[AV/T - HA] Yosei Aoi

Elle apprécie la vie qu'elle mène à l'heure actuelle. Aoi est tout à fait consciente qu'elle a fait de nombreuses erreurs par le passé et qu'elle continue d'en faire au quotidien, mais ce sont ses erreurs qui font ce qu'elle est aujourd'hui. Elle est suffisamment lucide pour savoir qu'on ne peut pas revenir en arrière et qu'il ne sert à rien de trop repenser au passé. Ce qui est fait est fait. Apprendre de ses erreurs & aller de l'avant, c'est un petit peu son motto. Elle n'est pas du genre à se lamenter sur son sort, à constamment ressasser des événements passés, à contempler des "et si" ou à se morfondre. Non pas qu'elle s'en fiche et ignore tout cela, simplement que ça ne lui apportera jamais rien d'autre que de la retenir en arrière inutilement. Les gens qui ne font aucune erreur sont des gens qui n'évoluent pas. Les gens qui font des erreurs et restent piégés dans celles-ci sont des gens qui n'évoluent pas. Pour progresser, pour devenir meilleur, pour ne pas s'effondrer sur soi-même, il faut faire des erreurs, il faut apprendre de ses erreurs et ainsi évoluer en tant que personne. C'est ce qu'Aoi s'efforce de faire chaque jour. Ne pas oublier ses erreurs du passés, ne pas fermer les yeux sur celles qu'elle accompli régulièrement, mais apprendre de celles-ci, apprendre à les éviter, apprendre à être meilleure (quand nécessaire).

Vous savez, quand on vit sa vie au jour le jour sans vraiment trop se projeter, répondre à ce genre de question est assez délicat. D'un côté, ça fait faire un petit exercice d'introspection personnelle qui peut être intéressant, révélateur pour certains même, si ils ne se connaissent pas eux-mêmes. Mais je me connais, moi. Je pourrai vous parler des rêves que je fais la nuit, mais ça serait un peu hors sujet, n'est-ce pas ?

Si vous attendiez une réponse du genre : "Je veux devenir le plus grand des héros !" ou bien "Les humains doivent apprendre qu'ils sont inférieurs !", etc, vous êtes tombés sur la mauvaise cliente. Pas d'objectifs monumentaux ici, pas de bravade inutile. La vie me tend un paquet de cartes faces cachées, j'en pioche certaines et je compose avec la main que j'obtiens, c'est aussi simple que ça.

Pour ce qui est des idéaux, je ne crois pas vraiment au bon et mauvais absolu, personne n'est tout blanc ni tout noir. Et puis, de quels idéaux parle-t-on d'ailleurs ? Idéal de justice ? Idéal de vie ? Idéal de femme ? Pam', Pam est un bon prénom pour un idéal de femme, mais je m'égare ! Idéal de femme disais-je, idéal vilain ? Idéal héro ? Tout ce que je peux répondre à ça, c'est que je n'aime pas quand tout se passe exactement comme prévu, exactement comme ça devrait l'être. L'ordre a un je ne sais quoi de barbant, vous ne trouvez pas ? Non pas qu'il y ai un mal à porter la barbe ou la moustache, tout le monde est libre, même moi d'ailleurs, mais voila.

Je pense que le monde entier gagnerait à avoir ce petit grain de folie. J'aime à penser que les humains forment ce petit grain de folie de la Terre. Où les chats, les chats sont un peu foufous des fois quand même. Pourquoi ces mêmes humains cherchent à tout normer dans leurs vies ? A devenir si fades ? Je trouve ça amusant qu'à la fois ça cherche tant à tout réguler, à tout faire rentrer dans des cases, dans cette idéal de justice justement, puis qu'après on vienne représenter cette dite justice avec des culottes sur le visage et des collants par dessus les vêtements. Ah ben, il est là notre petit grain de folie en fait ! Pas si loin que ça finalement, il suffit de lever les yeux vers les héros et villains qui jonchent notre monde aujourd'hui.

Vous vous en êtes surement déjà rendu compte à ce stade de votre lecture, mais l'alter d'Aoi est très déterminant dans sa vie, ce n'est pas simplement quelque chose qu'elle possède, ou qu'elle utilise de temps en temps. C'est quelque chose qui la caractérise, qui fait d'elle ce qu'elle est. A la même manière que la couleur de peau est déterminante pour certaines personnes dans certains contextes. Tout un chacun s'attache à un petit détail à propos d'eux-mêmes pour se définir. "Je suis petit", "Je suis belle", "Je suis célèbre", "Je suis riche", "Je suis blanc", etc ; pour Aoi, il s'agit de son alter, de ce pouvoir si particulier. Tout à son sujet pourrait être changé qu'elle ne clignerait pas des yeux. Ce pouvoir, c'est son identité, c'est la seule chose dont elle ne se séparerait jamais.

