[AV/T] Le jeu des conséquences

Jeune femme de 23 ans, Kagami ne présente pas un style haut en couleur. Des cheveux noirs mi-long, une peau pâle trahissant la rareté de ses voyages en extérieur, des yeux marrons perdus dans ses pensées, l’ingénieure porte sur elle une aura froid et mystérieuse. Son style vestimentaire est simple, sobre, constitué principalement de t-shirt monochrome et de jean, apportant rarement plus de couleur que le noir et le blanc. Du haut de son mètre soixante-cinq, elle semble toujours absente, distante, et ce ne sont pas ses rares expressions faciales qui aideront à la comprendre.


Autrefois,  Kagami était une enfant ouverte à la vie et souriante, insouciante des problèmes du monde. Néanmoins, après le licenciement de sa mère, ayant conduit à son suicide, la jeune fille changea du tout au tout pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Isolée et renfermée sur elle-même, la jeune femme n’est guère à l’aise avec les relations sociales, préférant écourter les conversations présentant peu d’intérêt à ses yeux. Néanmoins, elle s’avère plus ouverte devant des érudits ou personnes cultivées avec qui l’on peut entretenir des discussions profondes.

Pourtant, malgré son intérêt lors des discussions éclairées, l’ingénieure ne semble pas être dotée d’un goût prononcé pour la vie. Ce n’est pas qu’elle cherche à y mettre fin, loin de là, mais Kagami ne semble pas avoir d’activité autre que son travail, et ne rechigne pas à faire des heures supplémentaires dans le simple besoin de réaliser ses objectifs. Elle tend à vivre comme une machine, à penser de manière froide et calculée, ressemblant de plus en plus à un ordinateur à force de les côtoyer et d’entrer en symbiose avec.

Mais cela fait également de Kagami un être droit et incorruptible. Quand elle a en tête un but, un objectif, rien ne semble pouvoir l’en dissocier. La richesse et la reconnaissance ne sont qu’au mieux des outils pour parvenir au résultat voulu, au pire des distractions dispensables, mais en aucun cas des fins en soi. Ainsi, elle ne se soucie pas du code moral et des objectifs des personnes avec qui elle s’associe, puissent-ils être des criminels, tant qu’ils ne mettent pas en danger ses propres buts.


La jeune femme est naturellement une passionnée de modernité et d’informatique, ayant longtemps été persuadée que la technologie était une réponse universelle à tous les problèmes de l’humanité, que la science résoudrait tout en temps et en heure. Néanmoins, les évènements récents ont entièrement chamboulé sa vision des choses lorsqu’elle prit conscience que les humains dans leur globalité n’avaient pas la mesure ni le recul pour l’utiliser correctement.

Kagami naquit à Narra, fille d’un ingénieur et d’une journaliste. Les premières années de sa vie se passèrent sans incident, dans un foyer confortable et aimant, où sa vie semblait commencer pour le mieux. Des notes élevées, un comportement sage, une curiosité innocente, la jeune enfant ne présentait aucun trouble inquiétant.
Néanmoins, après avoir fait une sévère erreur lors d’un reportage, sa mère perdit son emploi du jour au lendemain. Son amour pour son travail et son instabilité psychologique rendirent le choc impossible à supporter, si bien que dans une crise d’hystérie elle s’ôta la vie le jour même.

Le climat familial changea à tout jamais. Le père de Kagami s’enferma de plus en plus souvent dans son atelier, et l’enfant délaissée en fit donc de même, préférant se plonger dans un univers virtuel et délaisser le monde réel. La mise sous surveillance de la jeune fille par le bureau des affaires d’alter, à cause du danger d’un tel pouvoir dans un monde dirigé par le numérique, n’aida pas à améliorer le climat global.
Son dossier scolaire dégringola, bien qu’elle parvint toujours à sauver ses années, grâce aux matières scientifiques qui semblaient bien être les seules à rester hautes.

Arrivé à l’adolescence, la pression sociale et son absence de projet fixe pour l’avenir la poussèrent à s’inscrire à Yuei, bercée par l’illusion que devenir une héroïne améliorerait sa vie. C’est son intelligence qui lui ouvrit les portes de cette stricte filière, s’étant démontrée apte à remplir ce rôle grâce à trois drones qu’elle conçut spécialement pour être manipulés par son alter: Le premier spécialisé dans l’espionnage et le sabotage, le second capable de transporter et manipuler de l’armement (bien entendu factice, à cette époque) et le troisième équipé pour localiser et extraire des blessés, ainsi qu’appliquer les premiers secours

En parallèle, la future femme maintenant passionnée de nouvelles technologies, et particulièrement d’informatique, entama la conception d’une IA pouvant calculer l’avenir grâce à une matrice complexe de probabilités, partant de l’idée que le meilleur moyen d’arrêter un crime était d’intervenir avant qu’il ne soit commis.

