Présentation : Akatsuki Aki

[Quelque part sur l'île d'Iriomote Jija]

Le bruissement des feuilles se fait entendre, tandis qu'un sombre nuage continue paisiblement sa route, laissant la pleine lune qui s’y cachait derrière éclairer l'orée d'une forêt. Une giclée pourpre éclabousse soudainement l'arbre qui délimitait l'orée vers une grande clairière de plusieurs hectares.
Et alors que le bruit d’une masse légère suivit d’une autre plus lourde s’effondrant au sol brisa le silence qui régnait, une femme visiblement dans l’adolescence, avec de longs cheveux noirs, une peau pâle et à la particularité singulière d'avoir deux yeux rouges sortit de l'orée de la forêt. Sur le chemin, on peut la voir rengainer son katana après l'avoir essuyé noblement avec un chiffon, puis s’arrêter devant l'homme qu'elle vient de tuer. Elle ramasse respectueusement la tête pour la nettoyer brièvement avant de la poser sur le torse inerte gisant au sol, pour ensuite plier le genou, en posant un à terre et joindre ses deux mains devant son visage, silencieuse quelques instants devant le macchabé. Elle finira par se relever quelques secondes plus tard et épousseter son yukata noir avant de réajuster le ruban rouge à sa taille.

La tête en direction de la lune, elle prit une grande bouffée d’air frais, son visage était parsemé de quelques égratignures, une large entaille sur son avant-bras et de nombreuses tâches sur son vêtement traditionnel laissaient témoigner les batailles qu’elle venait de vivre. Après une longue expiration, elle prit la lune et les étoiles en aparté.

« Ôôôh tristesse, qui suis-je pour frapper de la sorte l’avenir d’un homme ... ?
Ôôôh désespoir, vais-je devoir le payer autant que l’interdit de la pomme ?
Ôôôh espoir, pourrais-je un jour quitter mon sombre royaume ?
Ôôôh prophétesse, la vie n’est-elle qu’un axiome ?... »

Coupé dans son monologue par de nombreux bruits de pas, elle s’arrêta immédiatement, tandis qu’un rire suivit d’une voix grave interrompit totalement la jeune femme.

« Haha, économise ta salive Aki, tu as encore tué un homme au prix de quelques hématomes, tu es dans le péché, et ce qui te sauveras, ce ne sera pas tes psaumes. »

En effet, et à cause de qui ? Pensa-t-elle intérieurement en dirigeant sa tête vers les trois hommes cagoulés et armés qui se dirigeait vers elle, mais elle n’eut pas vraiment le temps de répondre que celui au centre prit de nouveau la parole.

« Prépare-toi, demain soir tu as un autre combat. »

Alors que les trois hommes semblaient la guider à travers la forêt, armes pointées vers elle, cette dernière réfléchissait à sa condition. Cela faisait combien de temps ? Cinq, dix ou quinze ans ? Impossible de le savoir exactement, mais cela devait faire une petite dizaine d’années qu’elle vivait ici.
Comment est-ce arrivé ? Encore à l’école élémentaire, elle s’était blessée à la jambe en jouant à « chat » avec d’autres élèves. Mais au bout de quelques jours, sa blessure était complètement cicatrisée et cela n’était pas passé inaperçu aux yeux de son professeur. Il s’était servi de son statut d’enseignant pour la retenir à la fin des cours, la kidnapper et la revendre à un groupe de vilains qui l’a déporté sur cette vaste île déserte.
Que fait elle ici ? Après avoir reçu des enseignements élémentaires basique, elle a été formée à l’escrime et à l’utilisation de son Alter pendant quelques années, elle a été forcée comme d’autres malheureux partageant son sort, à combattre sept fois par mois dans des duels à mort et cela depuis déjà deux ans…

« On est arrivé, arrêtes de rêvasser et va te reposer !»

Tandis qu’elle se faisait bousculer vers l’intérieur d’une longue bâtisse en bois, elle pesta silencieusement avant de regarder ses camarades de chambres. Il en manquait quatre aujourd’hui, elle soupira en pensant à leur funeste sort puis se coucha dans la paillasse. Alors qu’elle était en train de s’endormir, elle entendit soudain la voix d’un garçon, se dernier était là depuis autant de temps qu’elle, mais devait avoir un ou deux ans de moins.

« Aki… Aki… Tu vas bien ? »

La jeune femme tourna uniquement la tête vers le jeune blondinet puis lui répondit d’un ton très bas pour ne pas réveiller ceux qui dormaient déjà.

