Présentation Hokori Hana

Quel exercice plus compliqué qu’une description détaillée de ce que l’on est ? Encore faudrait-il avoir réussi à se connaître parfaitement, ce qui est, je pense, le combat de toute une vie.

Je m’appelle Hokori Hana. Je suis une jeune fille assez banale, enfin, à Yuei.
Je mesure 1m55, « une demi-portion » selon certains. Mais moi, ça m’arrange pas mal. Je n’aime pas tellement qu’on me remarque. Attention, je ne suis pas associable où un truc du genre, au contraire. J’adore avoir des discussions enrichissantes avec des gens intéressants, mais, disons, que les yeux soient braqués sur moi, ça, je m’en passe. Je suis aussi assez fine, un petit gabarit, en somme. Ma démarche s’accommode bien avec mon physique, elle est assez légère elle aussi. J’arrive à être rapide et discrète quand j’en ai envie. Cela m’a toujours amusé de surprendre mon frère et ma sœur, quand ils avaient le dos tourné, même si je me faisais engueuler ensuite. Alors que je cherchais juste maladroitement à nouer des liens.
Mes cheveux m’arrivent aux épaules, je les ais coupés il y a peu. Bien qu’ils soient d’un châtain très foncé, presque noirs, quelques reflets violets s’y sont installés à mes 12 ans. Mes parents trouvaient ça bizarre, comme manifestation de puberté. De toute façon, j’ai toujours été considérée comme l’anormale de la fratrie. Un peu plus ou un peu moins…
J’ai les cils très noirs et très longs, et je m’en estime assez chanceuse. Pas besoin de mascara ou autres fioritures. Mes yeux en amande sont d’un noir profond. En revanche, si l’on regarde bien, ils se teintent légèrement en violet lorsque j’active mon alter.
Mon nez est fin, comme celui de mon père, et ma bouche légèrement pulpeuse, comme celle de ma mère. Je suis un parfait mélange de mes géniteurs. Peut être à leur plus grand regret.
J’aurais l’occasion de vous parler un peu de mon histoire, et vous comprendrez pourquoi j’ai autant besoin, de manière générale, d’être rassurée sur ce que je suis, ou ce que je ne suis pas. J’ai encore du mal à croire pleinement en mes capacités, tant elles ont été refoulées, mais je suis déterminée à bien faire, pour atteindre mon rêve, et j’y parviendrais ! Chaque jour, je me surpasse et me répète que je n’ai jamais été aussi proche de mon but.
Les liens que j’ai déjà pu tisser à Yuei m’ont beaucoup apporté. J’y ait rencontré des gens qui me ressemblaient sur certains points : des âmes loyales, justes et bienveillantes. J’ai aussi fait la connaissance de certaines brutes, avec qui ça ne passait pas vraiment, tant leur caractère contrastait avec la sérénité qui me caractérise. C’est souvent elle qui m’a sauvé, dans des phases de doute ou d’angoisse. Elle m’aide à prendre du recul sur les situations sinueuses qui se présentent parfois à moi et me permet de réfléchir. Ce dont je suis persuadée, c’est qu’une bonne décision est le fruit d’une réflexion aboutie. J’accorde ainsi toujours un temps presque sacré à l’analyse et la réflexion, même en cas d’urgence. Mon esprit se veut être rapide, quand il veut. Et jouer avec la rapidité, c’est mon truc.

Revenir sur le passé, eh ? Cela me fait encore mal. Pourtant, il est ce pourquoi je suis ici aujourd’hui et ce pourquoi je me bats si fort chaque jour pour me surpasser.
Je vais essayer d’être claire et concise à la fois…
Je suis la cadette d’une fratrie. Mon frère s’apelle Ten et ma sœur Bara. Nous avons tous les trois étés élevés dans le même foyer et pourtant, il est certain que nous n’avons pas reçu la même éducation. Enfin, du moins à partir du jour où mon alter s’est manifesté. J’étais pourtant fière, ce jour-là, de montrer à ma famille de quoi j’étais capable.
- « Regarde maman comme je vais viteeeeeeeeee »
- « Regardez comme j’arrive à refaire les ralentis comme à la télé »

