu de nombreux noms au fil de ma vie, dont Kanba, celui par lequel la plupart des gens me connaissent aujourd'hui; Vivaldi, la célèbre drag queen qui enflamma les bars de Ni-chōme quatre ans durant; ou Momiji, mon «surnom» actuel, mais nous aurons l'occasion d'y revenir. Hm? Bien sûr que je suis majeur, j’ai vingt-trois ans, je sais que je ne les fais pas mais quand même… Mon accent? Tu as l’oreille, Invité! J’ai grandi à Hokkaidō, fier représentant d'une lignée aïnoue! Je ne sais pas si elle est fière de moi en revanche, je suis le rebelle de la famille à en croire ma mère. Ceci dit elle a raison.

Dans l'ombre, on me connaît encore sous un autre alias: Cikap Kamuy. Un Justicier, pas du genre qui se bat à mains nues contre des Vilains, non, j’aurai trop peur d’abîmer mon visage, c’est mon gagne-pain… et en plus je n'ai pas d'alter pour m'aider! Je fais plutôt dans la collecte d’informations. Cinq ans que je suis indic’ pour la police et les agences héroïques. On entend de ces choses quand on bosse dans des bars, tu n’imagines même pas…

AVATAR : Watase Sanetoshi (Mawaru Penguindrum) @Kanba
[T] tout savoir de moi ◊ kanba Kanbai-568cea9

Tout savoir de moi


In girum imus nocte ecce et consumimur igni
«Nous tournoyons dans la nuit et nous voici consumés par le feu»


Savoir, pouvoir, avoir. La connaissance, la puissance et la richesse. Voilà les forces qui dominent ce monde, la véritable Sainte Trinité après laquelle tout le monde court. Moi? Je n’ai que faire de l’or et des bijoux, de fidèles qui me suivent et me craignent. Je n’ai que faire d’être aimé, reconnu, respecté, plein aux as. Ce que je veux, ce que j’aurai, ce sont des réponses à mes questions. Ma quête est la plus noble, c’est celle de vérité.
[T] tout savoir de moi ◊ kanba Prunier-56899d1
寒梅
Fleur de prunier

Parce que j’ai du sang aïnou dans les veines, je suis né un moins que rien aux yeux des Japonais. Mais pour mes parents j’étais tout, l’enfant désiré et inespéré, le miracle de la vie, l’incarnation de leur amour. Je suis venu au monde en janvier 279 dans le bourg de Biratori, district de Saru, sous-préfecture de Hidaka, sur l’île de Hokkaidō, petit village de montagne que mon peuple appelait Pira-utur, «entre les falaises rocheuses». Moi, on m’a appelé Kanbai: la fleur de prunier qui fleurit sous la neige.

Ma famille est «intégrée», donc bien sûr elle est pauvre, répercussions modernes d’un siècle d’interdictions de pratiquer nos cultes, parler notre langue, habiter nos terres. Mon père et ma mère sont employés dans une entreprise agricole, on vivait à quatre avec ma grand-mère dans un appartement minuscule, un endroit joyeux malgré tout où on bâtissait des merveilles avec presque rien, des festins avec les invendus du marché, des palais somptueux faits d’un empilement de coussins, des histoires formidables tirées de la poussière du sol.

Ce que je préférais, c’était onuman ipe, le repas du soir. Grand-mère préparait des spécialités aïnoues, la soupe de légumes kina ohaw, du cipor rataskep, délicieux ragoût de pommes de terre et de saumon, le tout accompagné d’une bouillie de riz appelée sayo. Avant le repas, il fallait remercier Shinda, le kamuy de la fertilité; après, j’avais droit pour m’endormir aux uepeker et aux yukar, contes éducatifs et sagas chamarrées où on croisait des mondes bâtis sur le dos de poissons géants, des héros valeureux, des loutres d’or, des épées magiques.

J’adorais ces mythes qui expliquaient la naissance et la raison des choses. Déjà tout petit, je pointais du doigt ce que je ne connaissais pas jusqu'à ce qu’on me les nomme ou me les explique. Dès que j’ai eu accès à la parole, j’ai fait la fierté et l'exaspération de mes parents à n’utiliser que la forme interrogative. Pourquoi? Comment? Où? Quand? Je n’ai jamais aimé me sentir ignorant. Le savoir m'attirait comme les lampes à huile attirent les papillons. Mais plus j’en savais, moins j’en savais, chaque réponse apportée soulevait de nouvelles questions. On pensa avec soulagement que j’adorerai l’école. J’allais y trouver le moyen de canaliser ma curiosité insatiable, devenir un élève brillant, être le premier des Wataridori à m’extraire de notre condition sociale et faire des études supérieures.

Raté. Au début, j’ai haï ce savoir en conserve, servi froid comme la vengeance, qu’il fallait apprendre par cœur, ânonner comme un troupeau de moutons bêlants et oublier à la récréation de l’après-midi. Qui veut entendre parler de la tectonique des plaques quand on vous a raconté que les eaux et la terre avaient été séparées par une bergeronnette sur ordre du grand Kotan-kar-kamuy? Qui s’embarrasserait des théories de Darwin sur l’évolution des espèces en ayant appris que les écureuils sont nés des sandales usées de Ae-oyna-kamuy, le dieu enveloppé de fumée qui éduqua les humains? La taïga et ses mélèzes, hérissée d’épicéas parfumés, bruissante de sorbiers, de bouleaux argentés et de légendes chuchotées par les ours et le vent, était la seule école que je voulais.

