[AV/T] 예쁜 그 미소가 눈물이 될까 봐 - Fiche Kim Eun-ha

Sur les branches, de nombreux bourgeons sont encore fermés, mais bien que les cerisiers n'aient pas encore fleuris, le printemps semble être arrivé beaucoup plus tôt que l'annonce du calendrier, faisant fleurir l'espoir de la mère d'Eun-ha, les pleures du garçon comme les premiers arômes des saisons de l'éclosion firent surface conquérant la moindre parcelle de la modeste bâtisse que ses parents appelaient maison. La naissance de l'enfant enivrait toutes choses par les doux effluves de sa voix s'échappant de ses premiers cris.

L'éclosion de l'enfant incarnait pour ses parents une rédemption inattendue. Il était l'ultime tentative de d'avoir un bébé, suite à de nombreuses fausses couches qui incarnaient leurs punitions pour suspicions de trahison envers le pouvoir en place. Ainsi, la naissance d'Eun-ha était une preuve que le Leader Suprême était bon et aimant envers son peuple malgré les erreurs du couple.

Combien de fois les couleurs des saisons ont-elles changées, sans même que l'enfant puisse s'en rendre compte ?

A l’origine le garçon ne possédait aucune réelle ambition, bien au contraire, il n’était rien ni personne, aucune passion, aucune histoire comme s’il était une toile vierge de toute œuvre du temps. Personne ne sait ce qu’il était avant de rejoindre les camps, mais cette rédemption lui offrit la chance et surtout l’occasion de découvrir le monde à son rythme tandis que les jours et les saisons défilaient sous ses yeux ébahis. Les membres des camps de regroupement n’accordaient aucun intérêt militaire à l’enfant, il était beaucoup trop jeune et frêle, bien trop calme et timide, il n’adressait même pas la parole et ne regardait personne, observant le plus souvent le sol lorsqu'on lui adressait la parole ou bien même quand on lui posait le regard dessus.

Il ne le savait pas et ne s’en rendait pas compte, mais rapidement le jouvenceau devint un genre de symbole dans sa contrée natale, devenant une véritable source d’inspiration pour les partisans du Leader Suprême. Il était devenu ce que l’on appelait la merveille de Songrim, un diamant éclatant parmi la boue de ces tunnels qui servait de fourmilière aux mineurs de Fer. Le plus étonnant c’est que ce n’était pas pour une raison commune aux grands héros, ce n’était pas pour son charisme ou bien par son leadership bien au contraire, il n’en possédait aucun, son caractère timide l’obligeait bien souvent à rester en retrait, à ne pas foncer de l’avant ou bien à ne pas contester un ordre qu’on lui donnait sauf dans de rare occasion où cela n’allait pas dans le sens de sa protectrice.

Il était même le contraire, beaucoup trop doux. Agissant comme s’il découvrait le monde, avec une certaine passion pour la nature et la douceur, Des heures durant il pouvait observer une plante se délivrant de son armure de pétales sous les rayons revigorant du soleil.

Eun-ha avait grandis, incarnant l'éclat du Leader Suprême, en effet, l'enfant était un diamant parmi le bas peuple Nord-Coréen, une toile blanche de toute œuvres néfastes de la vie, une véritable source d'inspiration pour les habitants de la province. Il devint un outil de propagande, un enfant fort travaillant dur et amoureux de la nation. Rapidement ce rejoint la capitale sous ordre de l'autorité. Il était l'enfant du peuple une preuve que le Leader Suprême dans son infinie bonté offrait la rédemption et son pardon même à ceux doutent de lui. En rejoignant la capitale il bénéficiait d'une éducation nouvelle, ayant accès à l'école afin de solidifier la foi du peuple et du garçon envers le Leader.

Eun-ha était un enfant bien trop calme, mais très curieux. Amoureux de la nature et des pouvoirs du Leader à la rendre si belle et diverse. Il aimait énormément les petites choses de la vie, comme les discussions avec ses camarades, simplement les relations humaines ainsi que l'histoire concernant le dirigeant suprême et sa toute-puissance. Il était un élève studieux, il excellait dans les matières instruites à l'école, les mathématiques, les langues et les sciences étaient son domaine de prédilection, les matières plus abstraites comme l'art et le chant apparaissait comme des hobbies pour l'enfant, cependant même s'il n'avait aucune réelle attirance pour les sciences militaires, ces dernières n'étaient pas en reste, l'excellence était de mise et Eun-ha l'avait bien compris !

Rapidement il fut renommé « Heart » Loin d'être un surnom choisi aléatoirement ou pour des raisons arbitraires, Heart n'est autre que le nom que la population utilise en parlant de l’enfant. Les raisons sont diverses certains disent que c’est pour son physique aussi pur que le cœur d’un enfant, ou bien pour ses actions vertueuses, ou tout simplement car il est celui qui fait battre un sentiment d’espoir et de liberté dans la conscience collective. La réelle provenance de ce titre est toute autre, encore une création de la même femme envers celui qu’elle qualifiait comme étant son trésor personnel, celui qui lui permettait de se sentir vivante, et faire parvenir cette douce et agréable chaleur le long de son corps.

Le jeune garçon adopta ce nom sans la moindre hésitation et ainsi ce fut les premiers d’une longue liste de mot tous plus doux les uns que les autres. Il était aujourd’hui devenu quelqu’un et non pas simplement un morceau de décor défilant aux yeux du monde soumis aux menaces du temps. Le prénom n’aurait sans doute pas eu le même impacte s’il venait d’une autre personne, il faut dire que le mystérieux enfant éprouvait des choses étranges pour cette femme, Hwang Sun-hee. Il ne savait pas vraiment ce que voulait dire son prénom, mais il savait pourtant ce que ça lui faisait ressentir, il n’en connaissait pas l’interprétation et ne la connait toujours pas d’ailleurs, mais cette chaleur qui parcourais son corps à chaque fois qu’il était à ses côtés, cette étrange pression dans l’estomac, son cœur qui ratait des battements à la moindre parole, geste caresse étreinte, étaient des choses tellement agréable qu’il avait aisément compris qu’elle était son trésor, ce qu’il aimerait et admirait le plus au monde même s’il était encore loin de tout en savoir.