« Ne t’en fais pas… Je n’ai presque rien et tu connais mon Alter… Maintenant reposes-toi, on a encore à se battre demain… »

Cependant, ce dernier secoua la tête, et aborda un grand sourire qu’Akatsuki parvenait à peine discerner dans la pénombre. Puis il se remit à parler d’un ton un peu plus enjoué bien que toujours bas, Aki n’aimait pas trop ce garçon à cause de son Alter qui lui permettait de lire dans les pensées, mais elle ne le coupa pas pour autant.

« Je sais que toi aussi, tu es toujours libre de tes pensées et que tu ne t’es pas fait corrompre par leur méthode brutale… Tu as encore de l’empathie… On peut s’en sortir… ! »

Elle plissa les yeux puis soupira d’un air agacé, mais elle se demandait ce qui pouvait se passer dans la tête du garçon. En effet, quoi de plus intrigant de savoir à quoi pense une personne qui peut lire vos pensées et qui vient discuter avec vous ? Elle réouvrit les yeux et l’incita à continuer d’un mouvement de tête.

« Je t’écoutes Yato, où veux-tu en venir ? »

Il se remit à parler, cette fois-ci avec un ton très sérieux et de manière encore plus basse que précédemment, une pointe de crainte lui nouait la gorge mais il s’efforçait à parler par-dessus.

« Voila… Ça fait quelques années que je lis dans les pensées des gars cagoulés qui nous donnent des cours, qui s’occupent de nous et qui nous forcent à combattre… Et aujourd’hui, j’ai eu les dernières informations que je voulais. Notre pays d’origine… »

Le jeune blondinet prit une longue inspiration, puis repris sa phrase avec le même ton.

« Notre pays d’origine, le japon, n’est pas si loin, il faut prendre la côte Ouest de l’île… et remonter par le Nord-Est, ça sera facile de se repérer avec la position du soleil en mer… Si on y va ce soir… On aura une chance ! »

Ni une, ni deux, elle se redressa, convaincu par Yato et se mit à le suivre, ce dernier semblait sûr et certain de son chemin à prendre dans la forêt, et à la surprise d’Aki, le petit chétif semblait avoir de la réserve puisqu'ils n’ont croisé aucun garde. Et ce n’est qu’à la fin où elle s’attendait à devoir construire un radeau de fortune avec son frère de cœur qu’elle fût le plus étonnée. Le petit chenapan avait même trouvé une barque avec un moteur hors-bord dans les pensées d’un des vilains qui surveille l’île.

« T’as vu Aki ! Allez en route ! »

Dit-il, enthousiaste regardant Aki, qui semblait avoir changé d’avis sur ce dernier, lui accordant un sourire. Yato se mit à rougir légèrement, tandis qu’Aki détacha la corde du ponton qui n’était pas surveillé, puis les deux jeunes adolescents partirent à vive allure en direction du Nord-Est.
Aki profitait du vent provoqué par la vitesse de leur barque, inspirant de grandes bouffées tandis que ses cheveux virevoltaient dans le vent. Puis elle tourna la tête vers Yato qui l’observait en tenant le gouvernail du hors-bord.

« Merci Yato… J’ai l’impression d’être dans un rêve »

Yato arrêta le navire, de toute façon l’île n’était plus en vue, ils devaient être bien loin maintenant vu que ça faisait deux bonnes heures qu’ils naviguaient à pleine vitesse. Il s’approcha d’Aki en souriant puis lui répondit toujours aussi enthousiaste.

« C’est moi qui te remercie ! »

Il l’a pris dans ses bras, et là où Aki pensait faire un câlin à son frère, ce dernier afficha un sourire au-dessus de l’épaule de son aînée puis la poussa soudainement à l’eau avant de remettre les moteurs en route, se dirigeant vers l’île…