Je tentais de les impressionner, quand la seule chose que j’ai obtenu de leur côté était un regard hébété de mon père et des larmes de ma mère.
Mes parents sont de ceux qui jugent que les alters ne sont pas une bonne chose. Ils s’en méfient et considèrent que les gens qui en possèdent « devraient être enfermés », ce que je n’avais jamais compris. Je n’avais jamais partagé leur point de vue, bien que je gardais mon admiration pour les héros secrète.
À la suite de cette nouvelle, ils m’avaient fait l’honneur de me garder sous leur toit, mais je ne pouvais pas en espérer plus de leur part. J’étais devenue la honte de la famille, le dernier enfant dont on aurait pu se passer, le fardeau. Maman ne me laissait plus aller à l’école, de honte, prétextant que j’étais malade et qu’elle me faisait l’école à domicile. Quand mes mèches violettes sont subitement apparues, elle a tenté en vain de me colorer les cheveux, mais les lueurs ressortaient à chaque fois. Ten et Bara ne jouaient plus avec moi, suivant les conseils de mon père. « Elle pourrait vous blesser, elle n’est pas normale comme vous ». Les nuits à pleurer me paraissaient interminables.

Un soir, en dernière année de collège, je suis allée chercher le courrier. Mes yeux parcouraient la une du quotidien quand je suis tombée sur un article parlant du lycée de Yuei. La révélation. Je me devais de passer l’examen d’entrée. Je pourrais aller à l’école, vivre avec des gens qui me comprennent et je pourrais prouver à mes parents que je ne suis pas une ratée. Je sauverais des vies, combattrait des criminels, déjouerait des braquages. Je ferais tout, pour qu’ils m’aiment comme je suis.
Je retrouvais une lueur d’espoir, que je croyais alors totalement éteinte. Il fallait que je sois discrète pour cela… que je laisse penser à une fugue. Sinon, ils m’en auraient empêché.
Jusqu’à la fin de l’année, au-delà de travailler sérieusement mes cours du collège, j’avançais tous les soir sur le programme de seconde de Yuei, afin d’être au maximum de mes capacités pour l’examen. J’ai continué ainsi tout l’été. Je veillais tard, dormais peu, et tentais de m’entraîner physiquement à l’abris des regards, sans faire de bruit. J’ai pu perfectionner la maîtrise de mon alter et augmenter mon endurance. Parcourir la maison pour sortir dans le jardin m’exercer, sans me faire remarquer, m’a permis d’aujourd’hui presque exceller dans le domaine de la discrétion.
Le jour de l’examen d’entrée, je suis donc partie, avec un simple petit sac, et en laissant un mot à mes parents, suggérant une fugue, comme prévu.
« Je m’en vais. Je ne nous ferai pas d’histoire. On n’entendra pas parler de moi. Ne vous inquiétez pas. Ten, Bara, Maman, Papa, À bientôt. »
Je ne sais même pas s’ils m’ont cherché, mais je ne pense pas. La police m’aurait retrouvée car je figurais bien quelque part : dans les listes d’inscription de Yuei. J’avais réussi l’examen d’entrée, non sans peine. Tout le long des épreuves, je ne cessais de me répéter que grâce à cela, je pourrais peut-être leur décrocher ne serait-ce qu’un peu d’admiration, qui sait.

Grâce à mon acharnement, je fais donc aujourd’hui partie de cette grande institution de Yuei. Institution qui je le pense, m’a sauvée.
Je suis en deuxième année. La première année a été riche en émotions et en rebondissements.
Yuei et ses élèves m’ont beaucoup apporté : j’ai beaucoup appris sur moi, mon alter, les héros, le fonctionnement de la société, le courage… Mais ce que j’ai surtout compris, c’est que je n’étais pas bizarre mais unique, que je n’étais pas seule mais une parmi tous ; mais plus que tout, que je n’étais pas une bonne à rien, mais une future héroïne.

