Keiji Teito [Terminé]

Part 1 : The American Dream

« Heroes, Heroes, Heroes ! »

Quelques personnes progressaient le long du couloir tandis que raisonnaient les cris de la foule à travers les murs.
Wils, absorbé par une pensée, arracha le papier de la barre protéinée de ses dents, gobant le tout en une seul fois. Devant lui, Panther Man semblait plus heureux que jamais. Tout comme Knack, tout comme Warlord…

Et lui ?

Lui n’en savait rien. Dehors, on commençait à appeler ceux qui allaient sauver le pays un par un.

Il regarda dehors. Le stadium était plein à ras. Parfois, il se demandait si exterminer tous les alters, lui y compris, n’était pas la bonne solution. « Un pouvoir bien trop puissant pour un esprit aussi simple que celui des humains », lui avait-on un jour dit. Il avait ri au nez de la personne.
Deux jours plus tard, elle était morte devant ses yeux, tuée par un autre héros accidentellement. Depuis, ces mots ne faisaient que le suivre. Le pire dans tout ça ? « Dommage collatéral » et « affaire classée » étaient les deux réponses qu’il avait eues lorsqu’il s’est adressé à l’administration. Témoigner contre les héros, c’était se précipiter à la mort et précipiter le pays à la destruction totale. Il en était bien conscient, mais il ne put s’empêcher de grincer des dents en arrachant le papier de la barre suivante.

Spoiler:

«  Et finalement, mesdames et messieurs… El grande del incredible de Lionel Massi de Tovingt de Cristiano Wils !! »

Bruce traversa la terre battue de l’arène pour aller rejoindre ses compères. Il pouvait sentir l’ardeur sous pieds, même avec ses chaussures.  Ça lui faisait toujours bizarre d’aller au Texas, étant donné qu’il a passé toute sa vie au nord. Il pensa sans même s’en rendre compte à ses parents. Ils devaient être devant la télé, à le regarder à l’heure qu’il est. Malgré tout l’argent qu’il leur avait proposé, ils ont tenu bon pour rester dans leur petit comté. Ce n’est pas plus mal, en y repensant. Aussi ruraux qu’ils étaient, ils auraient eu du mal à vivre avec lui en ville.

Wils releva la tête et sourit pour la photo d’un geste quasi mécanique, laissant transparaître ses grandes dents blanches qui mordaient dans ce qui restait de la barre protéinée. Un simple geste « sponsorisé » qui allait lui rapporter beaucoup plus d’argent que ce dont il avait besoin.


« Eh bien ! Voilà la nouvelle équipe au complet ! Nous remercions encore une fois notre sponsor Foodsprong pour cet évènement. Demain, nos Héros iront braver les frontières de l’Amérique Latine pour déloger les hordes de criminels qui s’y cachent. En attendant, encourageons-les ! »





Comment faites-vous pour vous organiser lorsque vous envoyez une troupe de 50 super-héros puant la testostérone qui ont pour seule envie de casser des bouches ?
Selon les dirigeants Américains, c’est simple… Vous mettez le plus sanguin -et sanguinaire, au passage- à leur tête.
Wils, en retrait, regardait le titan guider le reste du groupe à travers la jungle tropicale. Arrivé à un point plutôt dégagé, il balaya d’un simple revers de la main tous les arbres dans un périmètre de 50 mètres. Le blond faillit oser une remarque écologiste, avant de se rappeler que concrètement, tout le monde s’en battrait les couilles.

Titanium : On va camper ici. Wils. Ignitio. Activez-vous.

Bruce était une star dans son pays. C’était l’une des personnes qui avait sauvé le plus de vie humaine, et son allure de winner naturel en faisait une vraie enseigne publicitaire, à la limite du culte pour certains. Mais peu savaient qu’il n’était pas vraiment respecté par ses pairs. De fait, le cloneur a toujours été un peu passif, un peu bizarre…
La réalité est que trop user de son alter avait fini par l’affecter psychologiquement. Le héros souffrait de nombreux troubles mentaux. Et il n’avait pas le temps de s’en occuper.

Il fallait établir le camp. Sa main droite toucha une tente, qui devint 30 tentes.
Une brindille, avec l’aide d’ignatio, devint un feu de camp géant.

La première nuit fit place.