Ainsi la jeune fille incarnait plusieurs rôles pour l’enfant, celui d’une sœur, d’une mère, d’une amie, d’une tutrice et parfois plus. Eun-ha apprenait la vie aux côtés de cette femme, Hwang Sun-Hee qui était son seul point de repère, ainsi sans même s’en rendre compte le garçonnet imitait les gestes de son modèle, son quotidien était devenu le siens, ses mouvements, ses paroles suivant cette dernière dans la moindre de ses décisions même dans celle qui changerait leurs vies.

Hélas, une de ces décisions fut plus lourde de conséquence que les autres, menant Eun-ha à une certaine amnésie n’ayant plus aucun souvenir pourtant au fond de son cœur subsistais toujours une vive douleur se démontrant parfaitement sur son visage. De douces perles roulaient le long des joues rosées du jeune garçon. Il n’était plus le même, sa joie de vivre et cette amour débordant de son cœur avaient fanées, les flammes de sa passion se sont éteintes ne laissant sur son visage qu’un air plus ou moins vide camoufler sous ses talents naturels d’acteur.

Un garçon normal, voilà ce qu’il laissait apparaître maintenant. Pas très grand, avoisinant le mètre soixante-dix, le jouvenceau possède un corps plutôt frêle, assez svelte, les courbes de son corps dessinent celles de ses os sur certaines parties, souvent recouvertes avec soin par d'amples vêtements aux couleurs obscures. On peut facilement apercevoir que son enfance ne semble pas lui avoir permis de s'épanouir davantage, une peau d'un blanc immaculé et fragile le recouvre, parfaitement lisse comme si les caresses du temps passent ne l'atteignait pas. Aucune marque ou le moindre signe de ces nombreuses barbaries qu'il aurait pu vivre ne lui permettant ainsi aucun indice sur son ancienne vie, offrant ainsi au garçonnet un corps et un regard totalement vierge semblable à celui d'un nouveau-né. En parlant de son regard, de long cheveux sombres venaient recouvrir son doux visage juvénile aux nombreux paradoxes, en effet les mèches sombres venaient offrir un léger côté sévère à l’enfant rapidement rattrapés par l'agréable douceur qui émanait des courbes de son minois qui laissait constamment paraître un sentiment de tristesse et de chagrin. Une chose, dominait le sophisme de sa physionomie, des yeux d'un azure infini dominait en roi l'étrange royaume qu'étais le faciès du bambin, d'un simple regard il pouvait faire disparaître tout ce qui se trouvait autour de vous, faisant s'effondrer toutes ces choses moroses et dérisoires vers un monde parfaitement clair, un profond océan d'une douceur infini, sous un ciel cobalt aux nuages laiteux brillant de mille éclats.

Un mélange hétéroclite entre la douceur et l'innocence d'Eun-ha et la réalité d'Heart, un tueur d'exception.

Eun-ha…
Eun-ha…
EUN-HA !
…
Réveille-toi.

L’enfant, enfoui au fond de la couette, écarquilla les yeux. Quelques secondes, suffisantes pour le sortir du brouillard matinal, passèrent. Étouffé par la moiteur du tissu qui l’écrasait, il se sentit obligé de se recroqueviller sur lui-même pour centraliser la chaleur. De brefs sanglots traversèrent ses joues et se mêlèrent à l’infantile transpiration que son corps essuyait après une nuit si brève et mouvementée. Il ne s’était pas reposé mais cela lui importait peu. Il ne put s’empêcher de serrer le matelas de sa petite poigne et déchira quelque peu le drap qui, jusqu’à présent, avait essuyé des crasses bien pires et bien plus involontaires. Le temps passa et la lumière artificielle des ampoules se faisait de plus en plus persistante, au point que la couverture ne réussissait plus à la filtrer. Une assourdissante sirène retentit, ce qui ne manqua pas de faire sursauter le petit garçon qui sortit brièvement de la couette. Une ombre passa devant sa porte à toute vitesse puis recula doucement. Il s’agissait d’une femme ayant un peu moins de la vingtaine. Elle portait une blouse blanche salie par la crasse et ses longs cheveux bruns étaient retenus par un simple chignon. Ses lunettes pendaient sur son nez et manquaient de tomber à chacun de ses mouvements de tête. Aucun sourire ne fut échangé. La sonnerie vrilla leurs oreilles une fois de plus, ce qui ne manqua pas d’agacer la femme dont les joues rosissaient d’ennui à chaque seconde.

- Mais enfin ! Tu es sourd, ou quoi ? Habille-toi, et plus vite que ça !

