[AV-T-SJ]How I met my mother - Ethan Kagehika

1 mètre 60 pour 50 kg, Ethan avait une corpulence plutôt normale. Il n’avait sans doute pas fini de grandir puisque la puberté avait à peine commencé à l’atteindre. Et encore, chez certains garçons, elle pouvait arriver plus tard. Il avait une tignasse blonde plutôt courts et légèrement ébouriffés. Ses yeux étaient d’une couleur ambrée.

Près de l’adolescence, il avait des petites phases de caprice. Ethan était d’habitude très conciliant, et obéissant aux adultes, mais il avait développé ce petit rejet d’autorité lorsque le sujet tournait autour de son avenir ou de l’histoire des Dawson. De nature calme, il ne s’énervait pas énormément. Lorsqu’il devait faire face à des difficultés, plutôt que d’en parler à des proches, il préférait les garder pour lui. Un peu comme s’il voulait encaisser les coups durs et devoir les gérer lui-même, à sa manière.
Tout comme bon enfant de son âge, le blondinet pouvait quand même continuer à s’émerveiller pour des petites choses banales, ou merveilleuses, tout dépendait du point de vue. Et parfois, il suffisait d’un rien pour l’amuser.

Né sous le soleil de Bridgeton dans le New Jersey aux Etats-Unis, il avait ouvert pour la première fois ses paupières là-bas : Ethan Dawson. C’était dans l’amour qu’il avait passé une partie de son enfance, grâce à ses deux parents. Il n’y avait rien à redire sur ces deux-là. Ils s’aimaient, et avaient une très bonne situation pour s’occuper de la petite tête blonde. Sa mère était une écrivain moyennement connue. Au mieux, elle avait réussi à exporter quelques-uns de ses titres à l’étranger, notamment au Japon. Peut-être que certains connaissent le roman « Sous la grande étoile » de Lana Dawson. Du côté paternel, il avait un père ingénieur en automobile, Norman Dawson. Depuis le début de sa carrière, il était resté chez Toyota, grand fidèle. Il montait les échelons au fur et à mesure, jusqu’à ce jour où il avait fini par recevoir une promotion, venant directement de la branche japonaise, la principale et la meilleure de toute. Autant dire qu’une opportunité comme celle-là, la famille n’avait pas pris plus d’une semaine avant de donner une réponse. La réponse fut positive, et en avant vers le Japon.

Quant à l’enfant né de l’union de Lana et Norman, contrairement à ses parents, lui était doté de quelque chose en plus, quelque chose que les deux adultes n’avaient pas : un alter. Il s’était manifesté il y a quelques années à l’école primaire, alors qu’il avait failli blesser l’un de ses camarades, un ami. Au final, rien de grave n’était arrivé. Mais ce jour-là, Ethan en avait tiré une leçon : celle de faire confiance à ses parents et d’obéir lorsqu’ils lui interdisaient de l’utiliser, et ce, pour n’importe quelle raison. D’autant plus qu’il ne savait pas l’utiliser, il pourrait même finir par électrocuter quelqu’un. Bien loin de la crise d’adolescence à ce moment-là, il n’avait pas désobéi une seule fois sur ce sujet. De manière générale, il avait toujours été le petit garçon que n’importe quel couple avait souhaité. Le blondinet n’était pas parfait, loin de là, mais dans l’esprit des étrangers à la famille, il faisait en sorte d’y ressembler le plus. Et pour ses parents, il essayait fortement de ne pas être un fardeau. S’il y avait bien quelque chose qui avait toujours cloché chez lui, c’était sa confiance en lui.

À l’âge de 13 ans, son histoire était très courte. Elle se résumait vite en somme. La tête blonde avait mené une partie d’enfance jusqu’à 10 dans le New Jersey, avant de devoir subitement passer d’un pays à l’autre, des Etats-Unis au Japon. C’était effrayant. Lui qui n’avait jamais parlé japonais de sa vie, il allait devoir s’y habituer, apprendre la langue même. Pire que tout ça, il avait dû quitter ses amis.
À partir du moment où il avait mis les pieds au Japon, tout s’était exécuté à une vitesse phénoménale. Tandis que ses années de maternelle et de primaire se résumaient très vite, autant sa première année de collège au Japon, était une expérience plutôt unique en territoire inconnu. Pourtant, apprendre le japonais, ça lui plaisait bien. Le collégien y prenait facilement goût, il s’entraînait d’arrache-pied pour rendre ses parents fier de lui. Malheureusement, il n’avait clairement pas eu le temps de leur montrer le bout de ses efforts. Alors qu’il était capable de faire une rapide présentation de sa personne dans la nouvelle langue, il était devenu orphelin.

