[AV/T - NF] Altaïr -

À quoi ressemblait notre protagoniste ?

Un grand homme aux cheveux d’albâtre mesurant le mètre quatre-vingt-dix et pensant au moins le même poids. Un bon ratio, un type parfaitement bien proportionné. Sa musculaire était bien visible, et ce, qu’importe ce qu’il portait. Il portait généralement un costume trois pièces lorsqu’il était en civil, ou une tenue de combat avec son épée fétiche. Ce n’était pas un physique excessif, un golgoth, comme cela pouvait être visible chez certains bodybuilder. Là, non. On pouvait sentir que ses muscles étaient forts, endurants et explosifs. Cela résultait certainement de sa vie de criminelle, de sa formation et probablement de sa génétique. Cela pouvait aussi provenir de son alter qui nécessitait d’avoir un corps robuste. De nombreuses cicatrices étaient visibles sur son dos, son buste et son abdomen, du moins pour les chanceuses qui avaient la chance de passer de belles et douces nuits à ses côtés. Ce dernier détail n’avait que peu d’importance, si ce n’était pas un passif pour le moins tumultueux. Mais un autre élément pouvait impressionner quand Altaïr se présentait à vous. Si l’on faisait abstraction de sa mâchoire carrée, des petites cicatrices, de ses traits agressifs et de sa pilosité blanche, on pouvait se perdre dans les yeux de cet homme. Des yeux noisettes, puissants, inspirant à la fois une puissante intensité, un immense brasier, mais également un froid à vous glacer le sang. Il ne s’agissait pas d’un homme lambda que l’on croisait par hasard dans la rue. Là, c’était un homme qui vous marquait à vie par sa simple stature lorsqu’il se tenait face à vous. Puis, pour faire simple, si vous étiez amenés à croiser son chemin, ce serait certainement la dernière personne que vous verrez. Sa profession oblige. Quand il marchait, son buste était toujours droit et son regard toujours porté vers l’avant. Il ne regardait jamais derrière lui. Jamais.


Qui se cachait derrière cet homme aux cheveux d’albâtre ?

Altaïr ne parlait que brièvement avec autrui. Moins il communiquait et mieux il se portait. L’essentiel se passait uniquement dans sa tête, perdu dans un torrent de songes éparpillées. Une voix grave mais discrète, limite timide mais pourtant pleine d’assurance. Il était en réalité souvent sûr de ce qu’il rapportait. Parfois, grâce à des personnes que l’on pouvait considérer comme ses « amis », un léger sourire, un rictus, pouvait s’afficher sur ses lèvres. Ce même sourire pouvait survenir quand il était confronté à une situation délicate ou qu’une personne s’adressait à lui de manière inapproprié. Cet homme pouvait obéir à des ordres, mais il appréciait peu le manque de respect. Cependant, ce n’était pas le genre à s’esclaffer ou s’emporter pour une insulte, c’était la raison pour laquelle il souriait avant de s’en aller. Ou alors était-ce un tic ? Certains prenaient cela pour la condescendance, sauf qu'ils étaient complètement à côté de la plaque. Moins il se faisait remarquer et mieux il se portait. Pourtant, son CV était rempli de cadavres et de personnes torturées jusqu’à vouloir mourir. Néanmoins, à l’écouter s’exprimer sur le sujet, il ne faisait que le nécessaire. Ni plus ni moins que le nécessaire. Tout résidait dans la question suivante : « Tuer ou être tué ? » Altaïr traînait dans plusieurs magouilles. Il bossait essentiellement pour riches hommes d’affaire qui lui ordonnaient d’éliminer certains individus ou de récolter certaines informations. Il en savait un paquet sur le milieu de la pègre, contrôlé par les plus puissants de ce pays et d’ailleurs. Réputé pour ses services, cela lui permettait de vivre uniquement de sa profession. Malheureusement, et il le regrettait car ce n’était pas sa guerre, il dût tuer certains héros qui l’empêchaient naturellement de faire son travail. « Tuer ou être tué ? » L’arrestation n’était également pas permise. Donc effectivement, cet homme qui avait son propre code de conduite, n'hésitait pas à enfreindre certaines de ses propres règles pour survivre. Ce verbe sera utilisé de nombreuses fois encore.

Retraçons brièvement le parcours de cet homme.

Pour faire simple, il ne connaissait pas ses parents. Commencer une vie sans cette information cruciale était de suite préjudiciable. Mais il n’a jamais été seul pour autant. Il se souvenait d’un homme qui s’occupait de lui, qui l’a entraîné et instruit durant toute son enfance. Il apprit plus tard qu’il a en réalité été formé par les Yakuzas, notamment l’un des plus grands formateurs de l’organisation, directement son domicile reculé de la vie citadine. Les Yakuzas étaient souvent dans les pires magouilles. Là, il s’agissait d’un trafic d’enfants qu’ils récupéraient, abandonnés ou vendus par leur famille, pour en faire de véritables tueurs. Un projet toujours en cours.

