Matsuura Nana

La jeune fille est née au printemps pendant que les cerisiers arboraient leur plus belle robe. Sa mère l’a mise au monde dans un hôpital du centre de Tokyo, non loin du domaine hérité par le jeune couple. Son père lui n’avait pas pu être présent pour ce jour tellement important dans la vie d’une famille. Et il ne faut le cacher à personne, cela n’avait pas été très apprécié par Lua, la maman. Elle voulait le comprendre, mais n’y arrivait pas. Il était en mission après tout, il n’y pouvait rien si son chef d’agence n’avait pas respecté son souhait. Mais telle était la vie.

La relation père-mère s’améliorera avec le temps et Nana n’en pâtit jamais, si bien même qu’elle finit par grandir dans l’opulence matérielle et d’amour. Ses parents étaient aimant et essayaient d’être le plus présent possible pour elle. Deux jobs à temps plein pour les jeunes Lua et Ryuzaburo. En effet, ils étaient tous les deux héros et travaillaient pour l’agence tokyoïte du Kyuunan.

De part leur travail et surtout l’héritage touché par le père de la jeune fille à la mort de son propre père, permettait à Nana de vivre très très bien. Domestique à la maison, cours privés en plus de l’école et tout le baratin d’une petite fille de famille bourgeoise.

Par chance, Lua avait décidé de garder sa fille à l’école publique afin de ne pas trop la déconnecter du monde réel, même s’il était vrai que ce n’était pas forcément réussi tant l’opulence était présente au quotidien pour la petite famille. C’était d’ailleurs sur ces bancs de l’école qu’elle avait fait la rencontre de deux de ses camarades de classes d’aujourd’hui ; Higashigushi Dai et Tatsuya Haru. Elle les considère depuis comme ses amis, malgré le comportement un peu spécial d’Haru. Dai quant à lui correspondait beaucoup plus à la jeune Matsuura.

C’est vers l’âge de cinq ans que l’alter de la jeune fille s’est déclaré. En effet, en rentrant de l’école un jour, celle-ci n’avait rien remarqué, mais ses bras s’étaient allongés de quelques centimètres. Et plus la journée avançait, plus ses bras tombaient. Ils étaient devenus plus « mou » et plus malléable. C’est ce jour-là que son père reconnu son alter : la capacité de rendre son corps élastique. Un alter puissant lorsqu’il est bien utilisé. Encore un peu jeune pour comprendre vraiment, Nana était juste contente de pouvoir allonger ses bras pour attraper des choses normalement non accessibles pour sa petite taille.

Les années défilaient et Nana passait son temps entre l’école, ses amis et ses cours privés. De la peinture, de la musique, plein de cours annexes qui ne plaisaient pas tous à la jeune fille. Elle ne disait rien car ses parents semblaient heureux de la voir danser et jouer d’un instrument. Elle ce qu’elle appréciait plus que tout, c’était le cours de peinture. Elle n’était pas très douée et elle passait plus de temps à ramasser des pots renversés et à faire la pitre, mais cela lui plaisait.

Elle développait aussi pendant cette période un amour inconditionnel pour les animaux et tout particulièrement les chats. Ce qui explique son accoutrement actuel. En effet, le jardin parcourant la propriété familiale était assez grand pour y trouver des animaux. Ce n’était pas non plus un zoo, mais on pouvait y trouver quelques chevaux, des chiens et des chats. De plus, beaucoup d’oiseaux profitaient de cette verdure citadine pour venir y créer leurs nids et se reposer. Un jardin en soit très paisible et amical, loin de la tumulte d’une vie en ville et des vilains pullulant dans ce monde. Un endroit où toute la famille pouvait se retrouver autour d’un bon repas. En bref, un endroit très important pour la jeune fille.

Viennent ensuite ses années lycées. Elle avait choisi Yuei pour des raisons qui seront expliquées plus tard.

Nous étions au printemps de l’année 301 lorsque Nana entrait pour la première fois au lycée Yuei. Elle savait que deux de ses camarades avaient eux aussi fait le nécessaire afin d’entrer à Yuei et quelle ne fut pas sa surprise de les voir tous les deux ce jour-là. Elle décidait de s’approcher d’eux toute sautillante et heureuse afin de les saluer et d’échanger quelques mots avec eux.

Vinrent ensuite les premiers cours et surtout, les premiers événements « réellement » importants dans la vie de notre jeune protagoniste. Les héros étaient pris d’étrange folie, les rendant agressif envers quiconque et tuant tout sur leur passage. Nana se souvient de cette période comme très stressante, car elle était constamment dans la peur que ses parents puissent un jour être touchés par cette drogue dévastatrice. Mais ce n’était pas tout. Pour notre jeune fille, les « Panique Trigger » n’étaient rien comparés aux événements qui sont survenus à l’été 301.