Un événement qui aurait marqué ma vie ?  J’hésite. Mais je répondrais que c’est le jour où j’ai quitté la maison. Il est à lui seul la conséquence de l’apparition de mon alter et de sa non acceptation par mes parents, mais aussi la source de mon épanouissement actuel : ma présence à Yuei. Il est donc un peu l’épicentre de mes aventures, j’ai envie de dire. Je suis partie le jour même des examens d’entrée et ne suis jamais revenue. Je suis heureuse d’avoir pris cette décision. Il ne s’est pas passé un jour sans que je me félicite d’avoir eu l’audace de le faire.
En marchant vers ce qui est depuis lors mon lycée, mon être tout entier était traversé par des sentiments contradictoires. Semblables à des vagues venant s’écraser puis se retirer du bord de la plage, mon euphorie laissait place à de l’angoisse, provoquant en moi un mélange inédit.
L’examen d’entrée avait pour moi été harassant, mais je n’avais jamais ressenti une joie si intense que lorsque j’ai découvert le résultat des admissions. Ce sentiment a été revigorant, et la nouvelle s’assimilait presque pour moi à une renaissance.
J’ai alors ce jour-là découvert ma chambre a l’internat dans lequel je passe depuis la plupart de mon temps et de nouveaux camarades qui deviendraient pas la suite des amis.
Le premier soir, nous nous sommes regroupés dans la pièce commune et avons discuté à propos de nos alter, de notre vision de la société et des héros. Quel soulagement de savoir que l’on pouvait être comprise. Quel soulagement de constater que j’allais vivre avec des personnes partageant la même motivation que moi : participer à l’ordre de la société et pour certains, aider à développer une image plus gratifiante des alters et des héros.
Le soir venu, une fois dans mon lit et en procédant en une rétrospective de la folle journée écoulée, je m’endormais, sereine et, pour une fois, sans pleurs. J’ai dormi d’un sommeil de plomb, et le lendemain matin, au réveil, je débordais d’énergie pour commencer cette nouvelle vie.

Bien que comme je vous l’ai dit, j’ai l’espérance de percevoir un peu de reconnaissance de la part de mes parents, mes ambitions sont plus larges.
J’ai toujours admiré les actions héroïques et je souhaiterais que tout le monde puisse grandir et évoluer dans une société en paix. C’est pour cela que je me battrais corps et âme pour défendre la société des actions malveillantes que l’on peut constater au quotidien. Je souhaite devenir une héroïne sur laquelle les gens pourront s’appuyer. Je ne vise pas forcément à être en tête d’un classement quelconque ou d’être élue « héroïne la plus médiatisée » ou autre un de ces jours ; mais je souhaite inspirer la confiance, la bienveillance… toutes ces choses que moi, je ressentais, dès petite, quand je croisais le chemin d’un héros. J’aimerais ainsi que les détenteurs d’alters et les héros soient mieux perçus par la société. Il y a des choses à faire, le chantier est ouvert… mais est loin d’être terminé.

Mon alter a ses forces et ses faiblesses. Ses forces dans la mesure où il peut s’avérer très déstabilisant et utile, pour gagner du temps ou me protéger et protéger les autres en cas d’évacuation ou d’attaque. En revanche, il ne me permet peu de battre un ennemi très puissant seule. Même si je peux augmenter ma vitesse de frappe, sa puissante n’en est pour autant pas augmentée. De plus, pour que je puisse transmettre les effets de mon alter à une personne tierce, je dois la toucher. Or, parvenir à établir un contact physique avec un ennemi peut s’avérer compliqué selon les caractéristiques de son alter. Pour plus d’efficacité, je dois donc travailler en équipe. Ce n’est pas un problème pour moi, cela me plaît bien. Je me sens d’autant plus utile et je pense que voir des héros collaborer pour une cause commune, c’est une image valorisante.
Pour ce qui est des alters de manière globale, je pense que la division de la société sur le sujet dépeint un portrait assez réaliste de la complexité de la question. Si des vilains parviennent à leurs fins en utilisant des alters puissant, il n’en est pas moins que c’est grâce aux alters possédés par les héros que l’on arrive également à contrer de nombreux actes malveillants. Or, on pourrait dire que s’il n’existait pas d’alters d’un côté, pas besoin d’alters de l’autre, en conséquence. Mais leur utilité ne se résume pas à lutter contre les attaques de vilains : soins, catastrophes naturelles, accidents, incendies et j’en passe… Tant de drames pouvant être évités grâce à la mobilisation des héros. Selon moi, les alters sont donc d’une grande richesse.  

En vérité… C’est un peu le fruit du hasard pour moi. Comme je vous l’ai expliqué, un article sur le journal et me voilà dans les rangs, quelques temps plus tard… En revanche, je crois au destin et je me dis que si je suis là, ce n’est surement pas pour rien. J’aurais très bien pu tomber sur un gros titre évoquant Chitsujo, mais il faut croire que mon chemin était tout tracé, et pour rien au monde aujourd’hui je ne renoncerai à Yuei.