Burn Baby Burn | Yu Belladone [Terminée]

Vivante...

Tu es tel l'air qui emplit les poumons, tel l'eau qui vivifie l'esprit, tel le feu qui réchauffe le cœur. Tu portes les valeurs de tout un concept, de toute une représentation que se fait le monde d'un vrai héro. D'une personne capable de sacrifier son propre bien pour celui d'autrui, d'être capable de mettre de coté sa suprématie apparente pour permettre aux plus faibles de s'élever à leur tour. Pour toi, ton surnom est plus qu'un titre, il est plus qu'un diminutif qu'on te donne afin d'éviter de crier au grand jour ta véritable identité, c'est un symbole du devoir que tu dois effectuer en chaque instant...

Enfin...

Ça, c'est les beaux discours que tu as tendance à tenir devant la caméra ou devant les journalistes. Il n'y a personne d'aussi pur d'esprit que cela mais le but est que les gens le pensent. Après toutes ces années à risquer ta vie pour autrui, à vivre des mésaventures tragiques, la réalité a très vite chassé cette vision du super-héro que tu avais pu avoir durant ton enfance.

Tu es devenue une personne soucieuse de la forme plus que du fond. Qu'importe si ce que tu dis est entremêlé de mensonge, il est de ton devoir d'inspirer les gens. Tôt ou tard, un héro finit par tomber, mais son sacrifice a été payant s'il a pu soulever dans son sillage une relève capable de tenir son héritage.  

Le mal ne se combat pas uniquement avec le bien... Tu as bien saisi que ce monde ne fonctionne pas sous le concept d'un manichéisme absolu. Tout comme le feu ne se plie pas forcément face à l'eau... Alors tu souris, tu prends la pose quand cela est nécessaire et tu es toujours accompagnée de tes lunettes qui te donnent un air charismatique.

Tu tends à ne jamais montrer les parties sombre de toi. Ta colère, ta peine, ton regret... Ce sont des fardeaux que tu dois porter avec ceux regroupant l'espoir et la volonté des plus faibles. Mais si tu le fais, c'est car tu n'as pas oublié la possibilité d'un monde meilleur. Il n'y a pas grand chose qui peut désormais pervertir ton idéologie, celle-ci ayant déjà été plus d'une fois malmenée. Tu es arrivée à ce stade où tu ne changeras plus et où tu continueras à défendre des valeurs pourtant si complexes à définir.

Alors tu t'entraines, tu purges tes mauvais sentiments dans des exercices quotidien. Tel un brasier, tu as besoin d’être alimentée en permanence afin de ne pas t'éteindre. Tu te dois de bouger, d'agir et de vivre sous peine de te perdre dans une asthénie complète. Le mouvement, là est peut être le concept qui te permet de vaincre tes propres démons en plus de ceux des autres.

Et c'est avec cet équilibre de vie désormais stable et cette sagesse apprise sur le terrain que tu comptes former le futur. Qui prendra certainement la suite des choses lorsque tu ne sauras plus en mesure de te relever...

Pour un monde meilleur...

Mon étincelle...

Ce fut le sobriquet que ton père te donna peu de temps après ta naissance... En effet, ta génétique particulière s'était dévoilée très tôt, suffisamment pour la rendre totalement ingérable. Et, même si les mœurs avaient évolué en trois siècles, ta famille eu énormément du mal à digérer tes capacités inexplicables.

Aucun membre de ta famille n'était capable de faire ce que tu pouvais faire et ce même si tu remontais des générations auparavant. La science quant à elle, n'était pas non plus dans la capacité d'émettre des hypothèses concrètes sur un domaine qu'elle avait encore du mal à rationaliser. Ainsi, tu fus l'anomalie d'une famille aux traditions pourtant assez strictes. Ton père provenant d'un autre continent, il trainait avec lui des coutumes proche de la religion. Ce genre de concept qui avait du mal à se marier avec l'évolution du genre humain et qui voyait cela comme une malédiction plutôt qu'une véritable progression.

Mais même la foi avait ses limites, même pour ton père qui n'a pas su renier bien longtemps celle qui était faite de la même chair que lui. Bien que les relations furent tendues avec lui comme avec ta mère, tu ne manquas d'amour. L'éducation néanmoins très autoritaire qui s'en suivit te poussa à idéaliser les héros qui passaient à la télévision ou à la radio.

Dans leurs actes, tu percevais une profonde sensation de liberté. Tu voyais en eux la capacité d'écrire leurs destins et de façonner le monde entier. Tu étais bien naïve... Mais ce fut certainement cette crédulité inhérente à un enfant et le cadre familial dans lequel tu t'étais développée qui te poussa à rejoindre bien plus tard une école de futurs super-héros.

Après tout, tu en avais la capacité, celle-ci que tu avais appris par toi même à refouler volontairement afin de ne pas causer le chaos autour de toi. Combien de fois tu avais menacé sans faire exprès les fondations de ta maison. Combien de fois avais-tu cramé ce qu'on t'avait donné dans ton assiette...

Au fond de toi brulait un feu ardent qui ne demandait qu'à s'exprimer. Jusque-là, il avait été opprimé par ton paternel puis par toi même. Mais désormais, il allait pouvoir se détacher de ses chaines, il allait pouvoir faire qu'un avec toi et entièrement s'épanouir.