Il hocha rapidement la tête, soudainement pris de panique. Cela ne dura qu’une seconde, le temps de poser les pieds au sol. Il n’était pas quelqu’un de vif et ne le serait probablement jamais. Il trouva malgré tout la force d’enfiler un tee shirt trop grand pour lui et parcourut les couloirs humides des mines de Songrim. Le passage était très peu éclairé et il fallait faire attention à ne pas se tromper de dédale, au risque de se perdre pour les trois prochaines heures. Heart, comme on aimait l’appeler par ces lieux sordides, avait cependant fait de nombreux efforts pour mémoriser le plan qu’on lui avait confié, lorsque celle qui le protégeait n’était pas là pour l’épauler. Il se rendit au point d’accueil et répondit présent à l’appel, sans forcément l’exprimer oralement. Il préférait rester en retrait et signaler sa présence quand le besoin s’en faisait sentir. On ne le trouvait pas très vaillant mais on appréciait sa compagnie. Il était, si l’on pouvait le dire ainsi, apaisant. Le même rituel matinal opérait au sein de la brigade: dire que l’on était là, s’armer, s’entraîner, dormir. Mais le petit n’était pas très doué avec les armes et avait tendance à déstabiliser ses adversaires ainsi que ses alliés, de ce fait on l’avait bien souvent écarté de la routine pour le laisser vadrouiller à l’intérieur de la zone comme il l’entendait. Par moment, toujours avant l’heure du coucher, son amie la grande dame le conviait dans sa chambre et lui présentait une jolie sphère colorée. Elle lui demandait toujours de la toucher trente secondes, jusqu’à ce qu’une belle lueur, d’un mélange de cyan et d’orchidée, apparaisse. Après cela, il se réveillait le lendemain emmitouflé au fond de son lit. Il surprit plus d’une fois son amie parler dans un dictaphone, l’entendre dire qu’elle était tous les jours un peu plus proche du but, et qu’ils comprendraient, à l’institut de la guerre, quelle erreur cela avait été de l’empêcher de mener son expérience jusqu’au bout. Il n’arrivait à soupeser le sens de ces paroles mais les interprétait comme une victoire commune qui réchauffait son cœur, sans même savoir qu’un seul de ses sourires pouvait s’avérer être une arme mortelle pour quiconque s’y opposait. Il pensa bien que cela dura un an, pour peu que la notion du temps soit fiable lorsque l’on ne voyait jamais le soleil.

- S’il te plaît, pose tes mains sur ce noyau et concentre-toi, d’accord ? Je sais que tu peux le faire.

Il avait bien l’impression d’entendre cette phrase tous les jours, désormais. L’enfant ne mesurait pas le poids de ses gestes mais appréciait se rendre utile, sans pour autant l’exprimer. On ne le remerciait d’ailleurs pas pour ses efforts quotidiens, sauf lorsqu’il souriait. Son regard, plus transparent sur le monde que pouvait l’être celui de n’importe quel adulte, était adulé par les siens et on en redemandait. A tel point que cela inquiétait la scientifique, qui, par moment, trouvait la réaction de ses pairs disproportionnée. Elle ne se rendait somme toute pas compte d’à quel point elle était privilégiée, pour soutenir sans brûlée sa fragile cornée le regard d’un être si pur. Une autre année passa, non sans accroc. Il avait été cette fois difficile de réunir des fonds et de la nourriture. Remonter à la surface n’était pas chose aisée les têtes n’étaient pas mises à prix, l’odeur des fosses les trahissaient. On commençait à parler, dans la ville jusqu’à ses frontières, d’un groupe de dissidents qui se cachaient dans les mines pour fomenter des plans contre le Leader Suprême que l’on pouvait aisément tirer sur la comète. Certains les nommaient marginaux, d’autres terroristes. Le garçon n’avait ni idée ni conscience de tout cela, bien trop occupé à découvrir les petits plaisirs de la vie en captivité, comme par exemple passer par les petites bouches pour espionner les gens ou encore faire de la musique en frappant lourdement les cylindres métalliques des dédales crasseux. Mais il ne s’adonnait à ses modestes plaisirs que lorsqu’il était persuadé d’être seul, tenaillé par le joug d’une timidité persistante. Tout le monde avait faim, même lui, mais personne ne se plaignait. L’ambiance se dégrada cependant au fil des mois, à mesure que le regard du garçon s’imprégnait d’une déraisonnable force d’esprit qui faisait plier de plus en plus de personnes autour de lui. Comme s’il était maudit.

Comme s’il était magique.

Il avait 11 ans lorsque le véhicule qui l’avait emporté jusqu’à l’extérieur de la ville fit une violente embardée en direction du soleil. Lui qui n’avait rien connu quittait désormais ses souvenirs formatés en direction d’une nouvelle vie où il saurait être utilisé à de meilleures fins. Le noyau, luisant d’une pâle énergie, gardait l’enfant au chaud, l’empêchant de sangloter, lui proposant de ne poser aucune question et de laisser le paysage défiler devant ses yeux.



Eun-ha…
Eun-ha…
EUN-HA!
…
Souviens-toi.
…

- Eun-ha ! Cria une voix rauque.

Le jeune adolescent sursauta, ce qui provoqua le rire non contrôlé de ses camarades de classe au sein de l’académie des futures forces militaires du Leader Suprême. Il ne réagit pas aux moqueries et se contenta de silencieusement s’excuser. Son professeur, un vieux général de guerre qui avait décidé de prendre sa retraite avec les honneurs qui allaient avec, était connu pour sa rudesse ainsi que les prouesses de ses méthodes d’enseignement. Pour Eun-ha, dont les résultats théoriques frisaient l’excellence, il existait cependant un conséquent fossé entre ses aptitudes et sa volonté de combattre. Tout comme à la mine de Songrim, on l’avait mis à l’écart pour d’évidentes raisons, et tout comme dans les mines, il passait bien souvent ses soirées à exploiter la puissance du noyau en compagnie de la scientifique qui, après l’écriture d’un théorème qui lui avait valu un prix, avait repris sa place au sein de l’élite scientifique Nord-Coréenne qui l’avait il y a des années de cela chassée. Eun-ha était son fer de lance, celui sans qui rien de tout cela n’était possible. Lui ne le savait pas, pourtant il jouait dans la vie de la femme un rôle crucial qui le prédestinait à de grandes choses. C’est après avoir passé son premier diplôme que le garçon fut transféré dans une nouvelle classe uniquement d'atouts majeurs pour les idées du Juches dont les capacités cérébrales et physiques permettaient de se démarquer vis-à-vis de la population.

- Heart. Sais-tu ce qu’est réellement cette sphère ?

Le silence de l’enfant pouvait paraître pesant mais ses nombreuses gestuelles traduisaient son incompréhension, et peut-être une part d’impatience peu facile à déceler.