Comment faites-vous pour savoir qui a tué 12 collègues la nuit précédente lorsque vous dirigez une troupe de 38 super-héros puant la testostérone qui ont pour seule envie de casser des bouches ?
Selon Titanium, c’est simple… Vous passez à tabac tous ceux que vous soupçonnez.

Titanium : C’est toi Bellagio ? Hein, c’est toi qui les a plantés sale fils de chien ? J’vais te cuisiner façon Al-Dente, sale mafieux.
Logos : Ça ne peut pas être lui. Nico est carrément une armure en or ambulante, il aurait fait trop de bruit.
T. :   Tu te crois malin Logos ? C’est peut-être toi qui a tout manigancé…
Titanium attrapa le Génie par le col, en criant à travers la forêt.
T. : Ecoutez-moi bien, il y’a un traître parmi nous, et personne ne dormira avant qu’on ne l’ait trouvé. En attendant, on avance.




Personne n’aurait pu soupçonner Survivor. Et ils avaient raison. Ce n’était ni un traître, ni un assassin. Mais surtout, il n’en avait rien à foutre. Tout le monde était agité. Sauf lui, et quelques personnes, dont Logos. L’alter de la stimulation intellectuelle. Pour Wils, ça coulait de source que si quelqu’un aurait dû les diriger ça serait lui. En plus de mettre un incapable qui avait pour seul atout sa force brute, une scission pouvait survenir à tout moment dans le groupe.

En d’autres termes, Logos pouvait déclencher une mutinerie à tout moment. Etant probablement dans le top 3 des personnes les plus intelligentes sur terre, Wils ne chercha même pas à essayer de se mettre à sa place pour raisonner.
Il se dit simplement que si le Génie enclenchait une rébellion, il était forcément le traître, ou un des traîtres. Dans le cas contraire, soit ce n’en était pas un, soit il a estimé -grâce à un « banal » calcul de probabilités- que quelqu’un aurait pu se douter de quelque chose. Nous n’étions pas des lumières, mais on ne sait jamais…



Ils avaient marché, volé pour certains, toute la journée. Rien. Aucune trace humaine, alors que la nuit faisait place.

« J’ai fait mes calculs, regroupé les données. J’ai éliminé ceux qui avaient un différent direct avec la mafia Latine. J’ai éliminé ceux qui n’étaient pas assez intelligents pour penser à éliminer quelqu’un afin de créer la scission dans le groupe. Ceux qui… n’ont pas vraiment la discrétion dans l’âme, et un tas d’autre paramètres bien trop longs à détailler. De toutes les façons, vous ne comprendrez pas.

Les personnes restantes sont : Moi, Ignatio, Panther Guy, Acid Man, Fantomio, Stitch et Biffty. Si il y’a un traître, c’est forcément, au moins, l’un d’entre nous. »

Wils fut à moitié soulagé, à moitié insulté de ne pas faire partie du crew des potentiels traîtres. Car il ne faisait partie ni de la première, ni de la dernière catégorie.

Mais il n’avait, encore une fois, pas eu le temps d’émettre une seule remarque.

Des cris d’apaches, mêlés à des rafales guns avaient fait place au silence. L’air s’était gelé au-dessus d’eux… Des alters…
Le blond, sortit pour une fois de son mutisme, l’espace d’un instant.

Wils :  LES TRAITRES ONT FORCEMENT UN SIGNE DISTINCTIF POUR QUE LES VILAINS PUISSENT LES REPERER, TUEZ-LES VITE

Il commençait à s’agiter dans tous les sens comme un taré.

Acid Man :  C’EST LES PUTAIN DE SACS QU’ON NOUS A DONNE ! Y’A DES CROIX DESSUS. REGARDEZ !
Le lanceur de gerbes venait de se précipiter son sac.

A.Man :  Le mien par exemple est… Marqué ?

A peine venait il de terminer sa sentence qu’une épée lui transperça la gorge.

Stitch : Traître.

Presque en même temps, tous s’étaient précipités sur les sacs, vérifier les noms figurant sur les sacs marqués afin de voir qui étaient les autres Judas.
Simultanément, les cris se faisaient de plus en plus proches. Une dense couche de neige commençait à se déverser.