Malheureusement, je n’avais pas le choix. Et comme les gens que j’aimais le plus au monde plaçaient en moi tant d’espoirs, je n’avais pas le cœur à les décevoir. Le goût du savoir académique a fini par me venir, péniblement mais sûrement. M’ouvrir à d’autres explications et histoires que celles des Aïnous n’était pas une mauvaise chose en soi, ça m’aura appris le respect de la diversité des points de vue, les merveilles mathématiques de la science, la beauté des littératures du monde. La question des alters en particulier me fascinait, leur apparition, leur existence. Alors comme ça, des gens naissaient avec des pouvoirs dignes des kamuy? J’ai réalisé à cette occasion à quel point le reste de l'humanité se complaisait dans l'ignorance. Personne ne voulait savoir d’où venaient de tels dons, comment considérer celles et ceux qui les portaient. Personne ne voulait savoir que le monde ne serait plus jamais le même, que la société devait opérer des évolutions pour prendre en compte celles des humains, que tout ce que l’on pensait acquis sonnait désormais faux et creux. Personne ne voulait savoir ça. Sauf moi.

Est-ce que j’ai regretté de ne pas avoir d’alter? Bien sûr que oui. Quand on est gosse, on rêve d’être spécial, on rêve d’être fort, on rêve de tout ce qu’on est pas. J’aurai tout donné pour ressembler aux Héros qui passaient à la télé et dans les journaux, recevoir une partie infime de l’amour et du respect qu’on leur portait, je voulais que des femmes à moitié nues se jettent sur moi, ou des garçons, à cet âge-là c’est un peu le bordel dans ton corps et dans ta tête, je voulais épater tout le monde en volant et en créant du feu, fermer leurs gueules à ceux qui se moquaient de moi et de mes origines, disaient que j’étais un bon à rien et que je le resterai toute ma vie. À Biratori, les altérés ne courraient pas les rues. J’ai dû en croiser, quoi? Trois, quatre? Dans mon entourage proche, il n’y avait que Hashimoto qui en manifesta un à cinq ans, un Japonais pur souche, comme par hasard. J’ai fini par me résigner à l’idée de ne pas faire partie des «élus» quand j’ai réalisé que j’étais déjà un être humain incroyable, et aussi quand j’ai compris leur véritable situation.

La condition des altérés m’évoquait, elle m’évoque toujours, celle de mon peuple. Une communauté de gens à qui un gouvernement retire le droit d’être eux-mêmes sous des prétextes d’intégration, d’assimilation, de sécurité et d’unité nationale. Le fameux conformisme à la japonaise, hein? Celui qui rend fou sous la pression, pousse des jeunes à s’enfermer dans leurs chambres, des hommes d’affaire à aller se pendre dans une forêt, des ethnies à se soulever pour défendre leurs droits. Pas étonnant que tant d’altérés finissent dans le camp des Vilains et que le reste soit utilisé par ceux qui ont commis des erreurs pour les réparer à leur place. On obtient rarement quelque chose de bon quand on force quelqu’un à nier une partie de son identité.

Pouvoir déplacer des objets par la pensée n’est pas aussi facile à gérer dans la société qu’être roux, ou gaucher, ou juif, ou lesbienne, je peux le concevoir (n'est-ce pas Platoon?). L'histoire nous a montré que des pouvoirs aussi puissants avaient un potentiel destructeur quand ils échappaient à tout contrôle, je pense évidemment à la révolution de 79, aux ravages du Trigger. Mais est-il vraiment possible d'appliquer aux alters les mêmes restrictions que pour les armes à feu? Les gens choisissent d’avoir un Glock. Personne n’a choisi de naître avec une super force et une passion pour les chiens (celle-là est pour toi, Saigne-Vilain). Peut-être bien qu’il serait temps de laisser les minorités choisir pour elles-mêmes, hm?

Bref, passons… Ah oui, la vie à Biratori. Franchement je ne sais pas trop quoi raconter d’autre. C’était une vie tranquille dans un coin qui ne l'était pas vraiment, même si dans ce village perdu, à deux heures de route de Sapporo, l'influence du Syndicat se faisait à peine sentir, surtout pour des gosses. Se baigner dans la rivière en été. Dire que les filles c’est nul en ricanant bêtement. Faire une bataille de boules de neige. Se bagarrer parce qu’on a été insulté ou embêté la fois de trop. Aider maman à préparer le repas. Empiler les mochi et les mandarines pour le Nouvel An. Faire les quatre cent coups avec les copains. Avoir la meilleure note au contrôle de japonais pour faire plaisir à papa. Faire un exposé sur les tanuki. Aller cueillir le muguet de mai qui fleurit à Memu même si c’est interdit. Explorer l’ancienne plateforme d’observation d’OVNI. Rester réveiller toute la nuit pour lire des livres et apprendre, encore apprendre, toujours apprendre. Admirer les sculptures de glace lors du yuki matsuri. Non, vraiment, si il y a un souvenir qui me restera jusqu’à la fin de ma vie, il ne datera pas de Biratori. Plutôt d’après. Ce serait le souvenir de ma découverte de la capitale.
[T] tout savoir de moi ◊ kanba Grue-56899da
渡り鳥
Oiseau migrateur