- Il s’agit d’un cœur. Nous en avons tous ici, désignant son cœur. Son but est de nous offrir des dons, mais comme tu peux le voir, nous avons tous des capacités différentes. Certains ne savent pas comment faire et même toi tu pourrais croire que tu n’en as pas. Je ne me l’explique pas cependant, tu as l’air d’avoir quelques choses de puissant, quand tu es à mes côtés je me sens comme si tout était possible. Enfin, oublie ce que je veux dire. Le fait étant que tu as quelque chose en toi que personne d’autres ne possède ici. Tu as ces yeux à la fois argentés et bleutés comme des diamants.

Il y avait dans une mine oublié un laboratoire si imposant qu’il semblait faire à lui seule la taille d’un millier de corps empilés. On l’avait laissé là, suite au fiasco du premier noyaux ou cœur Nord-Coréen, et tout le monde l’avait oublié. La femme, qui en était l’auteure, avait créé le noyau pour que celui-ci devienne un pouvoir pour le Leader Suprême, un moyen de prendre le contrôle de qui il souhaitait par sa simple volonté. Cependant, même avec la présence d’Heart, un cobaye prometteur cela était encore loin d’être parfait. Il avait alors été convenu qu’un test devait être. Les ingénieurs sous la direction d’Hwang Sun Hee avaient, au prix de grands efforts et de nombreuses ressources financières, entraîné l’adolescent afin qu’il devienne une parfaite représentation de la doctrine Nord-Coréenne et secrètement, encore plus réceptif à ce fameux cœur auquel il attachait énormément d’importance. Les premiers tests avaient été établis le lendemain du solstice, alors que la chaleur environnante avoisinait des pics jusque-là rarement atteints pour la région.

Il se souvenait de cette seizième année de sa vie, alors qu’il s’épanouissait dans son véhicule de guerre. L’armée lui avait exceptionnellement permis de passer un permis de vol, au même titre que les chasseurs, et il était devenu le plus jeune pilote d’avion de chasse Nord-Coréen. Il était un modèle unique et pour l’instant très peu copiable, toute tentative de reproduction se soldant par un cuisant échec. Il était la perle rare qui pouvait servir de ligne de front lors des rixes, et qui assurait une domination écrasante si une véritable guerre venait poindre, comme celles dont on parlait dans les livres d’histoires des archives Coréenne. Une inscription avait été gravée au chalumeau sur la carrosserie. Ces anciennes runes Sanskrit signifiaient « Saṃsāra» dans le langage oublié des hommes et portaient chance, bien qu’en ces lieux peu étaient réellement superstitieux. L'adolescent tirait avec une incroyable précision et comprenait sa machine mieux que quiconque, trouvant parfois des stratégies alternatives qui, n'avaient même pas envisager par les têtes pensantes du projet. La réalité était pourtant là : Eun-ha était devenu un parfait soldat, un parfait étendard vivant pour le Josongul. L’opposition Eun-ha n’offrait plus aucune résistance à Heart laissant le champ libre à la puissance transcendante du Cœur représenter par ce qui deviendrait bientôt l’égide du pouvoir du Leader.

Ce plaisir dura presque deux ans, jusqu’à la catastrophe qui ébranla l’institut entier et laissa des traces irrémédiables dans le cœur du pilote qui, peu avant ses 19 ans, fit sa première véritable erreur depuis sa supposée naissance.

Heart…
Heart...
HEART !
…
Enfuis-toi.


Mais son corps ne réagissait pas. Les infirmières ne comptaient plus les mois depuis lesquels l’adolescent était dans le coma. On reportait bien souvent la faute sur un « tragique incident » ou une « bête erreur de calcul » sans que personne n’ose se désigner. Il n’y avait officiellement pas eu de mort mais toute une zone avait été détruite. On supposait qu’il s’agissait d’une réaction chimique due à la surexposition du cœur et  de l’enfant. Le fait qu’il garde constamment sur lui le noyau n’avait pas non plus joué en la faveur de sa bonne santé. Pour autant, la véritable cause du coma du jeune enfant n’apparaissait sur aucun compte rendu et tout le monde restait silencieux à ce sujet. Au départ, on visitait la chambre de l’adolescent pour lui souhaiter un bon rétablissement, mais de nouveaux enjeux apparurent insidieusement. Lorsque certains comprirent que dans cet état, Eun-ha était toujours exploitable du moins une partie de son esprit vide d’émotion. De jeune héros, il devint soudainement un nouveau cobaye potentiel dont on s’arrachait la denrée dans le plus grand des secrets. Mais il entendait. Pas nécessairement ce qu’il se passait autour de lui. Dans cet état second où son subconscient prenait un absolu dessus, d’éphémères vérités se dévoilaient à lui et il apercevait de prime abord ce qu’il se passait dans les autres pièces du bâtiment ; les pleurs, les cris, la violence, mais aussi l’amour, puis il voyait le monde et ses nombreux états d’âmes. De nombreuses clés se matérialisaient dans son esprit sans pour autant déverrouiller les cadenas bien fermés de sa mémoire et chaque essai pour les tourner, d’un cran vers la droite, comme le voulait la coutume, se soldait par un poussiéreux échec où l’artefact ne devenait que grains arcaniques. Au fond de son être se libérait un vent qui déployait des ailes invisibles et provoquait une tempête intérieure qui modifiait le comportement de son cerveau. On ne se rendait compte des drastiques changements qui opéraient dans son corps. Il entendait les cris de son amie à travers les murs opaques de la prison dorée qui accueillait son corps depuis huit mois déjà. Chaque syllabe qu’elle prononçait agissait comme une pulsation dans son cœur et faisait parcourir le flot de ses forces dans ses veines physiques et psychiques.

- Il faut cesser tout de suite ! Vous allez le tuer ! Qu’importe les demandes du Leader Suprême ! S’il meurt, nous… vous perdrez tout !