Lorsqu’il était sur son lit d’hôpital, il ne réalisait pas ce qui lui arrivait. Tout s’était passé si vite, en un éclair même. Il regardait ses mains. Il ne comprenait pas. Tout ce dont le blondinet se souvenait, c’était de cette sortie au centre-ville qu’il était sensé faire avec ses deux parents. Alors pourquoi s’était-il retrouvé dans ce lit ? La mémoire lui faisait défaut. Ethan avait beau posé des questions autour de lui, au personnel médicale, pas une seule personne lui répondait. Même si son langage était l’anglais, les infirmières le comprenaient totalement. Il le laissait, là, dans l’ignorance la plus totale. La jambe dans le plâtre, le collégien ne pouvait pas se lever de son lit. Avec un bandage autour de son crâne dû à une blessure, il ne pouvait pas trop bouger non plus. Et pendant ces quelques jours où personne ne lui rendait visite hormis son médecin, il ne pensait à rien. Il avait arrêté de réfléchir à tout. Son esprit avait fini par se calmer.

C’était probablement la rencontre de cette femme qui l’avait fait sortir de son pseudo-état aphasique dans lequel il s’était enfermé. Elle se nommait Haneko Kagehika, grande et belle. La femme aux cheveux mi-verts et aux oreilles de chat était revenue tous les jours pour lui parler, pendant tout le mois où il était sur le lit d’hôpital. Comme il avait des difficultés à s’exprimer en japonais, elle lui avait même donné des cours. Encore une fois, il ne comprenait pas. C’était qu’au milieu de son séjour qu’il avait finalement entendu depuis le couloir que cette femme était celle qui l’avait sauvé en le sortant du bus. Crispé, tout lui revenait. Ses doigts finissaient même par tordre légèrement le drap blanc. Assis, le dos calé contre la tête du lit, ses yeux tremblaient avant qu’il ne finisse par baisser la tête. Cette femme n’était pas là, et heureusement. À cet instant, il voulait être seul. Seul pour repenser au visage de ses parents qu’il ne reverrait pas.

Il était dans ce bus. Voilà pourquoi il se retrouvait ici. La famille Dawson était partie en direction du cinéma. L’avant-première japonais du film adapté de « l’écume des autres jours », livre écrit par Lana, allait passer sur grand écran. En quelques mois, elle avait réussi à se faire connaître, pour avoir une adaptation cinéma.
Le bus s’était arrêté pour prendre un passager. Tout était normal jusqu’ici. Du moins, dans les yeux du garçon innocent, tout était normal. C’était un homme dont la partie droite de son visage était ravagée par des brûlures, rien de très charmant. Son regard était assez terrifiant, mais l’émotion ne se transmettait pas jusqu’au blondinet, trop heureux de cet instant en famille pour s’inquiéter de la mauvaise humeur d’un inconnu. Rire aux blagues de son papounet était bien trop hilarant.
L’homme terrifiant en question avait finit par se lever de son siège et parler à une autre personne. Au bout de quelques minutes, sa main droite finissait par la menacer d’une assez grande flamme. Les autres passagers regardaient aussi la scène avec tout autant de stupeur. Ethan ne comprenait rien, pour changer. Le japonais ressemblait encore vraiment à un langage qu’il ne maîtrisait pas du tout. Même si le protagoniste ne parlait pas la même langue, les flammes dans cette main à la peau abîmée et désastreuse à force d’utiliser son alter, signifiait forcément un danger. Sa mère commençait alors à le mettre dans une espèce de fausse sûreté en l’enroulant dans ses bras . Elle tentait même de le cacher en mettant son dos face au ravisseur. L’instinct maternel avant tout.
Alors que sa mère ne lui permettait pas de voir quelques choses de la scène, ses oreilles quant à elles lui permettaient de l’analyser presque tout aussi bien. Le crépitement de ses flammes. Peut-être qu’il s’en souviendra toute sa vie. La peur avait commencé à l’envahir. Ses battements de cœur se faisaient rapides, et ses mains, accrochées à sa mère, se resserraient de plus en plus sur elle. La prise forte témoignait de son état émotionnel.
Quand il avait réussi à décaler légèrement sa tête sur le côté pour entrevoir la scène d’un œil, une grosse chaleur fut une irruption et l’arrière du bus fut totalement calciné, provoquant une espèce de mini-explosion. Le chauffeur du bus sous la panique avait probablement tenté de faire une manœuvre après avoir perdu l’équilibre du bus. Cependant, le bus avait fini sa trajectoire sur le trottoir, se reversa, se retourna même et se fracassa contre le mur d’un bâtiment. Le dernier souvenir s’arrêtait à ce bus qui se renversa. À ce moment-là, il avait probablement eu un choc suffisamment fort sur la tête pour qu’il s’évanouisse.