Ma grand-mère est morte l’année de mes treize ans. Pendant trois jours j’ai pleuré et prié Nusa-kor-kamuy, messager des dieux, de veiller sur son âme pendant son voyage jusqu’à l’autre monde. Sur son lit d’hôpital, une semaine avant de partir, elle s’était excusée de ne pas rester en vie suffisamment longtemps pour fêter mon entrée à l’université. Du coup je n’avais plus vraiment le choix.

C’est comme ça qu’à quinze ans je me retrouve à Tokyo, petit bouseux aïnou fraîchement débarqué de Hokkaidō sans un sou en poche. Parce que pour entrer à l’université, il faut avoir fait un bon lycée: tant qu’à faire, autant en choisir un dans la capitale. Officiellement je l’ai fait pour honorer les dernières volontés de ma grand-mère; officieusement, ça m’arrangeait bien comme prétexte pour fuir Biratori, devenue trop petite pour mes appétits.

Mes parents ont été un peu plus difficiles à convaincre. La vie à Tokyo, c’était cher et dangereux. J’étais trop jeune, pas assez sérieux, turbulent. J’aimais trop la forêt pour survivre en ville (encore aujourd’hui, je ne comprends pas cet argument). Mais de l’autre côté, impensable de m’envoyer à Sapporo, capitale du crime, surtout après la récente fermeture de la seule prison de haute sécurité de la préfecture. C’est mon père qui a cédé en premier, il faut dire que je sais être particulièrement insistant quand je veux obtenir quelque chose. «De toutes façons, ce n’est pas avec un nom de famille comme le nôtre que je peux m’étonner de tes envies de départ», m’a-t-il dit. Wataridori, ça veut dire oiseau migrateur, personne de passage. J’ai ça dans le sang.

Avec un discours paternel sur les voyages qui forment la jeunesse, les bienfaits de l’indépendance, les opportunités des grandes villes; une recommandation au vague fils d’un cousin d’un collègue qui pourra veiller sur moi; l’assurance que je serai pensionnaire de l’établissement; et une très bonne bourse en poche, décrochée avec une facilité insolente, j’ai fait mes valises à la fin du collège, direction le Kantō. Apasam-kamuy, dieu des seuils et des changements d’état, veillait sur moi.

Alors oui, la découverte de Tokyo… C’était quelque chose comme, «putain, la vache!», ou d'un registre similaire. Pas mon envolée la plus lyrique, certes. Il faut se mettre à ma place: parce que j’ai une peur panique de l’avion, j’ai fait le trajet en train. Biratori-Tokyo, en train. Dix heures et demi, un bus, une navette, un express, un Shinkansen, deux lignes de métro tokyoïtes pour un coût total de vingt-sept mille yens, essayez de faire de la poésie après ça. Des immeubles à l’assaut du ciel, frémissants de néons acides. Une rumeur incessante, des rues saturées de gens pressés, des odeurs inconnues à chaque pas, une activité de fourmilière que même la nuit ne parvient pas à endiguer. De grands boulevards et des ruelles sombres, des reflets électriques sur l’eau, des Vilains en goguette drapés de ténèbres et des Héros qui veillent dans leurs costumes de gloire et de lumière. Des parcs de la taille d’un village, des villages de la taille d’une jungle de verre et d’acier, des fleuves de béton et de goudron, des grues métalliques déchirant l’horizon. L’excitation de cette première rencontre tarde encore à se tarir en moi. J'ai passé les premiers jours de mon arrivée dans un état de fébrilité exquise, sans cesse intrigué par de nouveaux détails.

Oh, le nom du lycée où j’ai été accepté? Yuei, ça vous dit quelque chose? Et ouais, le petit de Hokkaidō, il a de l’ambition. Je pense que ça a dû aider à rassurer mes parents, j’allais être dans un environnement strict et exigeant au milieu de Héros qui sauraient me protéger en cas de problème. On était en 294 à l’époque, une trentaine d’années après le scandale de la corruption à Rouhi, d’où Yuei est sortie avec l’image d’une école exemplaire, un peu moins de dix ans avant que tout ne parte à vau-l’eau avec le Groupe S, la réforme héroïque, la fondation de Chitsujo. Et puis il faut imaginer la fierté, la rédemption que c’est pour un couple aïnou qui bosse dans l’agro-alimentaire de voir leur fils unique quitter Hokkaidō, une grande première dans la famille, pour entrer à Yuei elle-même!