Wils : Arrêtez, c’est peut-être juste un truc pour nous embrouiller ! Putain de fils de putes de sauvages !

Mais ses cris n’arrangèrent rien. Un véritable brawl s’était engagé entre quasiment tous les membres de la Dream Team. En un rien de temps, le champ de bataille devint un cimetière à ciel ouvert. Les vilains n’eurent qu’à finir ceux qui étaient à terre.

Pendant ce temps, un seul se tenait encore debout.
Avez-vous déjà eu l’impression de vous tenir devant un dieu ?
Parce que cette nuit, c’est précisément ce que le corps de Wils, à moitié vivant, crut voir.
Titanium était en train, à lui tout seul, de décimer toute une armée. Jamais il n’avait vu quelque chose comme ça.

Logos: Je ne vais pas t’ôter le plaisir de ce spectacle.

Quel enfoiré.

Wils: J’espère que tout le monde crèvera ce soir.
- Oh, ça m’arrangerait, tu sais. Dit-il en allumant une clope d’une seule main.
- T’es pas censé être intelligent ? Ça te bousille la santé ce truc.
- L’utilité que je retire en consommant cette cigarette est plus importante que celle retirée par les secondes supplémentaires de vie octroyées et la santé de mes poumons si je ne la consommais pas. Théorie du consommateur. C’est de la Microéconomie de base, crétin.


Un membre humain -probablement un pied, il n’arrivait pas à bien distinguer avec le filet de sang qui s’écoulait sur son visage-, tomba à quelques centimètres de lui. Sûrement celui d’un ennemi.

- Oh si je vois un peu. Homo Economicus, tout ça… J’ai jamais vraiment cru à tous ces conneries. Je suis beaucoup trop con pour me permettre de faire des choix en tant qu’être rationnel.

Titanium tituba, apparemment transpercé à l’œil par une sorte d’oiseau géant. C’était la fin.

- Attends, j’ai ce truc caché quelque part dans ma poche… Ah voilà, une sorte d’artefact ingénieur. Une sphère/bouclier avec énergie répulsive. Il y’a 679 chances sur 2000 qu’il tente une dernière attaque dévastatrice avant de mourir.

Le géant poussa un dernier cri tandis que Logos déclenchait le bouclier

- 1578 sur 2000. Ah, cet instinct bestial que vous avez, les héros, c’est drôle hein…

Les deux mains du colosse s’étaient jointes dans une attaque dévastatrice. L’onde de choc avait tout déforesté dans un radius de 300 mètres, juste avant qu’il ne s’effondre, sans vie. Il ne devrait plus rester grand-chose de vivant dans les parages, d’ailleurs. Logos désactiva son bouclier, reprenant la conversation comme si de rien n’était, allant même jusqu’à déverser sa cendre sur le visage de Wils, stoïque.

- Tu disais, sur l’Homo Economicus ? Ça avait presque l’air intéressant.  
- Oh, rien de bien important. De ce que je sais, la théorie Microéconomique est basée sur des Axiomes, des principes de pensée. Le principe proéminent étant que l’homme est un être rationnel, recherchant l’utilité pure. C’est une abstraction, sociologiquement approximative, qui est loin de faire consensus, même chez les économistes.


L’air hautain de Logos s’était assombri, pour faire place à la panique.

- Attends, j’ai foiré les paramètres de calcul. Je t’avais mis à un niveau d’intelligence beaucoup plus bas que ça. Pas que tu aies raison sur le sujet, tu dis de la merde, mais je ne te pensais pas pouvoir raisonner d’une façon aussi construite. Oh non, oh non, OH NOOOOOON !!

L’homme avait tourné à la démence, se tenant la tête à deux mains tout en tournoyant sur lui-même tel un danseur soufi, avant de s’arrêter complètement.

- 36/3005…

Il prononça cette fraction, les yeux écarquilles, avant de tomber sur le sol, la carotide ouverte. Face à lui, Ignatio et Wils.

- Laquelle… Des options.
- Attends, j’aimerais avant tout te reprendre ta clope de la main. Tu n’en retireras plus aucune utilité maintenant. Ensuite… Ignatio, j’aimerais que tu le relèves, et que tu lui bouches les oreilles pendant que je lui raconte comment j’ai procédé.

Logos commençait à crier comme un démon.