Il a été une victime. Le collégien ne savait même pas qui il était. Il ne savait même pas pourquoi il avait été là à ce moment. Et il ne savait encore moins pourquoi il avait tué ses parents. Quelle que soit l’affaire que cet homme avait eu à régler avec un autre passager, il n’aurait pas dû impliquer des innocents. En attendant, Ethan s’en retrouvait seul. Dans un pays étranger où il était arrivé il y a quelques mois.
Le blondinet n’arrivait pas non plus à pleurer. Lorsqu’il avait vu Haneko la première fois après s’être souvenu de tout ça, l’enfant s’était approcher d’elle pour qu’il se fasse enlacer, réconforter. Ce fut le premier contact physique assez important avec elle, assez important pour qu’elle devienne sa petite lueur d’espoir après ce traumatisme.

Bien sûr, il avait eu le droit à des suivis psychologique. Mais rien ne changeait. À la sortie de l’hôpital, il était dans un centre pour jeune en difficulté. Tous les jours étaient un cauchemar. Au moins, on pouvait facilement dire que Haneko était le rayon de vie qui l’avait sorti de ce trou à rat en l’adoptant. Même si elle n’était pas légalement une héroïne, pour lui, elle en était une.

Même à 13 ans, pour lui, son avenir était tout tracé. Il voulait intégrer Yuei pour devenir un héros. L’homme qui avait provoqué l’accident n’était probablement pas un vilain très connu, mais Ethan avait l’éclat d’une vengeance inachevé dans le cœur. Il ne s’était pas fait attrapé. Encore fugitif jusqu’à maintenant disait-on.
Comme lui avait appris ses parents, il respectait les règles que les adultes lui dictaient. S’il n’avait pas le droit d’utiliser son alter, alors il fera en sorte d’en avoir le droit. Il n’y avait pas quatre chemins pour y parvenir. Peut-être qu’à l’avenir, il fera peut-être en sorte d’éviter que le même destin arrive à d’autre personne.
Sa décision, Ethan n’en avait pas fait part à Haneko, sa mère adoptive. Il attendait le bon moment pour lui annoncer. Pour annoncer qu’il allait mettre sa vie en jeu pour en sauver d’autres.

Les Aters étaient en somme responsables de beaucoup de malheur. Il y pensait fortement. S’il n’y avait pas d’alter, aurait-il encore ses parents ? Le blondinet était indécis sur cette question. Les alters étaient-ils bons ou mauvais ? Les armes à feu existent bien. Ce jour-là, cet homme aurait pu en utiliser une à la place. C’était une possibilité. Alter ou non, ses parents seraient probablement morts.
Ce qui le dérangeait vraiment, c’était l’interdiction formelle d’utiliser son alter. Les victimes d’un drame tel que celui-là n’avait le droit que de subir.
D’un sens, oui, il était content d’être née avec un alter. Cela allait lui permettre de réaliser son rêve. En même temps, il voulait devenir un héros, justement parce que d’autres personnes en avaient un aussi. Si les alter disparaissait peut-être que le danger s’évaporerait aussi avec ? Quand il y repensait, faire des éclairs était vraiment stylé. Il aurait pu peut-être réagir d’une manière un peu plus enfantine en disant « Oui, les alter, c’est vraiment génial, c’est cool, stylé et classe ! ». Cependant, ce n’était pas le cas, il s’abstenait d’avoir ce genre d’avis, voulant respecter les règles que les adultes lui imposaient.

Cette tête blonde était un être humain normal. Lui aussi avait des hauts et des bas, et ce serait mentir s’il disait qu’il était le parfait petit ange. Le vol, il en avait déjà commis. Quand on lui en reparlait, il finissait toujours par faire une moue, se pensant honteux. Ses parents lui avaient fait la leçon plusieurs fois avant qu’il ne comprenne. Mais comprenez-vous, à l’âge de 8 ans, voler ses premiers bonbons à la petite épicerie du coin était primordial. Il avait évidemment fini par comprendre, et s’était résigné à respecter la loi comme le voulaient ses deux parents.
Quant aux crimes plus sérieux, évidemment il trouvait ça mal, surtout au vu de sa condition. Pour lui, il fallait les combattre. Le blondinet essayait juste de se résonner parfois, de ne pas se laisser aller sous le coût de la vengeance.

De sa petite tête d’enfant de 13 ans, il ne pouvait pas en sortir grand-chose. A vrai dire, jusqu’ici, il s’était contenté de se laisser vivre, comme un gamin tout a fait banal. C’est-à-dire, avoir des amis, rire, pleurer, se faire mal, s’amuser, découvrir le monde, aimer sa nouvelle famille, et bon parfois ressasser le passé et maudire ce meurtrier. Il ne s’agissait que de petites choses banales, qui au fond le faisait se sentir vivant.
En somme, il se concentrait déjà pas mal sur le japonais qu’il avait appris. Et il comptait bien passer son examen d’entrée au lycée dans une espèce de tranquillité de vie dans laquelle il voulait se poser avant de devoir passer aux choses sérieuses s’il arrivait à atteindre Yuei. Tout avait été largement compliqué jusqu’ici avec la mort de ses deux parents, alors la paix était ce qu’il souhaitait pour le moment, comme pour faire une espèce de deuil puisqu’il n’avait même pas versé une seule larme.