Est-ce que j’ai aimé Yuei? La première année, oui. Nouveau décor, plutôt excitant d’ailleurs, un petit côté d’aventure et de frissons à côtoyer les Héros de demain, et puis avec cet entraînement physique qu’ils suivaient, qu’est-ce qu’ils étaient bien gaulés! J’ai eu la chance de pas mal les fréquenter, les avantages de la filière Assistance. J'avais la bosse des maths, j'ai toujours joué avec les chiffres de façon magistrale, de là m'est venue la passion des -ique, physique, mécanique, électronique, informatique. Bricoler des machines, ça me plaisait bien, et la filière Assistance semblait être la voie royale pour enchaîner sur des études supérieures en ingénierie. Et puis, créer les équipements dont se serviraient ces Héros que j'adulais… le rêve!

Mais la surprise retombée, les mois qui passent et le train-train qui se met en place, j’ai tout doucement perdu en intérêt. Ce qui m’attirait, avant tout, c’était la vie tokyoïte si radicalement différente de celle à Biratori, les musées, les parcs, les bibliothèques, les lieux historiques à visiter et la nuit, la nuit surtout! les bars et les boîtes et les concerts, toute la night life sous les lumières vives et la fumée des cigarettes. Bien vite la bourse n’a pas suffi, l’argent que m’envoyaient mes parents chaque mois encore moins. J’habitais dans la capitale du Japon, je n’allais pas rester sagement assis sur les bancs d’une école alors que la vie est pleine d’expériences uniques qu’aucun manuel scolaire ne peut retranscrire!

Pour moi, la quête de l'omniscience n'est pas que théorique. Tout connaître, c'est tout apprendre du monde et de ses infinies possibilités, c’est croquer dans la vie à pleine dents comme Ève croqua jadis dans le fruit de l'arbre de la connaissance, avide de nouvelles rencontres, de nouveaux horizons, de nouvelles expériences. Apprendre des voyages, apprendre des gens, mais aussi apprendre de moi-même. Mon corps, mon être, mon identité sont un vaste champ d'exploration.

Que mes parents aient voulu un fils ou une fille, ils n’auraient pas été déçus. J’ai toujours marché sur la mince frontière entre les genres, équilibriste sur son fil d’Ariane. Petite taille, traits délicats, attaches fines, poids plume, il suffisait que je me laisse un peu pousser les cheveux pour tromper mon monde. Cette ambiguïté, je l’ai cultivée, ne pouvant pas, ne voulant pas choisir. Mais il y avait quelque chose qui bouillonnait en moi, quelque chose que j’avais réussi à contenir des années durant. Il a fallu attendre cette vie à Tokyo, l’exploration de ses nuits enfiévrées, la découverte de Ni-chōme pour que je réalise que j’étais, j’avais toujours été désespérément et irrémédiablement attiré par les hommes.

Au début, bien sûr, j’ai nié en bloc. Être gay, dans ce pays, avec mon éducation? Impensable, inacceptable. «Aussi inacceptable que de vouloir vivre ta culture aïnoue librement?». La claque que j’ai reçu ce jour-là! J’ai dévisagé le type qui venait de m’offrir un verre comme si c’était Tokapcup-kamuy, déesse du soleil, venue du monde divin pour m’apporter l’illumination.
[T] tout savoir de moi ◊ kanba Cheval-56899e1
駻馬
Cheval sauvage

«On t’a donné une syllabe en trop quand on t’a nommé!» m’a un jour crié ma mère en me lançant son tablier au visage, excédée par mes frasques.

Rétif à l’autorité, je l’ai toujours été. Je ne supporte pas de sentir un joug peser sur mes épaules, j’abhorre les règles et les étiquettes, celles qui ont voulu effacer ma culture de la surface du monde, m’interdire d’aimer qui je voulais ou m’exprimer à ma guise.

La transformation fut lente, douloureuse, réjouissante: difficile de déconstruire les schémas et stéréotypes qui vous ont été inculqués depuis la naissance, mais si libérateur! Mais petit à petit j’ai œuvré à mon émancipation, et petit à petit cela m’a fait glisser vers l’illégalité. J’avais dix-sept ans à l’époque, cela faisait déjà un an que je risquais gros en consommant de l’alcool en tant que mineur dans des bars louches, peu regardants sur les cartes d’identité si aisément falsifiées. Après ma révélation, j’avais besoin d’une révolution. Le carcan des conventions m’était de plus en plus insupportable, je suffoquais. Yuei, mon esprit, la société et ses bonnes manières, mon corps frustré étaient autant de prisons dont je devais m’échapper.

J’ai fait en primaire et au collège de la gymnastique, de la danse et du théâtre, passant de pièces occidentales contemporaines à des classiques japonais sous la houlette d’une prof aussi folle à lier que formidable. Alors quand une queen d’un bar que je fréquentais pas mal m’a demandé si je voulais pas monter sur scène faire un numéro, «vu que tu ressembles déjà à une nana», je me suis dit: pourquoi pas? J’avais déjà interprété des femmes pendant mon initiation au kabuki, faire un lip sync avec une perruque devait pas être beaucoup plus compliqué qu’un rôle d’onnagata avec maquillage traditionnel.

J’ai essayé l’art du josō, le travestissement féminin, et j’ai adoré. Je suis remonté sur scène, plusieurs fois, j’avais trouvé ma voie. Mais le drag est coûteux, il faut du maquillage, des tenues, des perruques plus chères qu’un loyer... et mes résultats en chute libre menaçaient ma bourse. Pour les notes, je n’avais qu’à me secouer plutôt que me reposer sur mes lauriers (un peu fanés), rien que ma splendide intelligence ne puisse surmonter; l’argent, par contre, c’était un peu plus compliqué. J'avais déjà du mal à concilier un emploi du temps scolaire et mes errances nocturnes, impossible de caser un petit boulot dans un tel agenda.