Passant finalement plus de temps sur ce projet qu’à suivre le cursus, Kagami obtint de justesse sa licence héroïque, encore une fois grâce à son esprit plus que sa volonté, car l’idée d’embrasser une carrière héroïque avait déjà quitté son esprit. Mais maintenant qu’elle officiellement une héroïne, la jeune femme se détourna complètement de cette voie avant même d’avoir commencé, entrant dans une formation pour travailler dans l'ingénierie robotique.

Elle rejoint ensuite la société Tharsis, un centre privé d’Astronautique, où elle y connut un second changement  majeur. En effet, après quelques années de service, l’ingénieure fût autorisée à implanter ERICHTO sur le système de Tharsis, afin d’anticiper le résultat de leurs prochaines inventions. Cependant, l’implantation de ce nouveau système déclencha une série d'événements connus sous le nom “Accident Erichto”, où quelques jours plus tard de nombreux dossiers secrets furent rendus public, sur Internet, révélant que Tharsis et son directeur étaient impliqués dans du trafic d’armes et fournissaient secrètement des missiles et roquettes au marché noir.

Kagami fût renvoyée et ERCHITO débranché, mais le mal était déjà fait. Une enquête fut alors lancée et pu confirmer la véracité des documents leakés, menant alors au démantèlement de Tharsis et à l’arrestation de son directeur, ainsi qu’à la mise en garde à vue de Kagami. Néanmoins, elle fut innocentée en démontrant qu’il y avait eu un bug dans le système, et qu'elle n'aurait eu aucun intérêt à perdre son emploi, mais est encore aujourd’hui toujours sous surveillance. Particulièrement à cause de la nature de son alter.


A présent,, bien que ce fût difficile, la jeune femme a retrouvé un emploi au sein de la société New Horizon, séduite par leur philosophie et leur approche écologique du déplacement spatial, qui correspondait à ses propres idéaux.

L’accident ERICHTO représente probablement le plus grand bouleversement qu’ait connu l’altérée. Officiellement, l’IA aurait dysfonctionné et agi sans approbation, mais la vérité est toute autre.
Il n’y a eu aucun “accident”.

Après avoir été branchée, et annoncée cette alarmante conclusion, la conceptrice du système commença à s’intéresser de plus près au cheminement qu’avait parcouru la machine pour donner ce résultat, et éventuellement vérifier s’il n’y avait pas eu d’erreur. Bien entendu, il était impossible d’accéder directement aux données: Il y avait là des profils d’employés, des logs de sécurité, des enregistrements de caméra, des dossiers parfois privés… Des informations auxquelles même Kagami, en tant qu'admin, ne pouvait accéder. Naturellement, il serait impensable qu’un humain puisse récupérer des choses aussi sensibles, c’était là l’une des conditions pour l’installation du système, et l’informaticienne avait pris soin de la respecter.

Néanmoins, prise d’impatience, et craignant les conséquences que ce résultat aurait sur sa position, l’ingénieure usa de son alter pour enfreindre l’interdit et vérifier qu’il n’y avait aucun problème dans le programme. Une petite, simple vérification, qui ne devait lui servir qu’à déceler un bug s’il y en avait un.

Mais alors Kagami tomba nez à nez sur des dossiers cryptés, des fausses factures, des contacts criminels, des dates et lieux de livraison non-recensés dans les transactions officielles, et comprit dès alors que l’entreprise pour laquelle elle travaillait n’était qu’une couverture pour couvrir un vaste marché de l’armement, et que toutes les “fusées” fabriquées ici n’étaient pas destinées à l’espace.
Elle comprit alors: La prédiction d’ERICHTO n’était pas fausse. l’IA avait réussit à anticiper que sa propre conceptrice tricherait avec les règles, et qu’elle ne pourrait rester inactive face à ça, dépassant donc de loin ses espérances en matière d’anticipation d’évènements.

C’est donc bien Kagami qui transmit tous les dossiers compromettants sur les réseaux publics, en générant volontairement un “bug” dans l’IA. Mais ce n’est pas tout.

Pour effectuer son plan, l’ingénieure dû donc connecter ERICHTO à Internet, ce qui mit donc l’IA face à une quantité faramineuse de nouvelles données qu’elle s’empressa de traiter, fidèle à son code. C’est alors qu’elle rendit à sa conceptrice un constat encore plus terrifiant:
L’humanité allait s’auto-détruire, dévorée par ses propres créations, dont le potentiel échapperait à leur contrôle.

Est-ce vraiment de le destin des humains? ERCHITO peut-elle vraiment anticiper les choses à ce point? Est--elle assez performante, précise?  Ces questions n’ont, en vérité,  pas d’importance, car le futur est encore à écrire. Ce qui compte ici, c’est que Kagami en est absolument persuadée. Que cette révélation venait de lui donner un but, la raison d’être qui lui avait manqué toute sa vie…

Kagami a donc eu une prise de conscience: Si les gens, le public comme les hautes-personnalités, ne comprenaient pas l’épée de damoclès virtuelle qui se tenait pendue au dessus de la société, les conséquences pourraient être dévastatrices pour le monde entier. Des conséquences sociales, économiques, et écologiques.