Ce jour d’été 301, le Groupe S comme il se faisait appeler frappait le Japon d’une série d’attentats et un était particulièrement marquant pour la jeune fille ; celui frappant Yuei. Depuis la rentrée de Nana au lycée Yuei, les choses tournaient mal dans le monde que la jeune fille connaissait. L’année 301 n’était pas vraiment l’année à laquelle la jeune fille avait aspiré en écoutant les récits de ses parents.

De plus en plus de voix anti-alter se faisaient entendre. Le gouvernement agissait contre les altérés et ça, Nana avait du mal à l’accepter. Les héros et leurs agences avaient perdu la confiance du peuple et du gouvernement et pour quelle raison ? Car ils considéraient les altérés comme responsable de tout ce qu’il leur arrivait. Coupes budgétaires, contrôles inopinés sous les ordres d’un fervent « connard », petit surnom donné à Setsujoku Koji par la Matsuura. Manifestations, agressions et meurtres. Cela faisait naître en elle un sentiment d’injustice qu’elle détestait par-dessus tout.

Une idée germait en elle, mais elle la contenait de plus fort de son âme. Pour ses parents. Grâce à Yuei et à ses nouveaux amis. Mais pourtant, parfois, tard le soir lorsque la lune éclaire la nuit telle un phare, le sommeil se fait rare et la jeune fille laisse vaquer son esprit. Réécrivant le monde à sa manière. Pour ne rien aider, le coup de massue porté à notre protagoniste fut lorsque celle-ci apprit par téléphone que ses deux parents avaient échoués à la simulation héroïque et qu’ils se retrouvaient maintenant sans emploi et sans licence. Une journée et des pensées difficiles, mais comme les autres, elles les gardaient aussi loin que possible pour ne pas oublier sa vie, ses raisons et ses objectifs.

Par chance, le nombre d’événements, entraînements et cours donnés par Yuei lui permettaient de ne pas y penser souvent et ainsi de se concentrer sur son cursus. L’annonce du tournoi héroïque tombait à pic pour la jeune fille, grâce à ça elle s’était donné un nouvel objectif à court terme qui lui permettait de ne pas se morfondre et de retrouver un peu la vie qui était la sienne.

Heureuse d’avoir remporté le tournoi avec Yuei, la Matsuura essaya de ne plus trop s’occuper de ces « anti-alter », se concentrant sur ces objectifs et retrouvant sa vie et son comportement d’antan, laissant derrière elle cette année noire qu’avait été l’année scolaire 301-302, sa première à Yuei.

Sa deuxième année avait commencé sur une meilleure note que la précédente avec la victoire face à Chitsujo. S’enchainaient ensuite les cours et les stages, les mauvaises nouvelles, les très mauvaises comme celle du double attentat perpétré à quelques mois d’intervalle face à la nouvelle école Chitsujo et ses élèves. Et si cela avait été Yuei ? Pourtant, l’élastique tentait tant bien que mal de ne pas trop y penser.

Aujourd’hui, Nana est aux portes de la troisième et dernière année de son cursus. Mais qu’allait-elle devenir ?

Des moments qui ont marqué sa vie, il y en a plusieurs. Des plus heureux, des tristes et des horribles. Aujourd’hui, je pense que l’on va se concentrer sur un « plutôt triste ». Car en effet, en plus d’être des héros, ses parents sont pour la jeune fille ses héros. Ce sont eux qui ont donné envie à la jeune fille élastique de devenir héroïne. D’être la fille qu’elle aspire à être aujourd’hui et ce malgré son côté un peu rebelle et qui n’aime pas trop la direction prise par le gouvernement.
 
C’était durant sa première année en tant qu’élève de Yuei. Les événements étaient déjà assez durs à vivre. Entre les attentats, l’attaque de l’école, les manifestations et agressions anti-altérés et la peur que ses parents soient touchés par la drogue du Groupe S, le gouvernement venait en rajouter une petite couche.
 
Vous allez vous dire que ce n’est pas si marquant que ça, mais pour la jeune fille c’était tout un monde qui s’effondrait ce jour-là lorsqu’elle reçut un coup de téléphone de la part de ses parents. Les sanglots étaient perceptibles dans leur voix et très rapidement, la Matsuura comprit ce qu’il venait de se passer.

Ses parents venaient de perdre leurs licences héroïques.
 
Ses héros n’étaient maintenant plus que de simples civils. Pour l’élastique, c’était une catastrophe. Toute sa vie et tous ses objectifs tournaient autour d’eux. Il ne fallait pas sombrer, pas détourner le regard avec tous ces événements qui s’enchaînaient.