C’est comme ça que je me suis lancé dans ce qu’on appelle très élégamment mizu shōbai, le commerce de l’eau; comprenez, le travail du sexe. Voler ne m’inspirait gère, mendier était hors de question, et ça ne me coûtait pas grand-chose de demander quelques billets aux hommes qui m’emmenaient à l’hôtel, c’était même plutôt le contraire. J’étais un peu un kagema des temps modernes, un apprenti comédien qui vendait ses charmes pour payer sa formation. L’argent est venu rapidement, facilement, filant de mes mains indifférentes comme une couleuvre souple.

Oh, pas besoin de me lancer un tel regard! C'est une pratique plus courante que ce qu'on pense. L'enjo-kōsai, le fait pour des lycéennes de se faire payer pour «passer du temps» avec des hommes plus âgés, est un phénomène très répandu au Japon. D'ailleurs, n'avons-nous pas entendu il y a quelques mois parler d'un cas de voyeurisme payant à Yuei, mené par une élève à l'alter d'invisibilité? De rumeurs autour d'un soi-disant réseau de prostitution étudiante? Bref, revenons à mon histoire, c'est celle qui nous intéresse. Consommer de l’alcool en étant mineur est une chose, se prostituer en est une autre. Les flics qui m’avaient toujours plus ou moins laissé en paix me sont tombé dessus en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Ma première nuit au poste, ça aussi c'est un épisode gravé en moi pour toujours. Un épisode qui a été déterminant pour la suite de cette histoire. J'étais terrifié, honteux, perdu. Me faire renvoyer de Yuei voulait dire me retrouver sans logement, hors de question de retourner vivre chez papa-maman à Biratori en ramenant avec moi un déshonneur qui entacherait toute la famille. J'ai eu de la chance, l'enjo-kōsai n'est pas sévèrement puni; considéré comme un problème moral, un égarement, les forces de l'ordre préfèrent éviter d'ostraciser les étudiantes et étudiants qui s'y adonnent, privilégiant l'approche du hodō, une «arrestation préventive» confidentielle dont le but est surtout de dispenser une petite leçon de morale. Et pour m'assurer que l'affaire ne s'ébruite pas, j'avais un atout de mon côté.

Quelques nuits plus tôt, en aidant une queen à ranger ses affaires après son numéro, j'avais surpris la conversation entre deux types, des habitués à l'air louche que je n'avais jamais «senti». Mon instinct avait vu juste, car leur conversation laissait tout à croire qu'ils étaient impliqués dans un réseau de prostitution. Or, pendant ma garde à vue, les deux flics qui s'occupaient de moi avaient parlé d'une opération de grande envergure visant à lutter contre des proxénètes particulièrement actifs dans le quartier. Le lien était vite fait. Ma carrière d'indicateur a commencé comme ça. En échange de ce que j'avais entendu de la conversation entre les deux macs du bar et de la promesse que j'arrêtai l'enjo-kōsai, la police a accepté de ne rien dire ni à Yuei ni à ma famille.

J'ai terminé le lycée de justesse en prenant sur moi et en serrant les dents, à mon grand soulagement et celui de mes professeurs, ni eux ni moi n'aurions survécu à une année supplémentaire. Je ne suis pas allé à l'université, je n'ai même pas essayé. Désolé mamie, j'espère que tu me garderas une place au paradis quand même. Je ne suis pas non plus retourné à Hokkaidō. Je suis devenu Vivaldi.

Ma carrière de drag queen, sans vouloir me jeter des fleurs, a été fulgurante. J'étais enragé. Après cette dernière année d'études vécue comme un bagne, toute velléité de docilité avait été consumée à jamais. J'étais aïnou, pédé, queer, fier de l'être et le monde allait le savoir. En quelques années, j'ai inversé la tendance: ce n'était plus moi qui me battais pour me produire dans les bars, mais eux qui me suppliaient de venir augmenter leur chiffre d'affaire, prêts à me verser un cachet astronomique pour une semaine de représentations. J'ai jeté aux ordures l'uniforme du petit japonais parfait pour m'habiller comme je voulais, teindre mes cheveux en rose, changer le brun profond de mes yeux par la magie des lentilles de contact. Maintenant, c’est moi qui envoie de l’argent à mes parents. S’ils acceptent de l’utiliser ou non, je n’en sais rien, je n’ai plus de contact avec eux. Et pour arrondir mes fins de mois, je ne me suis pas gêné pour reprendre le TDS une fois ma majorité atteinte. Mon corps est mon outil de travail, je le maltraite autant que j’en prend soin. J’en suis fier, je le sais beau, je sais qu’il plaît. J’en connais qui ont payé cher, très cher, pour l’avoir à leurs côtés le temps d’une nuit. Une pute? Oui, mais une pute de luxe.