Il la voyait s’approcher de son corps ; comme s’il était témoin de la propre scène de sa vie, et il la surprit, tandis que les sanglots déformaient son visage, lui arracher le noyau du corps. Sa conscience la suivait à travers les dédales, ne se souciant point des obstacles, jusqu’à l’entrepôt où son dernier souvenir s’arrêtait. Il la vit monter dans le véhicule et serrer le cœur contre son ventre. Il n’avait jusqu’alors jamais remarqué la sphère parfaite qui se dessinait sous sa blouse. Celle d’une nouvelle vie qui se développait dans l’ombre de la vie et qui attendait patiemment de percevoir sa première lumière.

Combien de fois les couleurs des saisons ont-elles changées, sans même que l'adolescent puisse s'en rendre compte ?

Il écarquilla les yeux, recroquevillé au fond de son lit, et sanglota, empoignant fermement le tissu propre des draps. Ses larmes, d’énergie pure, parcoururent ses jouent et brûlèrent sa peau, tandis que ses iris disparurent. De nombreux arcs d’énergie volatiles traversèrent les couloirs, accompagnés par un corps ivre de puissance séraphine. Des ailes poussiéreuses, fruits de plumes luminescentes mais éphémères comme les rayons dardant du soleil, s’écartaient à chaque pas, rayant le métal des murs et provoquant derrière elles un sillage macabre. L’adolescent cherchait désespérément son cœur énergétique, fruit d’une addiction jusqu’alors secrète, tandis que les rayons foudroyants abattaient sauvagement quiconque croisait son chemin, sans distinction sur leur passé ou leur influence. La symphonie trouvait aveuglément ses repères grâce aux nuées énergétiques provoquées par le noyaux qui l'appelait continuellement. Il traversa deux aires complètes dans cet état, jusqu’au laboratoire.

La porte se déverrouilla à son contact mais il ne tenait plus, son calvaire ayant engourdi chaque partie de son corps. Il tomba face à l’entrée, endormi, une main posée sur la première rampe de ce qui avait été sa maison et les dernières larmes de sa torpeur séchant à mi-parcours. Seul le noyau luisait d’une pâle couleur, tel un cœur s’apprêtant à rendre son dernier battement. Son amie avait disparue, et il ne pouvait pas supporter l’idée de vivre ainsi, toute ces bribes lui remontant dans la mémoire, ces hurlements de douleur, les cauchemars, ses mains pleines de sang. Il ne voulait plus jamais vivre ça.

La sphère contre son torse, Heart utilisa comme une sorte de rédemption, le serrait de toute ses forces ouvrant son cœur à l’artefact, afin qu’il emporte avec lui tous ses souvenirs dérisoires…Eun-ha..Épargne moi...


Eun-ha…
Eun-ha...
EUN-HA !
…
Contrôle moi.

Sur les branches, de nombreux bourgeons sont encore fermés, mais bien que les cerisiers n'aient pas encore fleuris, le printemps semble être arrivé beaucoup plus tôt que l'annonce du calendrier.

Quel était son prénom, déjà ? Eun-ha ne se souvenait pas l’avoir déjà entendu ne serait-ce qu’une seule fois...

Ses pas légers raisonnaient dans l'un des innombrables couloirs qui striaient les archives de la république populaire démocratique de Corée, puissant symbole du pouvoir et de la tradition Nord-Coréenne. Hwang Sun-hee sur ses talons, évoluait sur son chemin, songeuse, une pile plutôt conséquente de lourds ouvrages dans ses bras. Elle ne prêtait guère attention aux badauds qui la dévisageaient, étonnés de voir une si frêle créature s'infliger une telle charge et se contenta de décliner poliment toute tentative de proposition d'aide. Pour elle, le savoir n'était jamais un fardeau. Elle aurait bien entendu pu commander l'un de ses assistants pour rapporter tous ces volumes aux archives à sa place, la déchargeant ainsi d'une tâche de plus parmi la multitude qui était attendu d'elle... Mais elle avait succombé à l'appel du lieu, et son cœur s'était resserré rien qu'à l'idée de retrouver ce bastion de la connaissance. Plus que ça, il s'agit d'un lieu paisible, loin de l'agitation des laboratoires et des diverses réclamations qui ne cessaient de pleuvoir sur les scientifiques. Cette abondance d'informations la noyait parfois sous les pressions de la prise de décision. En une signature, elle ordonnait à des vies de changer. En un signe de tête, elle donnait son autorisation à la création de nouvelles expériences.

Elle avait du mal, parfois, à se retrouver seule avec elle-même. Peut être était-ce ce qu'elle désirait, également. Tant crouler sous le travail pour ne plus avoir le temps de songer à autre chose qu'au bonheur du pays qu'elle servait. De son pays. Peut-être prendre un peu de distance lui ferait-il du bien. Le sort en avait de toute façon décidé pour elle-même, lorsqu'il avait été conclu qu'elle continue de mener ses expériences sur Eun-ha . Ou alors était-ce pour cette raison précise qu'elle évitait de trop laisser ses pensées vagabonder ? Eun-ha n'était plus un simple sujet d'expérience et lui faire du mal l'angoissait profondément. Elle prit une grande inspiration, et, lorsqu'elle se rendit compte que son pas avait ralenti en suivant le fil de ses pensées, repris sa marche avec un enthousiasme quelque peu forcé.

Ses pas l’arrêtèrent finalement au seuil de la destination tant attendue. Hwang Sun-hee prit un instant pour savourer l'odeur des livres anciens et la vision des grains de poussières qui voltigeaient dans les ondes de lumière qui berçaient la pièce où se trouve en son centre l'adolescent qui, allongés sur le sol des archives, les recueils disposés autour de lui formant une silhouette d'ange semblait endormis.