Ton admission fut laborieuse, tu savais pertinemment retenir ton pouvoir mais quant il fallait bien l'utiliser... C'était une tout autre histoire. Tu le savais puissant, mais une arme ne servait à rien si tu étais incapable de t'en servir correctement dans un but précis. Et cela ne t'aida pas, même après avoir été finalement admise au sein de Yuei.

Tes résultats étaient catastrophiques. Tu maitrisais l'aspect théorique des choses mais tu étais bien incapable de les mettre en pratique. Il y avait au final un décalage total entre ce que tu étais et ce que tu pensais être. La déception et la frustration pointèrent rapidement le bout de leurs nez. Tu n'étais pas patiente pour un sou et la maturité ne s'était pas encore installée dans ton esprit. Tu n'avais pas vécu de moment assez pénible pour véritablement prendre du recul sur ce qu'il te manquait.

Et tandis que l'idée d'abandonner te frappa plus d'une fois, tu fis finalement la rencontre d'un de tes camarades de promotion. Un beau roux à l'aura nébuleuse. Tu ne savais pas ce que tu lui trouvais mais tu avais tendance à naturellement t'agglutiner vers lui. Comme un ours désireux de son miel... Enfin... Face à la différence de carrure, il était plutôt judicieux que ce soit lui l'ours d'entre vous deux.

Enfin bref...

De fil en aiguille, ton histoire vint se mêler à la sienne et une forte relation s'était établit entre vous. Il avait su calmer ton désarrois et installer une certaine clairvoyance dans ton esprit. Il avait été le premier à te comprendre, et ce fut suffisant pour parfaire ta maitrise de ton propre pouvoir et te libérer de toute une angoisse.

Tu passas deux ans à ses cotés... Avant que la vie ne vous sépare et que la trahison ne te détruise le cœur. Tu le voyais comme une moitié, une part essentielle dans l'équilibre sain que tu avais instauré dans ton existence. Mais il avait tout bafoué, il était allé jusqu'à bafouer les principes mêmes qu'enseignaient l'école. Il t'avait trompé, toi et tout ce que tu pouvais représenter... Tu l'avais aimé, sans aucun doute, mais tu n'avais pas été capable de renier ta propre nature pour lui.

Et lorsque le moment de la séparation ce fit, tu laissas éclater ta rage. Ce fut un bien sordide évènement, par ailleurs, ta mémoire à tendance à te jouer des tours lorsque tu tends à repenser à cette séparation. Toi qui avait retenu toutes ces années ton feu intérieur avait fini par le déverser sur le malheureux qui même s'il était, autrefois, plus doué que toi, n'avait su se prémunir totalement de ta vengeance. Cela te marqua pour toujours autant que cela le marqua...

Ce fut une étape importante dans ta vie. Celle qui provoqua un changement crucial dans ta manière de voir le monde. Celle qui te permit notamment de passer des plus mauvais de ta promotion au plus haut du panier. Tu étais désormais en phase avec tout ton être, et il n'y avait plus grand chose capable de t'arrêter.

Les années à la suite de l'obtention de ton diplôme furent compliquées. Les vilains n'avaient de cesse de se multiplier encore et encore et les héros chutaient tous comme des mouches. Tu avais vu des choses horribles, des frères d'armes tomber dans tes bras...

Combien de fois tu étais revenue en mission meurtrie par les assauts de l'ennemi, l'air toujours souriant devant les caméras mais grave en privé... Elle était loin la vision idyllique des super-héros que tu te faisais dans ton enfance... Où était la liberté que tu avais recherché ? Où était cette impression de pouvoir véritablement changer les choses ?

Tu savais que tu te battais contre un déferlement infini, et que par nature, la victoire était inaccessible. Mais cela ne t'empêcha pas de continuer à te battre, d'être plus avisée, plus sage aussi. Ta colère bouillonnait toujours en ton fond intérieur mais tu savais désormais pleinement la maitriser. Elle n'était plus la vieille ennemie qu'elle était dans ton adolescence, dorénavant, elle était la seule vers qui te tourner durant les moments compliqués.

Et quand l'espoir ne suffisait pas à vaincre les blessures, la colère, elle, était toujours présente pour toi.

Ce fut elle ta béquille, l'épaule sur qui tu pouvais te reposer quand plus rien n'allait. Et grâce à elle, ainsi que ton expérience, tu grimpas petit à petit dans les échelons. Toujours persuadée d'agir pour le mieux à défaut de le faire pour le bien.

Ton pragmatisme te valus même le poste de chef de ton agence lorsque le précédent décéda suite à une intervention. La vie n'était qu'éphémère, surtout pour les héros... Et tandis que tu avais encore la possibilité de te retirer, de vivre une vie paisible et loin de tout ça, tu t'engouffras une nouvelle fois dans cette tourmente héroïque.

Dans ce monde, agir en héro était synonyme de sacrifice... C'était le seul constat que tu avais pu faire durant toutes ces années.

Mais tu allais tout faire pour changer ça, pour les générations futures. Pour qu'un jour, une autre jeune fille naïve et pleine de rêve puisse continuer à s'émerveiller même après être passée à l'age adulte.