Plus jeune, la pensée même de me prostituer aurait été impossible. J’avais les idées très arrêtées sur la question du crime, on m’avait bien éduqué à être le citoyen idéal qui ne réfléchit pas pour lui-même, est criminel ce qui est contraire à la loi, point à la ligne, question suivante. Précaution parentale pour s'assurer que je ne tombe pas dans les mains du Syndicat, qui avaient infecté Sapporo une quarantaine d'années auparavant et, progressivement, étendait violemment son influence dans tout Hokkaidō. Quand je me suis finalement retrouvé de l’autre côté de la barrière, j’ai réalisé que cette définition était vaste, trop vaste, qui mettait dans le même panier à crabe des meurtriers violents uniquement motivés par des désirs de destruction et des pauvres types essayant juste de survivre. Pourquoi me considérait-on de la même façon qu’un fou qui aurait massacré une famille entière ou un politicien véreux qui se serait payé des toilettes plaqué or avec l’argent d’un orphelinat? J’ai commencé à remettre tout ça en question. Je me suis forgé ma propre définition du crime.

Quand j’œuvre en tant que Justicier, je le fais sous le nom de Cikap Kamuy, le dieu hibou aux larmes d’or et d’argent qui surveille les actions des hommes, mais aussi des Dieux. Une façon pour moi de dire que j'ai l'œil sur les deux camps, les civils et les Héros, le peuple et ses dirigeants. Je n'hésite pas une seconde à livrer les Vilains qui portent atteinte à la dignité et la vie humaine, mais cela vaut aussi pour ce gouvernement qui méprise les droits des minorités et a accepté de laisser une préfecture entière tomber aux mains des criminels pour les tenir éloignés de la capitale. Et si j'obtiens des informations qui pourraient éviter des représailles à des personnes qui n'ont pas d'autres choix que d'être dans l'illégalité pour survivre, vol à l'étalage, prostitution choisie, trafic de drogue, que sais-je encore?... Alors je les aiderai aussi à esquiver les outils de répression de cette société bien-pensante et conformiste.

Oui, j’ai continué à être indic. Dans le milieu où j’évolue, les informations alléchantes viennent à moi sans que je le demande; et si j’ai besoin d’aller les chercher, j’ai suffisamment pratiqué le travestissement pour savoir me construire une nouvelle identité sans trop de difficultés. Ni-chōme, c’est dans Shinjuku, contrôlé par les Yamato, et juste à côté de Kabukichō, repaire du clan Shimano – pardon, Kogami! Que rêver de mieux pour s’informer de l’actualité du crime?

Pour mes services, je ne demande plus à être payé en argent: c'est une info contre une autre. Encore une fois, rien ne m’importe plus en ce bas monde que le savoir, toujours plus de savoir. Avec dans le cœur, cette volonté farouche: être celui qui fera tomber l’ancienne famille Chong Gwon Yong, fondatrice du Syndicat, ce cancer qui ronge Hokkaidō, la terre de mon peuple, Ainu mosir.

J’ai repensé à ce que m’a dit ma mère. Elle a raison: ils m’ont donné une syllabe en trop dans mon prénom. Adieu Kanbai, la fleur de prunier; maintenant je serai Kanba, le cheval sauvage et indomptable.
Dans une demeure souterraine, des Hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne voient que les ombres projetées sur les murs de leur caverne. Des sons, ils n'entendent que les échos. Que l'un d'entre eux soit libéré de ses chaînes, qu’il regagne la surface, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Mais s'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité.

Cet Homme sorti de la caverne, c'est toi, Kanbai. Du moins, tu en as l’ambition.

Attention, toutefois. Tu t’enivres de tes qualités, certes nombreuses, mais tu en oublies tes défauts. Tu veux être un grand sage, mais la plus grande preuve de sagesse n’est-elle pas de savoir qu'on ne sait rien? Les papillons de nuit attirés par la lumière brûlent leurs ailes à la chaleur des lampes, les Ève sont chassées du paradis et l’Homme qui a quitté la caverne, à son retour, est mis à mort par ceux qui y sont restés. Le savoir est une arme et la vérité, un fardeau parfois bien lourd à porter…


[T] tout savoir de moi ◊ kanba Erable-56a77f5
紅葉
Feuilles d’automne

Deux ans auparavant.

Je reprends connaissance dans la douleur.

Tout mon corps n’est que souffrance; même respirer m’est pénible, ravivant à chaque inspiration un feu mordant dans ma poitrine. La lumière trop vive agresse mes yeux, ma bouche est sèche, emplie d’un goût âcre. Le silence règne, à peine troublé par quelques stridulations de machines.

Une chambre d’hôpital. J’essaye de me souvenir – de quelque chose, n’importe quoi, juste me souvenir – mais peine perdue, mes pensées tournent, s’affolent et s’égarent comme un troupeau de mouton. Je me concentre, repousse la douleur et la panique, je dois me rappeler de ce qu’il s’est passé, ou au moins essayer de comprendre, de deviner, je déteste ne pas savoir, surtout quand il s’agit de moi. C’est en croisant son regard que tout me revient.