Il ne l'était pas vraiment. Eun-ha subissait tout simplement l’effet de l’apprentissage en observant sous un regard nouveau le monde qui l’entourait. Il comprenait maintenant tellement de choses qu’il ne pouvait comprendre avant par son innocence, tout simplement son manque de savoir, des idées que l’on apprenait pas traditionnellement dans les cursus Coréen. Il affichait un certain sourire innocent sur son minois, un sourire qui souvent variait vers un visage plus détendu, comme si le monde autour de lui n’existait plus et qu’il flottait sur un doux océan le portant tant bien que mal vers une certaine félicité. Il abandonnait en plus de la notion du temps, celle de fatigue, de faim et toutes ces choses superflus pour devenir un simple lecteur des nombreuses aventures et du monde dans lequel les écrivains évoluaient.

En effet, être un simple spectateur pouvait être reposant, tendis que les intrigues avançaient sans avoir besoin du moindre sacrifice et que les lignes s’écrivaient sous ses yeux sans le moindre effort. C’était donc ça la vie facile se demandait l’adolescent, comprenant maintenant qu’il n’avait jamais vécu une journée normal comme avaient pus le faire ces personnages pourtant extraordinaires racontant leurs recueils.

Il avait aussi compris en lisant toutes ces ouvrages, que la vie n’était pas un don facile pour certaines personnes, souffrant pour un futur qu’il ne toucherait sans doute jamais du bout du doigt. Certains par leurs acharnements dans les sciences, d’autres pour leurs renommés puis enfin ceux qui touchait le plus le jeune homme qui se sentait concernés par leurs histoires, ceux qui ont souffert et combattu pour une paix qu’ils ne verront pourtant jamais. Ils partageaient le même but que l'étendard du Juche, sacrifiant tous énormément peut importe leurs nations d’origine dans un même objectif qui pourtant n’est jamais arriver.  

Certains, seraient découragés par ces découvertes, pourtant Eun-ha, au contraire semblait avoir repris une certaine ambition envers ses choix de vie, ceux d’un monde meilleur. En effet, l’adolescent ne voulait pas perdre la face simplement face à un funeste destin, car comme un caillou que l’on lance dans l’eau ce dernier après quelques rebonds vas finir son chemin au fond de l’océan, paraissant ainsi comme un simple échec. Pourtant, il suffit d’y mettre cents pierres afin que la dernière émerge et impacte le monde qui l’entoure, devenant les fondations d’un mouvement plus puissant.

S’il ne devait qu’être qu’une pierre au fond de l’eau, cela ne changerait rien à la voie qu’il avait choisi !

Néanmoins, le cœur de l’adolescent semblait tout de même être meurtris, sans même qu’il veuille se l’avouer en y faisant face, il pouvait se mentir à lui-même. Hélas, pour lui son corps lui était plus sincère laissant paraître une larme perlant le long de son visage, qui se crispais légèrement, alors que la perle dans un doux claquement s’écrasait sur le sol.

Il fut rapidement surpris par la présence d'Hwang Sun-hee, il n'était très attentifs tendis qu’il était perdu dans ses pensées oubliant tout simplement l’existence de tout un monde autour de lui.

Tant bien que mal le jeune homme répondit à la présence sans même relever la tête du sol lui servant d’écrin.

─ Après avoir lu tous ces ouvrages… Je n’ai plus besoin de voir les choses pour pouvoir ressentir leurs existences, mon cœur décrit l’odeur des fleurs lorsque je les imagines , mon regard même sous un plafond me permet maintenant de voir le ciel, qui brille toujours sans perdre de ses couleurs et puis…

Il revenait lentement vers le monde qu’il souhaitait fuir par ses lectures, oubliant le destin qu’il avait lui-même choisis et qu’il ne souhaitait plus abandonnés de peur d’être un lâche, le monde lui avait offert un destin exceptionnel et il souhaitait le mettre au service des plus démunis.

Mais à quel prix ?  

L’adolescent sentait une douce chaleur l’envahir, pourtant étrangement la douleur dans son cœur ne souhaitait pas disparaitre, dévorant petit à petit ce dernier qui fermait son visage un maximum dans le but de retenir ce chagrin qui l’envahissait. Il ne savait pas comment il y arriverait, mais une certaine sagesse gagnait l’adolescent qui luttait encore, cela ne servait à rien de faire l’utilisation de la force contre ses sentiments, il devait simplement laisser les choses se faire, la douceur étant la clé.

Détendent lentement son visage, le jeune homme se sentait plus apaisés, la chaleur ambiante chassait les sentiments dérisoires qui parcourait son esprit afin de lui offrir une vision plus claire des choses.

─ Maintenant, je peux savoir que votre voix résonne comme le carillon de l’aurore, emportant tous mes maux avec douceur sous l’effet d’une légère et agréable brise effleurant ma peau.

Hwang Sun hee resta un instant stupéfaite de la réponse de son protégé, bordé de sagesse. Une réponse qu'elle n'attendait pas de la bouche d'un être aussi jeune. Il semblait être perdu dans une mélancolie triste, si triste qu'elle lui en serra le cœur sans qu'elle n'en sache trop pourquoi. Était-ce l'humidité qui faisait briller les yeux de l'adolescent ? Elle n'émit aucun commentaire, bien trop polie et respectueuse pour lui faire remarquer son chagrin évident. Elle se contenta de saisir l'un de ses ouvrages, connaissant sans y penser sa place dans la grande pièce, comme celle de la plupart des livres présents, témoignant d'une infinité de temps curieux passé à dévorer ces savoirs. Ce fut avec un timbre si doux que la femme se retourna, que la voix de son interlocuteur raisonna encore une fois dans la pièce. Un compliment, et un remerciement qu'elle devinait ne pas être seulement du à son commentaire avenant. Hwang Sun Hee sentit ses joues devenir légèrement rouges. Elle resta silencieuse quelques instants, songeuse, reprenant sa chorégraphie tant de fois répétée entre les rayons de la réserve.