L'existence des alters d'une manière générale, elle l'apprécie. Cela amène un petit grain de folie et d’inattendu à sa vie de tous les jours. Tout peut arriver à tout moment. Non pas que n'importe qui puisse faire n'importe quoi, mais bel & bien que tout peut arriver. On ne sait jamais à quel moment quelqu'un ayant les capacités de transformer une machine à sous en tank fera son apparition. Autant cette pensée rendrait beaucoup de gens assez fous si ils y réfléchissaient trop souvent, autant cela amuse et divertit Aoi au plus haut point. Les alters et leur utilisation font que la vie ne sera sans aucun doute jamais fade. Elle s'amuse régulièrement avec un petit jeu mental. Vous savez, dans une file d'attente, on se prend souvent à s'imaginer tout un tas d'histoires à propos des gens autour de nous. Pourquoi sont-ils là, quelle vie ont-ils, pourquoi tirent-ils la gueule aujourd'hui, etc. Aoi s'amuse régulièrement à imaginer quel pourrait être leur alter si ils en avaient un, en fonction de leur faciès, leur langage corporel, etc.
En bref, pour elle, les alters sont une bénédiction.

Le rapport de cette triste nuit compile les témoignages de nombreux voisins et employés du casino où travaillait Yosei. Une journée difficile, entrecoupée de conversations téléphoniques houleuses avec ce qui semblait être le domicile familial. Des soupirs à foison, le ton avait été haussé à de nombreuses reprises. "Boss était clairement à bout, tout le monde a fait ce constat." Une surcharge physique au travail, mentale et morale en dehors. Les gens poussés à bout sont capables de faire des choses inexplicables.

Les voisins qui l'ont vu décrivent tous sans la moindre difficulté la personne la tête entre les mains, soufflant à de nombreuses reprises, fatiguée, incapable de franchir la porte de sa propre demeure. Beaucoup de disputes avaient été relevées récemment et ce soir là ce fut qu'une de plus, sensiblement plus dramatique à priori. Des hurlements mais pas de mots distinguables de l'autre côté de la rue tout de même. Puis un coup de feu, c'est là que la police a été appelée puis est arrivée rapidement sur les lieux.

Personne ne répondait à la porte, ils enfoncèrent la porte sans trop tarder. La maison était silencieuse. Des pleurs étouffés se faisaient alors entendre malgré tout. C'était dans la cuisine. Madame Yosei gît par terre, inerte, dans ce qui s'avéra être son propre sang. Non loin de là se trouvait Monsieur Yosei, "Boss", comme l'appelaient ses employés à l'un de ses casinos. Arme à feu à ses pieds, qui se trouvaient suspendus à quelques centimètres du sol, il s'était pendu.

Dans le coin de la pièce, pleurant, ligotée, bâillonnée, se trouvait Yosei Aoi, leur jeune fille, qui avait été contrainte d'assister à cette cruelle scène entravée sur une chaise. C'était il y a 16 ans. Un meurtre puis un suicide, connaissant M. Yosei, et avec tous les témoignages mis à disposition, personne ne pouvait remettre ce verdict en cause.

La vérité, c'est que les crises d'adolescences sont parfois difficiles à vivre et cruelles, aussi bien pour les enfants que pour leurs parents. Aoi ne s'entendait plus vraiment avec ses parents depuis des années. Un père très peu présent et une mère au foyer bien trop lasse pour imposer quoi que ce soit. Une éducation inexistante laissée aux seules expériences de la vie d'Aoi. Ajoutez à ça la découverte d'un Alter et vous obtenez ce cocktail explosif.

Cette soirée qui changea la vie de nombreuses personnes fut le résultat de semaines de planifications. Semaines à chercher la petite bête chez sa mère comme son père, les pousser à bout l'un contre l'autre pour créer le climat parfait. Le tout au final n'était que de la mise en scène. Ligoter sa mère et se préparer à se pendre soi-même, arme en main, faire chavirer son père avant son retour, puis juste un jeu d'échange de positions au moment opportun et... voilà.

La seule chose qu'elle n'avait pas prévu, c'était l'après. Quoi faire après ? Il lui fallu composer avec l'héritage de son père. Elle était trop jeune donc du attendre plusieurs années pour cela et les premières années après ça furent difficiles pour les casinos de M. Yosei. De mauvais choix, une direction pas au top lié à un staff trop opportuniste et une petite Aoi pas prête à ce nouveau monde. Aujourd'hui tout va mieux, mais elle n'est à la tête que d'un seul bâtiment au lieu d'un grand nombre.