Maintenant seule dans l’océan, elle observait son frère repartir vers l’île, elle soupira, ferma les yeux et fit la planche sur la mer pour commencer à dériver au gré des vagues… Et alors qu’elle pensait tout bonnement mourir, la chance finit enfin par éclairer le bout de l’horizon. Le soleil se levait, et elle pouvait voir plusieurs navires au loin, puis au bout d’une vingtaine de minutes, alors qu’elle nageait vers eux, d’un air décidé, elle pût voir un zodiaque arrivé vers elle, avec trois personnes à son bord. Elle fût immédiatement repêchée et secourue, mit à l’aise dans un coin du thonier, personne n’osait cependant aller lui parler. En effet, la jeune femme habillée de son habit traditionnel noir et paré d’un katana semblait sortir d’un autre siècle et peu loquace à la discussion au vu de ce qu’elle venait de vivre. Puis le navire fit une escale à Miyazaki où elle débarqua après avoir brièvement remercier les marins de l’avoir secourut mais sans s’attarder plus que cela, en effet, même si ces derniers souhaitaient l’emmener à l’hôpital, elle s’est tout bonnement enfuie, n’ayant aucune confiance en autrui à ce moment.
Elle s’efforça de sourire, après avoir distancé les quelques marins qui étaient à sa poursuite, après tout, elle avait rêvé de ce moment depuis son enlèvement, et elle allait pouvoir faire tout ce qu’elle avait raté… Du moins elle l’espérait, mais la réalité rattrapa vite son raisonnement. Elle ne pouvait pas mettre en danger sa famille plus qu’elle ne l’a déjà fait, soupçonnant qu’elle sera vite recherchée par les vilains qu’elle a fui, vu qu’ils ne repêcheront pas son cadavre… Et de plus, il va falloir vivre, sans attirer les attentions plus que cela, elle décida alors au départ de faire des petits boulots au grand marché. Et c’est ainsi qu’elle pût apprendre comment le monde fonctionnait dès lors, jusqu’au jour où elle se rendit compte de ses limites.

En effet, elle était encore jeune, tout juste seize ans, et à part faire les courses pour des commerçants, elle ne savait presque rien faire, tout juste compter, lire et écrire. Et c’est la fois où quelqu’un l’arnaque sur la monnaie qu’elle se rendit compte qu’elle n’était pas assez vive d’esprit. Elle décida grâce à l’argent qu’elle mettait de côté, d’essayer de trouver un précepteur pour lui donner des cours.
Et ce fût sans mal, en effet, beaucoup d’élèves de Facultés cherchent à se faire un peu d’argent facilement, et c’est ainsi qu’elle pût apprendre diverses choses qui lui tenaient à cœur, comme la poésie par exemple. Mais aussi d’autres qui lui seraient utile, comme la géométrie mais surtout la biologie. En effet, elle savait déjà grâce à la formation qu’elle a eût plus jeune sur son Alter, qu’elle est capable de sécréter des substances naturellement présentes dans son corps. De ce fait, à plus elle en apprenait dans ce domaine, à plus elle était capable de contrôler son Alter et produire des combinaisons chimique utiles... Puis les années passèrent

Et trois ans plus tard, alors qu'elle avait dix-neuf ans, Aki pensait qu’elle devait retourner auprès de sa famille, mais elle ne pouvait se résoudre à le faire ainsi. Après tout ce qu’elle a vécu, elle voulait les étonner, son plan était d’attraper un maximum de vilains afin d’être reconnût nationalement, de sorte à que ses parents aient une surprise démentielle ! Mais c'était aussi surtout pour se prouver à elle-même qu’elle serait capable de défendre les siens si jamais le danger qu’elle redoute venant de l’île d’Iriomote Jija se manifesterait.

C’est ainsi, sous le pseudonyme de « Aka » comme ses yeux rouges, qu'elle débuta son activité de justicière. La journée, elle ne travaillait plus dans les marchés de Miyazaki comme à son arrivé, mais dans un bar de Tokyo depuis une petite année en tant que serveuse, où son air glacial ravissait son patron et quelques clients, et la nuit, quand elle avait assez d’information, elle partait chasser les vilains.
Et ce n’est pas le travail qui manquait, en effet, elle travaillait sur la même affaire depuis plusieurs mois et cela, depuis le début de sa prise d’activité. Cela concernait un groupe de vilains qui vendaient des Trigger, une certaine drogue illicite. Et ce n’est seulement qu’après avoir capturé le troisième homme de mains, qu’elle pût glaner des informations… En effet, après deux sécrétions de Gaba qu’elle fit entrer en contact avec le bandit, ce dernier ne semblait plus avoir la force de mentir. Et c’est ainsi qu’elle apprit que, Hayazu Tora, son propre père était à la tête du réseau qu’elle pourchassait.

Elle se dit alors à ce moment que tout ce qu’elle a vécu jusqu’à maintenant ne pouvait être que des épreuves qui avait pour but de la corrompre de son vrai but. En effet, elle qui avait côtoyé la trahison et la mort dès son plus jeune âge et cela pendant dix ans, elle était treize ans plus tard, confronté dans une situation où c’est elle qui devait trahir quelqu’un. Elle laissa couler une larme, mais n’avait d’autre choix que de s’y résoudre. Après tout, cette empathie dont parlait Yato… Ce léger sentiment de justice qui lui donne envie d’agir comme elle le souhaite est ce qui la définit avant tout, et elle refusait après tant d’efforts de se joindre aux méfaits de son paternel… Pire, elle refusait que son paternel continue à faire ça. Elle n’eut alors aucun scrupule a achevé l’homme de main qu’elle venait d’interroger pour ensuite se rendre à la maison Hayazu.