L’ingénieure s’est donc donnée pour vocation de transmettre un message, de mettre le monde face aux conséquences de ce qu’il utilise tous les jours, prétendant en maîtriser les dangers, mais n’ayant fait que fermer les yeux devant les problèmes: Armements de plus en plus mortels et intelligents, réjection de produits toxiques, harcèlements sur les réseaux sociaux pouvant mener à des suicides, entre autres. Et tout cela face à une population endormie par des médias mensongers.

L’altérée espère être une étincelle, déclencher une prise de conscience générale. Pour l’instant, elle désire agir sans pertes humaines, en limitant les dégâts collatéraux, espérant ne pas avoir besoin d’aller à l’extrême pour rendre son message impactant…

Kagami définit sa vie en fonction de son alter, ne cessant de l’utiliser pour se plonger dans un univers virtuel, stimulée par la puissance des machines avec lesquelles elle communie, bien qu’elle soit officiellement défendue de le faire. Néanmoins, la nature même de l’alter rend son utilisation discrète et facile à cacher, et la mutante prend bien soin de ne laisser aucune trace évidente de son utilisation au quotidien. L’évolution de son caractère, et surtout les prouesses techniques qu’elle réalise sont bien entendu des éléments suspects, mais le Bureau n’a jusqu’à présent jamais eu de preuve solide contre elle.
Pour elle, qui a l’habitude de mélanger son esprit à des processeurs capables de traiter plusieurs tâches simultanément à grande vitesse, la vie “réelle” paraît fade et lente.

Concernant les alter en général, sa philosophie est simple: On ne peut stopper l’évolution. Bien qu’elle entende briser allègrement les lois, la jeune femme n’est fondamentalement pas contre une régulation de pouvoirs aussi dangereux, mais considère avec mépris la discrimination anti-altéré.

Elle trouve néanmoins très hypocrite le fait que seuls les “Héros” puissent s’en servir pour les intérêts de leur pays, comparant cela à une tentative pour le gouvernement d’interdire officiellement ces “armes”, tout en s’en appropriant le potentiel sans même s’en cacher.

Quelle est votre définition de « Crime » et quelle serait votre réaction face à un crime ? Seriez-vous celui qui commet, celui qui défend, ou bien spectateur ? Avez-vous une expérience liée au crime? En avez-vous commis ? En avez-vous arrêté ?


Kagami définit froidement un Crime comme une action allant à l’encontre des lois en place. Étant publiquement une héroïne, bien qu’inactive et très controversée depuis l’affaire Tharsis, Kagami pourrait certainement intervenir face à un crime violent, dans la mesure de ses capacités, mais ce ne sera pas sans calculer les risques pour sa propre vie.

Néanmoins, la jeune femme lutte plus activement, à sa manière, contre certaines formes de crime.  Elle n’a pas de scrupules à détruire des personnalités publiques en révélant leurs méfaits sur Internet, à lutter contre les cyber-criminels, et à aider au démantèlement de trafics d’armes ou de technologies dangereuses.

Bien qu’au final, Kagami commette autant de crimes qu’elle n’en résout , en utilisant librement son alter, en volant des données personnelles, en dérobant, détournant ou détruisant certaines technologies… La jeune femme suit son propre code, bien consciente que ses actions sont criminelles aux yeux de la société, mais demeure persuadée d’agir pour le bien commun.

A l’époque de Yuei, Kagami se spécialisait dans les missions d’infiltration et de récolte d’information, utilisant sa maîtrise du monde moderne pour soutenir ses équipiers et réaliser ses objectifs. Elle disposait également d’une flopée de drones, pour le combat ou les missions de sauvetage.  Mais à présent, la mutante, bien qu’ayant reçu sa licence, n’exerce plus aucune activité héroïque et travaille officiellement dans le civil. Il s’agissait bien d’un choix, Kagami s’estimant plus à sa place dans un atelier personnel, à chercher des solutions pour améliorer le monde globalement (comme ERICHTO) plutôt que sur le terrain avec les autres héros, ou dans les coulisses à fabriquer leur équipement.

Mais à présent, Kagami mène une double identité de “Vilaine”, bien qu’elle préfère se considérer comme une sorte de Justicière incomprise, agissant dans l’illégalité et le secret le plus total. Car Kagami ne revendique jamais ses activités, pas même sous une autre identité, afin de limiter l’attention sur elle. Cependant, il n’est probablement qu’une question de temps avant que les gens ne fassent le lien entre ses actions. En attendant, il est préférable pour elle de soigner son image publique...

La mutante attend donc patiemment que cela arrive, que les médias créent d’eux-mêmes son identité, avant d’agir plus directement sous le masque que la société souhaitera lui donner.