S’ensuivi une longue bataille, contre elle-même. Contre des pensées pas très héroïques. De nouveaux chemins, pas tous mauvais, mais pour la plupart pas très droit. Ses amis – du moins celle qu’elle considère comme tel – comme Haru et Dai ainsi que tous les autres de son année l’aidèrent à traverser ce long nuage sombre et effrayant. L’annonce par l’école de la remise au goût du jour du tournoi inter-lycée aidait lui aussi Nana a sortir de sa torpeur.
 
Car elle n’en voyait pas le bout. Son objectif final était trop loin, trop long pour l’atteindre. Il restait encore beaucoup trop de chemin à accomplir. Le tournoi lui, était beaucoup plus proche et pour la première fois depuis longtemps, l’un de ses traits de comportement « normaux » prenait le dessus sur les autres. Son esprit combatif et fière. Elle voulait gagner le tournoi. Elle redoubla d’efforts à l’entraînement, en cours ainsi qu’en stage pour devenir tous les jours encore plus forte et maîtriser encore mieux son alter.
 
Et c'est ainsi, grâce à un simple petit tournoi, que Nana reprit goût à la vie et retrouva ses capacités et son comportement naturel. Fini la dépression pour l’élastique, place maintenant à la vie. Ne rien regretter. Être fière et surtout vivre sa vie comme elle l’entendait.

Le rêve de Nana tient en quelques mots : rendre ses parents fiers. Je l’ai répété maintes et maintes fois, la réussite de ses parents est pour la jeune fille un exemple. Même s’ils n’ont pas réussi à garder leur licence héroïque, même si actuellement ceux-ci sont à la retraite, Nana veut faire comme eux et devenir une grande héroïne afin de faire résonner leur nom à travers tout le Japon.

Et ce, malgré la direction prise par le gouvernement japonais - notamment en termes d’altérés - qui ne convient pas du tout à la Matsuura. Malgré les attaques perpétrées contre ses semblables, la mise sur la liste rouge par l’OSDA du Japon, malgré les groupes anti-alters et leurs soutiens civils et gouvernementaux. Malgré tout ceci, Nana est persuadée que l’âge d’or des héros n’est pas encore arrivé. Qu’ils vont pouvoir faire régner la paix dans le monde et emprisonner les vilains et terroristes.

Devenir une héroïne reconnue, changer la face du monde et faire respecter la symbiose civil-altérés. Des objectifs nobles et pas toujours facile à garder en tête pour la jeune fille, mais ses objectifs.

Étant elle-même une altérée et venant d’une famille de héros, Nana est forcément une fervente défenseur des alters et de leurs possesseurs. Il est difficilement concevable pour elle de voir des groupes terroristes ainsi – qu’en autre mesure – le gouvernement japonais s’en prendre aux altérés de quelque manière qui soit. Cela fait trois cents ans que les altérés se sont montrés à la face du monde, presque deux cents ans que les altérés et civils vivent de concert. Et tout devrait être remis en question pour quelques idéaux racistes et arriérés ? Non. Pas pour Nana.

Il y a des vilains altérés, des corrompus, mais cela n’existait-il pas avant ? Encore une fois, pour la jeune fille, ceux qui ne supportent pas l’équilibre établi et qui ne peuvent s’empêcher d’essayer de mettre des bâtons dans les roues de tous les héros mettant en jeu leur vie pour les protéger, ne valent pas mieux que des vilains.

Plus personnellement, l’élastique adore son alter. Il lui offre plein de possibilités et est très puissant. Les limites sont quasiment infinies avec un tel pouvoir et pour ça, Nana n’en remerciera jamais assez ses gênes d’avoir mutés de cette façon.

Alors, là, rien de plus simple. Je pense que vous avez compris à quel point le parcours des parents de Nana avait été et est encore important pour elle. Je vous laisse donc réfléchir quelques secondes… et oui, en plein dans le mille. Pour faire comme ses parents, même s’ils ne sont que des exemples pour elle et qu’elle ne veut pas en devenir une copie parfaite.

Mais aussi et surtout, Nana est entrée à Yuei au printemps 301, l’ouverture de Chitsujo s’est actée au mois de décembre de cette même année. Elle n’allait pas attendre et perdre une année pour faire une autre école que ses parents et qui plus est à Osaka. Le choix coulait de source et absolument rien n’aurait pu empêcher l’élastique de faire son cursus héroïque à Yuei.

Donc oui, Yuei… ou rien d’autre ? Nana se serait très certainement posé la question si elle avait échoué aux tests d’entrée pour la filière héroïque.