Les années passèrent, Altaïr atteignait l’âge de raison et n’avait aucune  notion du monde extérieur. Il y avait avec lui d’autres enfants, mais ils n’étaient pas là pour s’amuser comme le feraient d’autres enfants du même âge. Au contraire, il connut la mort pour la première fois. Pas la sienne malheureusement. Ces enfants étaient soumis à des entraînements de trop haute-intensité. Le métabolisme d’un enfant permettait certes une récupération facile, le tout était de resté dans la limite du raisonnable. Cette limite n’existait pas ici. Entre les affrontements, les entraînements techniques au combat rapproché et les entraînements à l’utilisation de l’alter, les semaines étaient vite remplies. Pour en revenir à ce premier décès donc, c’était un de ses camarades dont le corps ne supportait plus la charge de travail, usé par les efforts et les coups. Il comprit à cet instant que certains étaient conçus pour certaines tâches que d’autres ne pouvaient accomplir. Il ne pensait pas être meilleur que d’autres, car il constatait que chacun avait ses propres qualités, mais aussi ses faiblesses.

Le second mort, cette fois-ci de ses propres mains, arriva quelques années plus tard au cours d’un affrontement. Il n’était pas rare de voir des règlements de compte chez ces jeunes pubères, que leur instructeur arbitrait lui-même avec grand plaisir. La règle interdisait de refuser un duel, alors Altaïr était obligé d’accepter ce défi. « Tuer ou être tué. » Seules ces deux options existaient lors de duels à mort. Le jeune homme aux cheveux blancs se trouvait face à un son adversaire, un futur assassin pas très rapide mais très résistant, car son alter consistait à durcir son corps de roche. Les attaques d’Altaïr, avec sa pauvre épée, n’étaient a priori pas très efficace. Il manqua de peu de la rompre à plusieurs reprise jusqu’à changer stratégie. À l’aide de son alter, il bondit à grande vitesse en direction de sa proie, renforçant son arme d’un puissant courant d’air aussi tranchant qu’une scie. Cette synchronisation de tous ces éléments en firent une puissante attaque qui, à l’impact, provoqua l’érosion de la roche sur l’un de ses flancs, creusa jusqu’à la chair et fendit presque en deux son camarade. L’instructeur sourit et ordonna aussitôt d’achever la souffrance de cette personne qu’il jugeait maintenant d’incompétente. La défaite était une défaite dont on ne pouvait se relever d’après cet homme. Malgré les yeux larmoyants de son partenaire, Altaïr redoutait davantage les coups de son maître et préféra lui obéir en fermant les yeux.

À partir de seize ans, maintenant devenu suffisamment fort pour affronter des adultes, il fut envoyer pour effectuer diverses missions d’assassinat, comme d’autres de ses camarades. Le projet semblait porter ses fruits, puisqu’il était couvert de succès. L’absence de sentiment, l’efficacité au combat, la résistance, de chacun de ces assassins dépassaient toutes les attentes. Mais maintenant qu’ils étaient lâchés dans le monde ordinaire, tandis que certains rentraient aussitôt le travail terminé, l’adolescent aux cheveux d’albâtre désirait en apprendre davantage. Comme tout homme de son âge, il découvrit l’alcool et les femmes. Quels plaisirs ressentait-il. Cela ne l’empêchait pas de faire son boulot, bien au contraire, puisqu’il comprit que ces plaisirs continueront d’avoir lieu grâce à l’argent gagné.  

Lorsqu'il atteignit la vingtaine et qu'il pensa avoir acquit suffisamment d'expérience, il décida de quitter les Yakuzas et travailler pour son compte. Sauf qu'on ne quittait pas les Yakuzas à moins de mourir. Alors il fut traqué sans relâche, parfois par d'anciens camarades, qu'il tua évidemment sans aucune hésitation. « Tuer ou être tué », toujours la même chose. L'organisation criminelle comprit qu'ils allaient perdre beaucoup en continuant de la pourchasser puis, comme pour se rassurer, estima qu'Altaïr leur avait suffisamment rapporté. Ce qui était en réalité loin d'être faux. Déjà populaire dans le milieu, le jeune homme aux cheveux d'albâtre n'eut aucune difficulté à trouver d'autres employeurs qui le payèrent grassement pour ses services. Cela lui permit d'avoir davantage de temps pour lui, pour continuer se perfectionner, mais aussi profiter de l'oisiveté que proposait cette vie citadine.

Évidemment, ce n'étaient que des bribes de son histoire. Inutile d'insister sur son désir découvrir qui il était réellement, d'où venait-il et qui était réellement sa famille. Des questions existentielles qu'on ne lui permettait pas d'avoir.