[Dans une grande maison familiale, bordure de Tokyo]

Rien n’avait changé en treize ans, la maison était toujours aussi bien entretenue et étrangement grande maintenant aux yeux d’Aki qui connaissait la valeur de l’argent. En effet son père n’était officiellement qu’un agent immobilier et sa mère, une comptable. Bien qu’ayant une bonne situation, ce manoir dépassait un peu l’entendement…
Devant le pas de la porte, les yeux plissés, elle tira sur la chaîne reliée à la clochette. Il était minuit passé, elle dût donc attendre une dizaine de minute qui ont dût lui paraître interminable, puis la porte s’ouvrit, un homme grand ayant la cinquantaine se retrouva devant elle, inerte les yeux grands ouverts, visiblement surpris. Il était plutôt costaud, habillé en chemise de nuit avec des cheveux en pagaille et une barbe blanche mal rasé. Hormis la perte de couleurs de sa pilosité, il n’avait pris que quelques rides, c’était bien son père devant elle. Résolu à pouvoir vivre comme elle l’entend par elle-même, et garder au plus loin les tentations qui étaient maintenant face à elle, elle dégaina son katana, son corps produisant plus d’oxygène grâce à son Alter, elle fit une frappe rapide et puissante vers la gorge d’Hayazu Tora, son père.
Une gerbe de sang éclaboussa l’encadrement de la porte, tandis que ce dernier fronça les sourcils et serra la mâchoire, Aki retira lentement son sabre. Et alors qu’elle s’apprêtait à rengainer son sabre, elle sentit une puissante poigne l’attraper au niveau de la gorge.

« C’est donc ainsi, Sayah ?! »

Elle dirigea immédiatement son regard vers le cou de son père qui commençait déjà à se refermer… Puis avant même qu’elle pût penser quoi que ce soit, elle fût projetée à l’intérieur du hall de la maison, tombant et roulant à terre sur quelque mètre avant de percuter une table de salon qui se brisa sous le choc. Elle devait avoir une ou deux cotes brisées, mais elle se releva tandis que son père se mit à rire sadiquement tout en marchant, confiant.

« Que pensais-tu faire avec ta lame, ma fille … ? Tu pensais vraiment que j’étais quelqu’un d’ordinaire ? Un simple trafiquant ? Je suis immortel, et rien ni personne ne pourr-… »

Il ne pût finir sa phrase, car en effet, il ne l’avait pas vu, mais lorsqu’Aki s’était relevée en s’aidant de sa lame, elle avait secrété des antithrombines sous forme d’huile le long de celle-ci. Et alors qu’il était en plein monologue, elle feinta premièrement un premier coup droit vers la gorge de Torah, le forçant à reculer. En effet, étant blessée elle préférait garder une certaine distance et éviter le corps à corps. Son père recula donc subitement pour éviter de finir la tête tranchée mais avant même qu’il puisse se remettre à parler ou agir, il ne pût que remarquer l’agilité remarquable de sa fille, qui d'une estoc, empala le cœur de son père.

« Je ne m’appelle plus Hayazu Sayah depuis longtemps, mais Akatsuki Aki… Certaines choses m’échappent encore mais je me dis que tu dois en être le responsable. Meurs. »

En effet, les antithrombines qu’elle avait secrété sous forme d’huile empêchèrent la régénération de l’organe de Torah qui succomba rapidement. Aki lui accorda une prière silencieuse après avoir nettoyé et rengainé sa lame, puis fila à toute vitesse. Le quartier était déjà parsemé de lumières bleues, son altercation n’a pas dût passer inaperçu, elle décida de ne pas traîner et rentrer aussitôt dans sa chambre à l’étage du bar où elle travaille. Elle-même surprise, elle souriait sur le trajet… Après tout, elle venait de tirer un trait sur son passé et pouvait enfin vivre comme elle l’entendait.  

Au début, elle pensait que son alter était une malédiction qui a entaché et fait virer sa vie dans de sombres dédales, mais ayant trouvé le bout de ce dédale, maintenant, elle pense que c’est une bénédiction afin de protéger l’innocence des plus faibles. Concernant l’existence des alters elle n’a pas d’avis, ils sont là et il faut faire avec. Cependant concernant les lois, elle les trouve naïve, puisqu’un vilain ne respecte pas les lois, de ce fait il n’est pas entravé par un système penser à réguler les alters, mais les héros si, ce qui pourrait les empêcher parfois de mener leurs objectifs à bien.