Elle est assise à côté du lit, silencieuse, les mains posées sur les genoux, respirant si doucement qu’on croirait qu’elle se retient d’exister. Une infirmière lambda, à première vue, pâle, cheveux noirs rassemblés en chignon propre et serré, figurante banale comme il en existe des milliers. Mais ses yeux ne trompent pas. Ignorant les éclairs qui me trouent la conscience, je serre la mâchoire. Alors comme ça, même aux portes de la mort, elle est en travers de ma route. Ma bouche s’étire en un rictus.

– Ces geisha si raffinées ne sont vraiment, en fin de compte, que des carpes gloutonnes avides de se repaître de ma déchéance…

J’ai réussi à coasser ces quelques mots au prix d’efforts inhumains sur ma gorge qui me semble remplie de sable et de graviers. Je tousse, une toux sèche à m’en faire saigner.

– De l’eau… Donne-moi de l’eau… Tu as voulu te faire infirmière, comporte-toi en tant que telle!…

Elle doit m’aider à boire, humiliation suprême. L’eau tiède me semble le plus délicieux des nectars.

– Vous souvenez-vous de pourquoi vous êtes ici?
– Pas besoin de retourner le couteau dans la plaie. Trahie par ma sœur…

Miyamoto Ichinosuke, dit Yuki Onnagata. La plus talentueuse queen de Ni-chōme, après moi bien sûr, un grand dadais un peu gauche qui se transformait, sitôt ses faux cils posés, en véritable femme fatale. Je savais qu’elle irait loin, mais de là à me planter littéralement un couteau dans le dos… J’avais été imprudent. Cikap Kamuy, mort ou vif, est mis à bon prix dans les bas-fonds de Tokyo, suffisamment pour faire tourner la tête même à ma «meilleure amie», sans doute agacée d’être toujours numéro deux. Et moi qui avais voulu lui faire confiance en lui révélant ma double identité, ou triple, je n’en suis plus à ça près…

– Alors, le spectacle te plaît? Allongé dans un lit d’hôpital, trahi par les miens… Je suis même surpris d’être toujours en vie, tiens. Yuki est du genre à finir le boulot.
– Il en a été… empêché.

Sa voix douce me glace les sangs.

– Vous avez eu de la chance. Miyamoto-san ne vous a pas infligé de séquelles irréversibles, vous devriez recouvrer toutes vos facultés en sortant de l’hôpital. De plus, il semble qu’il ait agi seul. Il a emporté votre secret dans sa tombe, Cikap Kamuy est de nouveau en sécurité.

Un rire jaune m’échappe.

J’ai toujours considéré cette femme comme ma rivale. Elle divertit les élites avec des danses raffinées et ancestrales, j’offre au peuple des numéros de cabaret. Toutes deux, nous existons sous les feux de la scène pour mieux, dans l’ombre, soutirer des informations, dérober des secrets, tramer des intrigues. Mais cette geisha est une tricheuse. Là où je passe des heures à parfaire mon maquillage et ma tenue pour devenir autrui, son visage et son corps sont comme l’eau fuyante du ruisseau. Une métamorphe. Une altérée.

Oh, que la jalousie est un vilain défaut…

– Je croyais que vous n’étiez pas du genre à vous salir les mains…

Elle ne répond pas, me fixant de son regard énigmatique qui ondule comme la surface d’un lac et l’herbe dans un pré. Peu probable que ce soient elles qui aient mis Yuki hors d’état de nuire. Mais pourquoi…

– Pourquoi m’avoir sauvé?

Elle se lève, toujours silencieuse, avec grâce et précision. Déjà elle n’est plus elle-même, sa chevelure a fondu en boucles auburn qui roulent sur ses épaules, son menton anguleux s’est couvert d’une barbe aux reflets roux, ses épaules se sont élargies, comme sa taille.

– La matriarche m’a demandé de vous délivrer un message. Elle vous souhaite tous ses meilleurs vœux de rétablissement, et vous donne rendez-vous à notre okiya de Kyoto dès que vous serez remis.
– Trop aimable…

Des voix s’élèvent dans le couloir; en un clin d’œil, elle a disparu. Avec un long soupir, je ferme les yeux. Le sommeil m’emporte aussitôt.

Dans la pénombre feutrée de l’okiya, ma chevelure rose, vulgaire et tapageuse, fait tâche. Je l’ai reteinte entièrement en sortant de l’hôpital pour cacher mes racines noires, cacher mes traits émaciés surtout, le léger boitement qui affecte désormais ma jambe gauche. Assis à genoux, je contemple le jardin. Nous sommes en automne, mais il reste encore assez de chaleur estivale dans l’air pour que les panneaux soient ouverts sur les arbres roux, la pièce d’eau où s’ébattent les carpes koi, les pierres dressées au milieu du gravier blanc, impeccablement ratissé.

J’ai une dette envers les geisha, une dette dont je ne pourrai jamais m’acquitter, une dette de vie. Ces femmes ne font rien par charité. Je dois bien avouer que j’admire leur science du calcul. Elles aussi jouent à un jeu dangereux, double, et ne peuvent se permettre d’agir avec imprudence comme je l’ai fait. Elles savent que je sais des choses qui pourront leur être utiles, mais aussi des choses sur elle qu’elle préfèrent ne pas voir ébruitées; elles savent que je suis encore capable de créer des objets héroïques; en un mot, elles savent que je leur serai plus utile vivant mais sous leur coupe que six pieds sous terre, à manger les pissenlits par la racine avec Yuki.