Alors qu'Altaïr venait d'achever un de ces assassinats, il essuyait sa lame à l'aide d'un tissu qu'il transportait toujours avec lui. Il pensait en avoir fini jusqu'au moment où il aperçut de la lumière au travers de sa lame : une flamme bleue. Il fut projeté par cette flamme, brisant la fenêtre se trouvant derrière elle et se laissant tomber dans le vide. Qui pouvait être derrière cette attaque ? Des flammes bleues, c'était quelque chose de peu commun et il ne connaissait  personne dans son entourage capable d'en manipuler. D'ailleurs, un amas de flamme quittait cette même fenêtre et pourchassait sa cible. Un combat aérien commença dans les rues animés de la ville, passant pour un eu d'artifice qu'autre chose. Hors de question de mourir, de se faire capturer ou d'être repéré. Il tentait de fuir en direction des forêts, entraînant son adversaire qui le poursuivait sans relâche en l'attaquant. Il souhaitait visiblement en finir rapidement et l'assassin semblait en comprendre la raison. L'endurance. Plus il tardait et moins il avait de chance d'atteindre sa cible. The Butcher se déplaçait de manière économique et n'avait aucune attaque. Il savait pertinemment que le combat était joué d'avance. Mais alors qu'il parvenait enfin à rejoindre la forêt, l'amas de flamme s'arrêta, laissant apparaître une silhouette que l'on ne pouvait pas déchiffrer.

- Je te retrouverai, grand frère, car nos liens sont puissants et éternels, dit le poursuivant.

Il n'avait plus jamais revu cette personne. Parfois, il se demandait ce que tout cela voulait dire, mais il s'en moquait un peu. Les futilités ne l'intéressait guère. Néanmoins, bien conscient qu'il n'avait jamais connu sa famille, il désirait intérieurement en savoir davantage. Il vous mentira en disant le contraire. Ça ressemblait à une anecdote à la con qui aura plus tard son importance.

La réponse à cette question sera des plus rapides. En effet, Altaïr fut élevé dans des conditions assez particulière, et si ce n’était le sang versé, les femmes, l’alcool et l’argent, peu de choses l’intéressaient. Il n’avait que faire de la politique, il les savait tous pourris jusqu’à la moelle. Il se foutait encore plus des jeux et émissions télévisées qui abrutissaient la population. Ce n'étaient que des exemples, mais toutes les conneries qu'il pouvait observer dans cette société étaient pour lui futiles. Il ne ressentait rien. Il ne donnait son avis sur rien. Il faisait uniquement son travail pour subvenir à ses besoins.

Mais attention ! Des rencontres peuvent faire évoluer une personne. Ne soyons pas étonnés de voir notre cher Altaïr emprunter des chemins qu’on ne lui réservait pas. Sa curiosité le poussait parfois à s'intéresser et s'interroger sur des choses qu'il lui aurait été interdit autrefois. Redécouvrir tant d'éléments faisait de l'assassin un nouveau né.

Altaïr voyait son alter comme extrêmement efficace. Élégant, raffiné, lui permettant de se mouvoir avec aisance et rapidité. C’était tout ce dont il avait besoin. En cas de danger, il pouvait générer de puissantes attaques qui, certes, l’épuisaient mais qui pouvaient le sortir des beaux merdiers. Et pour ce qui était de leur existence, pour être tout à fait honnête, il n’y avait jamais réellement songé. L’utilité d’un alter était pour lui évidente, ça permettait bien des choses. D’autant plus que, comme beaucoup d’autres, il était né avec ces facultés, alors c’était simplement naturel. Il ne jugeait pas ceux qui n’en possédaient pas, puisque les puissants de ce monde étaient souvent sans alter. Il en conclut simplement que dans ce monde, il était bien évidemment plus simple d’effectuer ses missions avec son alter, mais que des types sans alter avaient évidemment le pouvoir le descendre plus bas que terre. Il avait aussi rencontré des personnes sans alter capables de mieux faire son boulot que lui. Utile donc, mais pas indispensable.

Difficile de développer davantage. The Butcher avait grandi dans les crimes et les meurtres. Ce n’était pour lui que le moyen de subvenir à ses besoin, son travail en somme. Et évidemment son moyen de survivre dans cette jungle. On pouvait dire qu'il était complètement trempé ou bercé dedans depuis sa plus tendre enfance. Pas directement mais progressivement. S'il pouvait éviter de tuer inutilement, il le faisait. Il épargnait également les enfants et les animaux qu'il jugeait innocents du Mal de ce monde. Faisait-il le Bien ou le Mal ? La réponse lui était indifférente et il n'était pas capable d'y répondre lui-même.

Vilain ? Pourquoi ce choix de carrière ? La question serait pour lui presque insultante. Si seulement lui avait-on laissé le choix. Il serait probablement en train d'étudier diverses choses, de faire la fête, de fonder une famille. Il n'en était absolument rien de tout ça. Sa vie ne se résumait qu'à obtenir des contrats, les réaliser et empocher ses gains qu'il allait claquer dans les femmes et l'alcool. Se nourrir, forniquer, boire - sans doute pour oublier les visages qui se s'étaient éteints de ses mains - et recommencer. Depuis sa plus tendre enfance, Altaïr n'a été formé que pour tuer et rien d'autre. Les sentiments que tous ressentaient ont été effacés chez lui, jugés inutiles pour ce qui lui était réservé de faire, à savoir faire le ménage. Mais ce qui était inscrit dans le code génétique n'était pas effaçable. Certaines choses viendront peut-être avec le temps ? À noter que l'assassin ne se sentait ni bon ni mauvais, n'avait pas l'impression de faire ni le bien ni le mal. Il était simplement là pour faire ce qu'il devait faire.