[AV/T - HC] Oscar Oskar — coloré, joyeux et bizarre

Le monde d’Oscar est à l’image des tableaux de son père : coloré, joyeux et... bizarre.

C’est vrai qu’avec ses oreilles gobelinoïdes et sa quasi-absence de nez, Oscar paraît sortir d’une bande-dessinée. On ne peut pas davantage manquer sa peau rouge vif. Sa carnation est presque aussi saturée que celle des larbins. Malgré une apparence atypique, il est rarement effrayant. Il a un sourire qui rayonne, et d’immenses iris noirs de mascotte. Une bande de cheveux blonds ébouriffés, organisée en mohawk sur le dessus de son crâne, achève de l’humaniser.

Sa taille réduite joue également sur le sentiment qu’il inspire. Oscar mesure seulement un mètre cinquante-cinq et il est maigre. Sa silhouette est d’ailleurs étrange, chaque partie semble disproportionnée. Il a une très grosse tête, de grands pieds et ses bras sont longs pour le reste de son corps — alors les manches de ses vêtements sont souvent trop courtes. Les tenues amples qu’il porte pour compenser jettent le doute sur son genre. Sa voix est androgyne, et il ne se désigne jamais de manière genrée. Oscar se considère comme non-binaire.

L’identité de genre et la physionomie chimérique ne sont pas les seuls éléments qui mettent Oscar à part. L’altéré présente plusieurs traits autistiques qui le distinguent mais ne l’ont pas privé d’une scolarité normale. Pour qui le connaît peu, c’est une ombre effacée — pour ses camarades, un intello timide — pour ses professeurs, un étudiant distrait. Il lui arrive encore, mais c’est plus rare depuis la fin de son adolescence, d’être sujet à des comportement compulsifs (tics moteurs ou vocaux). Il n’aime pas les foules et n’adressera jamais spontanément la parole à un groupe d’inconnus. En revanche, dans un cadre plus privé, il est très sensible à l’humour et facile à émerveiller.

Oscar cache derrière des airs absents une vie intérieure riche et imaginative, composée d’obsessions aussi précises qu’inattendues et parfois dérangeantes. S’il n’est pas stimulé intellectuellement, il s’évade et peut perdre complètement le contact avec la réalité. Lorsqu’il se concentre sur une tâche intéressante, c’est un travailleur zélé avec des idées à la pelle. Il redouble d’ailleurs d’inventivité pour se faciliter la vie, car il n’aime pas trop s’épuiser physiquement.

Les camarades de classe d’Oscar ne s’intéressent pas à lui, et ne savent en général rien de son passé ou de ses loisirs. C’est un étudiant qui se fait peu remarquer et qui n’a aucune attention médiatique au Japon. Les plus au fait des choses du monde, cependant, peuvent aussi bien avoir entendu parler de sa famille paternelle que de celle maternelle, très différentes mais toutes deux notables.

Originaire de Suède, Lenart, père d’Oscar, est un peintre célèbre dans le milieu de l’art contemporain. Connu sous le nom de « Color man », il possède lui-même un alter : celui de peindre des surfaces juste en les touchant du bout des doigts. Il est issu de la haute noblesse suédoise, qui bien qu’elle n’ait plus le moindre pouvoir réel ni grande fortune demeure liée à une classe sociale. Lenart, considéré comme un excentrique voire comme un fou par oncles et cousins, s’est éloigné d’eux. Oscar n’a rencontré qu’à de rares occasions son prestigieux arbre généalogique, comme pour l’enterrement de son grand-père Artur Oskar de Visby. Il part toutefois en vacances sur l’île de Gotland tous les étés.

La mère d’Oscar, Isoko, est japonaise, fille cadette et héritière avec son frère d’une petite firme pharmaceutique avec moins d’un demi-siècle d’histoire : « Shiki » (識). Au contraire de sa famille paternelle, ses grands-parents maternels sont des nouveaux riches sans prestige. La rencontre s’est faite à une exposition, haut lieu de l’élite multiculturelle. Pour sa famille nippone, un mariage avec un membre de la noblesse, fussent-elle européenne était un parti correct.

L’alliance n’était en réalité ni arrangée ni même prévue, car Isoko et Lenart forment un couple complice et agité. À coté d’eux, le jeune altéré fait presque pâle figure, l’enfant silencieux entre deux parents extravertis. Il leur doit cependant d’avoir été beaucoup sollicité dans l’enfance, et au travers d’une éducation ultra-permissive, d’avoir été initié à une abondance de sujets divers. Ainsi Oscar a eu des professeurs particuliers de dessin, de chant, de piano, de sciences, de langues, … Il a voyagé partout dans le monde, surtout en Europe et en Amérique du nord.

Son pied à terre a toujours été le Japon cependant. C’est ses grands-parents maternels qui le gardaient quand c’était nécessaire, dans leur grande maison à Tokyo où il avait une dépendance juste pour lui. À cause — ou grâce — à son anatomie et à son comportement singuliers, Oscar n’a pendant longtemps fréquenté aucun autre enfant, ce qui explique en partie son caractère solitaire.

La vie d'Oscar est tranquille et ses expériences, quoiqu'elles ne manquent pas, s'apparentent davantage à des anecdotes qu'à de réels moments remarquables : un autographe du héros Spider Ninja sur un timbre en édition limitée, un voyage dans le nord de la Suède avec ses parents, une pièce de théâtre jouée par des larbins dont il a lui-même cousu les costumes...

Oscar est un garçon enthousiaste qui a la découverte pour ambition. La science est pour lui un mode d'expression dans lequel il entend briller sans trop se mettre en avant personnellement.

Sur le plan éthique, Oscar est du genre indifférent. S’il le peut, il préférera ne pas prendre part aux conflits, du moins directement. Il n’apprécie pas qu’on fasse du mal à ses amis, mais il n’est pas non-plus dénué de mauvais sentiments. Comme beaucoup de gens, il fait passer ses affects avant des impératifs moraux. Il n’est de toute façon pas très doué pour décrypter les sentiments des autres, et son degré d’empathie est faible.

Oscar aime son alter. Il sait qu’il est à l’origine de mépris et de moqueries, mais pour rien au monde il ne changerait. Les larbins sont pour lui comme des poupées vivantes qu’il commande et maltraite parfois — il les considère comme une extension de son imaginaire. Il a du mal à s’empêcher d’en faire usage, et il n’est pas rare de voir des larbins se cacher comme ils peuvent ou prétendre être des animaux de compagnie très laids.

Les autres altérés le fascinent tout autant, car il y trouve une source de curiosité infinie… et poussé par la curiosité, Oscar n’a peur de rien.

Malgré les distractions mais surtout grâce à ses dispendieux cours particuliers, Oscar s’est révélé excellent élève. Sous l’influence de son grand-père maternel, il s’est très tôt intéressé à la technologie et en particulier à la chimie, son domaine préféré. Le choix de Yuei est venu naturellement car son grand-père y avait été lui-même élève ingénieur. « L’assistance héroïque est le cursus le plus solide, celui qui apprend à réellement s’adapter au besoin », prétend-il. Plus pragmatiquement, Oscar avait moins de chance d’être discriminé dans une école qui accueille déjà beaucoup d’altérés.

Avant d’intégrer le lycée, Oscar n’était jamais entré dans un établissement scolaire. Son parcours exclusivement privé lui a fait accumuler un peu de retard sur le plan administratif,  raison pour laquelle il est légèrement plus âgé que les autres étudiants.