J’ai accepté leur marché. Je n’avais pas le choix. Accompagné du bruit du vent et des oiseaux, je me met à la tâche. Raser mon menton et mes joues, soigneusement. Neutraliser la teinte bleutée que laisse la barbe sous la peau avec un peu de fond de teint orange. Rassembler mes cheveux sous des filets serrés. Couvrir mon visage avec la cire bintsuke. Diluer l’oshiroi, poudre de riz blanche, puis l’appliquer au pinceau et à l’éponge en vaillant à laisser nue une bande de peau à la racine des cheveux et ce drôle de motif sur la nuque qu’on appelle eri-ashi. Rosir mes jours, appliquer du rouge et du noir à ma lèvre inférieure, mes sourcils, les coins de mes yeux. Glisser sous mes collants et dans mon soutien-gorge les formes en mousse qui, avec le corset savamment ajusté, transformeront les volumes de ma silhouette. Enfiler le kimono à col rouge, ceint d’un imposant obi de plusieurs mètres de long. Coiffer la perruque noire toute hérissée de kanzashi et de chrysanthèmes: nous sommes en octobre.

Je découvre dans le grand miroir celle que je suis devenue, celle que je serai pendant les trois années à venir, maiko parmi les maiko, au service de cette okiya et du réseau de renseignements qu’elle cache. Dois-je m’offusquer qu’on veuille me dissimuler parmi des gamines de quinze ans, alors que j’en ai six de plus? Le pire, c’est que j’y arriverai sans problèmes, j’ai le physique qu’il faut. Je bats des cils, faux comme tout le reste, c’est à s’y méprendre, Vivaldi n’a rien perdu. Sourire amer. Vivaldi a tout perdu. Le scandale a été aussi habilement maquillé que mon visage, mais par prudence, je passerai un an de ma dette ici, dans ce hanamachi de Kyoto où je ne connais personne, le temps que les choses se tassent. Je suis une reine sans royaume, sans lignée, sans nom. Mais après tout, qu’importe? Je n’ai rien perdu de mon savoir, au contraire. Il y a tant de choses à apprendre et à découvrir dans les ombres chuchotantes et chatoyantes de ce «monde des fleurs et des saules»…

– Vous êtes prêt?
– Je le suis.
– L’illusion est saisissante. En entrant, je ne vous ai pas reconnu.

Je ris sans joie. Bien sûr que c’est saisissant, j’ai fait tout cela sans recourir à un alter, moi, j’ai travaillé durant des années pour peaufiner mon talent, dépensé des fortunes en perruques faites main, passé des heures penché sur ma machine à coudre, suivi des cours pour apprendre à contrefaire ma voix de façon réaliste. Oh, Mai, Mai, ma chère grande sœur, onee-san… Comme je t’admire, comme je t’envie, comme je te hais…

Eto… Si vous voulez bien me suivre, Kanba-san…
– Momiji.
– Pardon?
– C’est ainsi que vous m’appellerez désormais. Momiji.

Mes yeux sont revenus au jardin, à l’érable qui flamboie. J’ai décidé, pris d’une subite inspiration, de lui emprunter son nom. Deux caractères élancés, compliqués de lignes virevoltant comme autant de feuilles mortes. L’automne… Quelle drôle de saison pour renaître, quand tout se meurt autour de vous.

Derrière l'écran

Pseudo : Xude.
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Comment as-tu connu le forum ? : DC de @Benimaru Bōdowan autorisé par @Shizumi Junko (21/10/2019)
maxou’
Shizumi Junko
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Alignement : Rebelle
Re: [T] tout savoir de moi ◊ kanba || Ven 25 Oct - 23:24


Bienvenue sur le forum


Je n'ai absolument rien à redire sur cette présentation. C'était un très bon moment de lecture et j'adore tout les détails que tu intègres. une écriture fluide, poétique, parfois  plus impactante lorsque la narration le mérite. Pas de fautes. Bref, tout était parfait. Je te valide donc rang B avec 130 de renommée, t'ajoute dans les listings. Tes accès et ta couleur ne devraient pas tarder à t'être donnés.

Infos/Rappels :
─ Ta FT sera créée sous peu dans la zone HRP de ton groupe. N'hésite pas à consulter l'annexe expliquant le fonctionnement de ta FT et les modalités de passage ici
─ Tu peux créer ton propre carnet de bord ici
─ Pense à inclure le lien de ta présentation, de ton alter, de ta FT et éventuellement celui de ton carnet de bord dans ton profil !
─ Si tu es à la recherche d'un RP n'hésite pas à faire un tour ici ou à rejoindre directement le Discord du forum
─ Je vois que tu as déjà un très beau lien prévu avec Mai, mais n'hésite pas à te mettre en lien avec les forces de l'ordre : @Fubuki Nami par exemple. Tu peux également avoir croisé quelques-uns de nos civils @Sato Midori ou @Sato Kusuki. Bien évidemment, tu te doutes que je veux absolument avoir soigné Kanba...

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