- NON JE VEUX SAVOIR !! ARRÊTE ! C’EST BEAUCOUP TROP CRUEL !
- Dis-moi, cher Ignatio, tu penses que si on additionne l’utilité négative que va perdre notre ami ici présent car il ira dans la tombe sans savoir, et celle que j’aurais en le voyant crever SANS SAVOIR, SERA POSITIVE OU NEGATIVE ?? HAHAHAHAHHAHAHAHAHAHAHAHAHHAHAH ! LA VERITE C’EST QUE JE M’EN BATS LES COUILLES ! MON UTILITE EST NEUTRE ET CONSTANTE ! LA VERITE C’EST QUE JE SUIS PAS VIVANT ! JE NE SUIS PAS VIVANT ! ET TOI NON PLUS ! UNE BELLE FICTION MAIS JE M’EN FOUS. JE JOUE LE JEU QUAND MÊME LOGOS, ET JE N’EN RETIRE AUCUNE UTILITE, TU COMPRENDS ?

Il avait son visage qui effleurait quasiment celui de Judas, tâché de postillons. Il reprit d’une voix plus calme, devant les deux héros, tremblotant.

- Bien sûr que tu ne comprends pas. Tu es beaucoup trop intelligent pour ça. Bouche lui bien les oreilles.

Spoiler:

-Voilà, tu sais tout maintenant. Dit-il avec un sourire tellement faux qu’il avait l’air sincère- Tu peux reposer en paix.

Wils enfonça son couteau dans la trachée de l’odieux personnage.

- Brûle-moi cette place Ignatio. Je ne veux plus en entendre parler.



Part 2 : The Japanese Downfall

L’épisode psychotique du Survivor fut interrompu par la sonnette. Il s’arrêta de rire, tâcha de reprendre ses esprits avant de descendre au rez-de-chaussée.

- Vous avez deux lettres.
- Mercé beaucoup, my friend.
- Au revoir.
- Allez Salam Aleikoum, comme on dit chez vous !


Wils se dirigea vers la cuisine. Il avait besoin d’un café pour combattre le mal de crâne. Le filtre ne marchait pas très bien, tant pis.
Il s’assit en tailleur sur un des nombreux canapés du salon. Première lettre, quelle surprise.

- From Ignatio…

Traduction japonaise : « Hé mec, comment ça va ? On m’a raconté une blague l’autre jour à ton propos, ça m’a fait rire. On m’a dit qu’ils t’avaient refusé une licence, et que t’as été obligé de t’inscrire en tant qu’élève ! Dans un lycée ! Le Survivor, élève dans un lycée… Bien bonne celle-là hein ? Remarque, avec ces attardés de Japs, on sait jamais hein. Dans tous les cas, j’ai mes connaissances au Ministère maintenant, n’hésite pas si tu veux un bon coup de diplomatie à l’Américaine, si tu vois c’que j’veux dire.

Un an après, je pense qu’on a vraiment fait le bon choix, à propos de… Tu sais. Oh et puis merde, ça m’étonnerait qu’on soit espionnés, à propos de ce qui s’est passé à l’expédition. T’imagines si on avait raconté la vérité ? « mutinerie générale chez les héros », ça aurait totalement détruit le pays. Bon, on est toujours pas top ici niveau sécu’, mais franchement ça va, ça pourrait être pire. La nouvelle génération est pas mal. Bon c’est pas tout, mais j’ai du boulot, donne des nouvelles, sale con.

Pyro-man »

Wils écrit une très brève réponse, pour commencer.

« Cher Igna’, t’as raison pour l’école, j’suis un vrai p’tit élève. Enfin, j’ai failli buter un gosse à un test de baston donc on m’a gentiment renvoyé, là j’suis chômeur. J’vais voir pour un petit boulot en attendant. Sinon les gosses, ça va ? »

Mais son regard se posa sur la deuxième lettre. « Tenryû Ayako ». Il arracha l’enveloppe de ses dents.

« Vous êtes convoqué demain par la directrice de l’établissement Yuei pour un entretien à propos d’un poste de professeur. »


Peut-être que la réponse pour Ignatio allait attendre…


Note pour la première partie : Les discussions sont en anglais, j’ai juste trouvé ça un peu lourd de faire tous les dialogues de cette manière.