Alors, la scientifique se contenta de s’asseoir à son tour sur le sol, approchant avec elle sa chaleur diffuse et rassurante.  le regard toujours rivé sur la silhouette de l'adolescent.

─ Même si les livres nous offrent le trésor du savoir, la lumière des étoiles ne sera jamais aussi belle que lorsqu'elle sera observée réellement

commença la jeune femme

─ Certaines fois, l'expérience est bien plus parlante que toutes les informations que tu receuillra.

En écoutant ces paroles, l'adolescent affichait tout de même un certain sourire, un sourire qui n’était pas qu’une simple grimace afin de ne pas perdre la face à son interlocutrice, mais bien un réel ressenti qu’il souhaitait lui faire parvenir. La cambrure de ses lèvres faisant paraître un doux et sincère, merci comme si simplement par sa présence les maux le hantent s’étaient dissipés. Lentement, il se relevait légèrement s’asseyant sur le sol afin de finalement faire face à sa rédemption, se dévoilant ainsi totalement, tout en affichant un doux sourire alors que ses joues,  étaient encore légèrement humides.
 
Tout en reprenant d’une douce voix, expiés des sanglots salvateurs d’un profond chagrin.

─ Vous avez raison, la lumière des étoiles est sans doute plus belle lorsqu’on l’aperçoit directement.

Il sentait son cœur lourd, pourtant sans le moindre effort avait réussi à se remettre sur ses deux jambes dans un mouvement gracieux, avant de faire face à nouveau à son interlocutrice puis dans un mouvement léger presque aérien le garçon prit délicatement la douce main de la scientifique sans lui dire un mot. Eun-ha semblait serein et ne souhaitait pas que ce moment se termine, n’osant dire le moindre mot, l’adolescent invitait par son sourire et son regard d’un cyan profond la jeune femme à le suivre. Lorsqu'il se retourna il fut surpris de ressentir une certaine pression sur sa main ayant pour effet de le faire légèrement rougir alors qu’il perdait un peu ses moyens, mais il ne devait pas perdre son objectif de vus.

Il continuait à poursuivre son ascension dans le silence assourdissant de la nuit, accélérant un peu plus faisant de son mieux afin de préserver ce moment de peur de tout faire disparaître dans un fracas. Le cœur de l’adolescent battait au rythme de sa progression dans la structure, alors qu'en écho aux battements allait de plus en plus rapidement. Il souhaitait au plus vite parvenir au plus vite à ses idées afin que ce moment ne perde pas de son éclat, cela était sans doute enfantin comme façon d’agir, mais ils en avaient réellement besoin. Arrivant finalement à l’extérieur faisant face au ciel infini, Eun-ha stoppait tout mouvement afin de regarder les étoiles comme un enfant pourrait le faire. Un regard bien rond confortés par les millions d’étoiles à la lumière éclatante se reflétant dans ses yeux, cela était un spectacle magnifique et prenant pourtant le garçon s’arrachait à cette toile afin de déposer son regard sur la jeune femme.

L’adolescent lentement fermait les yeux, alors que l'air frais de la nuit lui offrait à nouveau son soutient après une longue période d’absence étant enfermés dans les catacombes qui servait d’archives à la RPDC. Lentement, Heart réduisait l’espace se trouvant entre la scientifique et lui, alors que ce Eun-ha tenait toujours sa douce main au creux de la sienne. Ayant toujours les paupières refermées sur le miroir de son âme et de ses attentions, l’adolescent d’un mouvement refermait son étreinte sur sa protectrice. Le temps depuis leur rencontre semblait une notion abstraite, mais ce moment paraissait être si court.

Étrangement, même si ce moment était apaisant, le cœur du jeune garçon semblait souffrir de fortes percussions durant ce moment qu’il souhaitait préserver hors du temps afin de pouvoir le vivre éternellement. Hélas la puissance du temps défilant ne connaît aucune résistance, ni aucune pitié.
Ouvrant les yeux à nouveau sur ce monde, le couple pouvaient apprécier le ballet de millions d'étoiles s'organisant dans les cieux.

Après un certain temps l’adolescent reprit la parole d’une voix douce, gardant le même sourire sur le visage alors que les étoiles éclatantes se reflétaient sur ses yeux.

─ Mon cœur, comme un vers de terre, lentement s’enfonçait dans le désespoir d’un monde sombre. Souriant avec un effort, cachant la vérité comme si j’étais heureux, croyant à un espoir qui était parant avec la déception ne souhaitant pas voir la beauté du monde. Vivant simplement dans un monde sombre, dans le chagrin, un vocable creux inventé par les gens qui ne regardent jamais les étoiles et l’espoir qu’elles dégagent.

Il marquait une courte pause, afin de reprendre quelques secondes plus tard.

─ Mais en observant les étoiles, on se rends facilement compte que peu importe la noirceur et l’épaisseur de la douleur, il existera toujours une lumière quelque part afin de nous guider, nous montrant ainsi qu’il ne sert à rien de perdre espoir et il faut tout simplement saisir cette lumière peu importe son origine.

Lentement, Eun-ha se tournait dans la direction d'Hwang Sun-hee puis repris dans un léger murmure plus intimiste.

─ Et ce soir, tu incarnes la lumière réchauffant mon cœur d’argent assaillis par ces sentiments dérisoires et douloureux, tu es ma rédemption.

Légèrement gêné l’adolescent reprit quelques secondes après.