La réaction d'Aoi à un crime serait très dépendante et variable suivant la situation et le crime en question. Elle possède une appréciation du bon/mauvais très distincte de la norme commune. Là où beaucoup pourraient tracer une ligne claire et définitive pour scinder la population en deux, tout en s'accordant sur leur point de vue les uns les autres, Aoi ne serait pas vraiment à même d’acquiescer avec cet état de fait.

Le plus simple serait de prendre un exemple concret : un meurtre, au hasard. Mettons qu'Aoi assiste à la scène. Sa réaction dépendra bien entendu de la situation. Est-elle seule ? Les forces de l'ordre sont-elles déjà dans les environs ? Un héros serait proche ou déjà présent peut-être ? Le tueur, est-il un simple humain ? Un vilain connu peut-être ? Comment s'y est-il pris ? Couteau ? Arme à feu ? Tant de variables, tant de situations distinctes pour tant de réactions différentes. Elle est bien loin du genre à se jeter à corps perdu pour protéger la veuf et l'orphelin. Après tout, Aoi n'est pas une héroïne et ne compte pas le devenir.

Les humains sont bien moins complexes qu'on se le laisse entendre et qu'on aimerait se le faire croire. Globalement on peut faire le raccourci que si Aoi assiste à un crime et qu'elle est entourée de plusieurs autres personnes, elle ne fera rien. A l'inverse, il est bien plus probable qu'elle intervienne dans la mesure du possible dans l'éventualité où elle se retrouve seule. Après tout, seule, la petite pensée "quelqu'un va faire quelque chose" a beaucoup moins de chances de traverser son esprit qu'au milieu d'une foule.

On pourrait penser qu'être le propriétaire d'un casino voulait dire qu'on pouvait se la couler douce chez soi toute la journée pendant que les caisses se remplissent d'elles-mêmes. Techniquement, cela est surement vrai pour de nombreux établissements, le propriétaire et la direction étant deux entités bien distinctes avec des rôles bien définis. Cependant, Aoi a un rôle clé dans la réussite de son casino. C'est pourquoi elle y est la majeure partie du temps. Bien sur il y a des jours où elle n'y met pas les pieds, ou alors que très peu, après tout, elle ne se satisferait jamais d'un train-train quotidien devenant trop régulier.

De par son apparence si unique, quand elle est maquillée pour surtout, elle est presque une attraction phare de son propre établissement. Jouant là dessus, elle apprécie faire le show, usant et abusant de son alter pour effectuer des tours de magie et arranger la foule. En quelques sortes leur faire oublier qu'ils sont là pour perdre tout leur argent. Ce casino n'est plus tant un casino où l'on vient pour essayer de gagner et où à la fin la maison l'emporte, mais plutôt un théâtre où vous payez pour être divertis ; et qui est aussi un casino. Son alter est également utilisé pour s'assurer que personne ne triche et si jamais quelqu'un commence à trop gagner, mettre fin à sa série veinarde. Rien n'est laissé au hasard.

Il serait un peu tiré par les cheveux de dire qu'Aoi est une célébrité tant la clientèle de son établissement est une clientèle de niche, mais il existe bien peu de monde un minimum intéressés par les casinos, spectacles ou bien passant dans le quartier, qui ne la connaissent pas. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle apprécie ses quelques jours "off" loin du casino. Là où elle peut marcher dans les rues et vaquer à ses occupations sans être interpellée ou bien dérangée par les messes basses des gens alentours qui la reconnaisse (même lorsqu'ils ne l'arrête pas pour diverses raisons). Chose amusante dans la mesure où lorsqu'elle s'éloigne de son casino, cela devient elle qui prend l'habitude d'aborder les gens sans raison dans la rue, leur parler furtivement, jouer avec eux, etc.

A l'inverse, les journées passées au travail se font au contact des gens, pas tant inconnus qu'on aimerait le penser. La clientèle à ses petites habitudes, la majorité des personnes présentes sont des habitués. Un casino qui se respecte garde des notes sur chacun de ses passants, pour mieux s'adapter à eux à leurs retours et les inviter à revenir d'avantage à l'avenir. En contact permanent avec sa salle de contrôle lorsqu'elle prend un bain de foule, le tout est fait pour qu'elle est un accès permanent aux informations de leur base de donnée, mais également de l'équipe de surveillance. Être à l'affut de toute fourberie quelconque pour pouvoir intervenir discrètement bien comme il faut

Une fois la journée terminée, elle retourne systématiquement dans son modeste petit appartement. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Aoi n'est pas particulièrement riche. Sa "fortune" personnelle et les revenus du casino étant bien entendu distincts. De plus, elle est très modeste quand à sa contribution à la vie de l'établissement et ne se reverse donc que le minimum vital comme salaire, estimant que c'est son amateurisme qui est la raison pour laquelle le nom "Yosei" n'est plus attaché qu'à un seul bâtiment du genre.