─ Tu es mon étoile

« Les destins nous conduisent ; le rôle de chacun est fixé dès la première heure de sa naissance. Il fait souvent sortir un grand désastre d'une petite cause, tout comme il peut créer la plus belle des bénédictions d'un simple être. Bonne ou Malchance, Eun-ha, le destin semble t'offrir de l'encre sans réserve. »

Lorsque Eun-ha était encore un enfant, ce dernier repensait souvent à ces mots de la grande dame. Qui au travers les nuits lui offraient un certain réconfort ainsi qu'une source pour son imagination sans limite, toutes ces paroles semblaient bien troubles pour le jeune garçon. Les notions de destin ou bien même de ces histoires héroïques lui échappait totalement surtout concernant le jeune enfant qu'il incarnait, il avait beau avoir une certaine prestance ce dernier n'arrivait pas à voir en lui un héros. Même s'il s'amusait parfois loin des regards indiscret à en rêver, une histoire dont il serait le personnage principal, plus qu'un simple spectateur devant le rideau qu'étais sa vie, mais bien le rôle clé, un véritable acteur. L'enfant souhaitait faire le tour des grandes régions du globe en parcourant le moindre recoins et y vivre des aventures, avoir des amis, un travail et peut être un jour un amour qu'il ne saurait contrôler contrairement à ce qu'on lui demandait au camp de regroupement tout cela afin de simplement voir de ses propres yeux ce qu'il avait pus lire dans les livres.

Et ainsi devant ces images purs produit de son imagination, l'enfant fermait ses yeux, le sourire aux lèvres afin de poursuivre ces dernières dans le monde des rêves.

Eun-ha…
Eun-ha…
Eun-ha !
…
Envole toi.

Les saisons avait passé et les paysages ont défilés forgeant les yeux maintenant mature de celui qui incarnait l'enfant rêveur, le destin jouait des tours, mais pourtant ce dernier lui semblait bien clément. Le rêve de l'enfant, rejoignait maintenant la réalité des choses, ouvrant le rideau sur un nouveau chapitre.

Eun-ha n'avait pas vraiment des idées précises concernant l'apparition des alters, en effet il ne pensait que cet étrange phénomène était aussi commun au travers le globe, car les cas en Corée du Nord étaient bien plus rares voir minime que dans le reste du monde. Il n'était pas dupe bien au contraire, il savait pertinemment que beaucoup d'entre eux ont souhaités cacher l'apparition de ces dons surnaturels afin de ne pas finir dans l'enfer des camps de regroupement.

Lors de son périple en Corée du Sud, il eut l'occasion de mettre la main sur un article concernant les alters au travers le monde. En étudiant cette revue avec attention, Eun-ha eut ainsi une nouvelle occasion de comprendre comment le monde fonctionnait autour de cette apparition qui était bien une anomalie physique et non une malédiction spirituelle.

Il ne pouvait s'empêcher de sourire en observant la situation dans certains endroits, peu importe les changements opérant dans le monde, que l'on considère que cela soit un miracle ou non, les mentalités ne changeraient jamais. Les nations étaient pour la plupart propres à leurs conduites de bases, la Corée du Sud l'utilisant comme une nouvelle armée par peur des représailles du Nord, la Chine et la Russie obéissant toujours à leurs devises communistes.

La lecture de cette revue avait cependant offert un nouveau but au jeune homme. Il était maintenant bien décidé à rejoindre le Japon, une terre correspondant parfaitement à sa façon de voir les choses concernant ces dons inouïes.

Selon Eun-ha la notion de crime est désuet, au travers le monde certaines choses pouvant être des crimes n'en seront pas dans d'autres cultures. En effet, un gouvernement peut établir certaines actions comme étant crime afin de maintenir un pouvoir en place, ou défendre d'autres intérêts aussi fugaces que ces rêves de domination. C'est bien pour cela qu'il obéit à un code de conduite lui étant propres, comprenant certaines fois des actions que l'on qualifie de crime comme un mal nécessaire.

Ainsi, ce dernier semble pardonner le vole, dans certaines conditions précises. Quiconque s'abaisse au vole afin de subsister et de se nourrir, selon lui ne mérite pas d'être punis. Bien au contraire, le jeune homme interprète cela comme un véritable appel à l'aide et souhaite tendre la main en direction de ces personnes dans le besoin, ces gens que souvent les héros oublient.

C'est une intention louable concernant le restaurateur, mais certaines lignes de ce code de conduite semblent bien plus tabou, des choses dont on ne parle pas ouvertement. L'ancien combattant Nord-Coréen émet certaines réserves envers les criminels coupables de vengeance, lorsqu'un humain est capable de perdre son humanité, son âme et dans certains cas sa liberté pour soulager sa rancœur, nous devons lui accorder le pardon et lui offrir une porte vers une rédemption plus vertueuse. Les gens ne devraient jamais vivre dans la douleur et être punis pour avoir essayé de rétablir la sérénité dans son cœur, ce n'est peut-être pas la bonne méthode, mais dans certains cas elle est nécessaire.

Cependant, Eun-ha ferait de son mieux pour subvenir aux besoins de ses compères, il ne possède peut-être pas d'alter, mais il sent que c'est sa responsabilité d'agir pour le bien de la communauté.

Essayait t-il de se rassurer par ses convictions ? Nul le savait, pourtant ses mains sentaient toujours étrangement le sang.

Un simple article avait offert au jeune homme une nouvelle destination d'aventure, une nouvelle chance de découvrir le monde et cela de manière agréable et intentionnel. En effet, après avoir fait la lecture d'un magasine parlant sur les alters autour du monde, Eun-ha eut une irrésistible envie de rejoindre ce pays si proche, mais si loin culturellement de tout ce qu'il connaissait.

Le Japon.

Quittant tout ce qu'il avait pus établir en Corée du Sud durant ses premières années de captivités, le jeune garçon avait finalement décidé de rejoindre ce qu'il pensait comme être la terre de ses prochaines aventures fermant ainsi derrière lui la porte à des années de cauchemars sans même s'en rendre compte.

Du moins c'est ce qu'il croyait, jusqu'au détour d'une rue dans la banlieue de Fuchu, où il allait vivre un véritable cauchemar, en poussant la porte de ce restaurant à Croque Poulet appartenant à ce qui sera sa future famille d'adoption.

Un véritable cauchemar en cuisine.